A.E.L.E.
A.E.L.E. (Association européenne de libre-échange)
C’est avec une certaine appréhension que la Grande-Bretagne assiste à l’élaboration (1955-1956) et à la signature (1957) des traités de Rome. Comme vis-à-vis de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, elle observe au départ une attitude réservée. Les «pères» de la Communauté économique européenne ne font pas mystère du but final: une union politique. Une fois les dangers politiques et économiques reconnus, le ton britannique monte: les Six sont accusés d’organiser un nouveau Blocus continental, de creuser un nouveau fossé en Europe. Ces arguments étant peu crédibles — aux États-Unis notamment —, la Grande-Bretagne propose la formation d’une zone de libre-échange englobant tous les pays de l’Europe libre. Des négociations sont ouvertes sur ce thème au sein d’un comité Maudling, mais elles n’aboutissent pas; sans désemparer, Londres met en chantier une association plus restreinte de libre-échange par l’intermédiaire de la Suède. Le 20 novembre 1959, les ministres de l’Autriche, du Danemark, de la Norvège, du Portugal, de la Suède, de la Suisse et du Royaume-Uni paraphent à Stockholm une convention instituant l’Association européenne de libre-échange (A.E.L.E.). Les sept pays du groupe de Stockholm espèrent fermement que l’A.E.L.E. sera le prélude à l’association de tous les pays européens.
L’A.E.L.E. n’est pas une zone économiquement organisée: aucun plan de production, aucune harmonisation de la production ne sont prévus. Contrairement à la C.E.E., aucune politique agricole commune n’est envisagée, l’objectif de l’association étant «de faciliter une expansion des échanges qui assure une réciprocité raisonnable aux États membres dont l’économie dépend dans une large mesure de l’exportation des produits agricoles». Des accords sur l’agriculture pourront être pris entre des États membres, qui seront tenus d’en informer le Conseil. L’A.E.L.E. est donc un simple champ de concurrence internationale, au sein duquel des règles sont prévues pour éviter que soit faussée cette concurrence. Une structure extrêmement simple suffit à l’A.E.L.E.: un conseil composé de représentants des États membres statue à l’unanimité; il est assisté de comités et peut avoir un rôle de médiation lorsqu’un pays membre estime ne pas recevoir tout le bénéfice qu’il est en droit d’attendre de l’association.
Trois pays vont rejoindre l’A.E.L.E.: en 1960, la principauté de Liechtenstein, qui formait une union douanière avec la Suisse, signe un protocole qui la fait entrer dans la zone de libre-échange; en 1961, la Finlande s’associe à l’A.E.L.E. sans y adhérer, un conseil mixte étant créé pour examiner les problèmes particuliers posés par les relations entre la Finlande et l’A.E.L.E.; en 1969, le conseil de l’A.E.L.E. accepte la demande d’adhésion de l’Islande, qui ratifiera son entrée en 1970. Mais le relatif succès de l’A.E.L.E. ne suffit pas à masquer l’évidente attirance qu’exerce la C.E.E. sur l’État membre le plus important: le Royaume-Uni. Après l’échec de la première candidature anglaise à l’adhésion à la C.E.E., le principe de jeter un pont entre les deux associations est accepté, malgré les réserves des Nordiques. La Grande-Bretagne et le Danemark ont quitté l’A.E.L.E. le 1er janvier 1973 pour rejoindre la C.E.E., suivis, en 1986, du Portugal. En 1995, l’adhésion à l’Union européenne de l’Autriche, de la Finlande et de la Suède consacre l’échec de l’A.E.L.E. en tant que modèle d’organisation européenne.
A.E.L.é.
Sigle de Association européenne de libre-échange. (V. Europe.)
Encyclopédie Universelle. 2012.