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MURRI (R.)
MURRI (R.)

MURRI ROMOLO (1870-1944)

L’un des fondateurs de la Démocratie chrétienne italienne. Originaire des Marches, prêtre en 1892, licencié ès lettres de l’université de Rome, où il subit l’influence de Labriola, Murri refusa un poste à la curie romaine, préférant la vie active parmi les jeunes universitaires. Il fut dès lors l’entraîneur exceptionnel de tout un mouvement d’idées sociales et de culture religieuse, dont l’organe fut la revue Cultura sociale (1898-1906). Entré en conflit avec les dirigeants plus âgés de l’Action catholique, c’est du vivant même de Léon XIII qu’il connut ses premières difficultés. En 1905, il fonda la Ligue démocratique nationale, aconfessionnelle et autonome par rapport à la hiérarchie catholique. Directement visé par l’encyclique Pieni l’animo (1906), il fut déclaré suspens en 1907 et excommunié nominativement en mars 1909, alors qu’il venait d’être élu député. Isolé, battu aux élections suivantes, il se maria en 1912 et se consacra au journalisme. Il mourut réconcilié avec l’Église, Pie XII n’ayant exigé de lui aucun désaveu de ses positions sociales et politiques passées.

Dans le climat du pontificat de Pie X, Murri a symbolisé le «modernisme politique», fort éloigné du modernisme savant condamné par l’encyclique Pascendi . Il ne touchait pas au dogme, mais gravement, parut-il, à l’institution.

Il heurtait de front les directions pontificales en matière de stratégie politique et sociale, en un temps où le mouvement catholique se trouvait en pleine mutation. Ce fut pour lui une tragédie intérieure et pour beaucoup une crise de conscience. En fait, il ne représentait qu’un des courants de la démocratie chrétienne: ce sont les autres courants et non le sien qui constituèrent en 1919 le Parti populaire italien (P.P.I.). Dans son désir de rassemblement, la Démocratie chrétienne (D.C.), née de la Libération, sut au contraire le reconnaître pour un des siens et célébra solennellement son centenaire.

Encyclopédie Universelle. 2012.