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PÉROU - Actualité (1990-1996)
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République du Pérou

Politique intérieure

Le 10 juin 1990, Alberto Fujimori est élu président de la République. D’origine japonaise, candidat du mouvement indépendant Cambio 90, il remporte le second tour de l’élection présidentielle avec 62,5 p. 100 des suffrages, contre 37,5 p. 100 à Mario Vargas Llosa, candidat libéral du Front démocratique, coalition des partis de droite. Alberto Fujimori talonnait Mario Vargas Llosa, grand favori du scrutin, au premier tour (8 avr.). Il succède officiellement au président Alan García le 24 juillet.

Le 8 février 1991, une épidémie de choléra s’étendant rapidement, l’état d’urgence sanitaire est instauré sur une grande partie du territoire.

Le 5 avril 1992, coup de force du président Alberto Fujimori. Il dissout illégalement le Parlement, opposé à la politique de réformes, annonce la réorganisation du pouvoir judiciaire, considéré comme corrompu à l’égard des trafiquants de drogue et laxiste à l’égard des terroristes, et suspend les garanties constitutionnelles. Plusieurs opposants sont arrêtés et la presse est soumise à la censure.

Le 12 septembre, Abimaël Guzman, fondateur du Sentier lumineux, le mouvement de guérilla maoïste, est arrêté. Créé en 1970, fort de 15 000 combattants, le Sentier lumineux est tenu pour responsable de la mort de 25 000 personnes, pour la plupart des paysans refusant de se rallier à lui. Un tribunal militaire le condamne à la détention à perpétuité le 7 octobre.

Le 13 novembre, une tentative de coup d’État militaire échoue. Le 22, élection de l’Assemblée constituante. La liste appuyée par le président Fujimori remporte 37 p. 100 des suffrages, lui assurant la majorité des sièges.

Le 31 octobre 1993, la révision de la Constitution proposée par Alberto Fujimori est adoptée par référendum avec moins de 55 p. 100 des voix. Élaborée par l’Assemblée constituante, elle permet au président sortant de se représenter pour un nouveau mandat. Le résultat du scrutin ne constitue qu’une demi-victoire pour le président, qui comptait en faire un plébiscite après le succès de sa politique économique et de sa lutte contre le Sentier lumineux, avec l’aide d’Abimaël Guzman, rallié au pouvoir.

En avril 1994, l’armée lance une grande opération contre la guérilla dans le nord-est du pays.

Le 9 avril 1995, le président Alberto Fujimori est réélu à la tête de l’État, dès le premier tour, avec 64,42 p. 100 des suffrages. Son principal adversaire, l’ancien secrétaire général de l’O.N.U., Javier Pérez de Cuéllar, qui faisait campagne en faveur d’une «démocratie pleine et entière», ne recueille que 21,81 p. 100 des voix. Le parti présidentiel, Cambio 90, conserve la majorité absolue au Parlement, avec 67 députés sur 120. L’Union pour le Pérou, la formation de Javier Pérez de Cuéllar, obtient 17 élus. Les partis traditionnels régressent: l’Action populaire n’obtient que 4 sièges, l’Alliance populaire révolutinnaire américaine 8 et la Gauche unie 2.

Le 28 avril, le Parlement approuve la mise en accusation d’Alan García, président de 1985 à 1990, pour corruption et enrichissement personnel. Alan García vit en exil en Colombie.

Le 14 juin, le Parlement adopte le projet de loi de «réconciliation nationale» qui prévoit l’amnistie des crimes commis par les forces de l’ordre dans le cadre de la lutte contre la guérilla depuis 1980, excepté ceux qui sont liés au trafic de drogue. Sont également amnistiés les auteurs de la tentative de coup d’État militaire contre le président Fujimori, en novembre 1992.

Le 17 décembre 1996, un commando du mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (M.R.T.A.), d’obédience guévariste, investit l’ambassade du Japon lors d’une réception réunissant 600 personnes. Les rebelles exigent l’abandon de la politique néo-libérale du gouvernement «appuyé par le Japon» – le président Fujimori est d’origine japonaise –, la libération des combattants du M.R.T.A. emprisonnés, dont le dirigeant du mouvement Victor Polay Campos, et le versement d’un «impôt révolutionnaire». L’épreuve de force s’engage entre les rebelles et les autorités, décidées à ne pas céder. À la fin de l’année, les guérilleros détiennent encore environ 80 personnes en otages.

Vie économique

Le 8 août 1990, le Premier ministre Juan Carlos Hurtado Miller présente un programme économique draconien, destiné à enrayer une hyperinflation de 2 000 p. 100 par an. Celui-ci s’aligne sur les recommandations du F.M.I. Des émeutes faisant plusieurs morts éclatent le 9 dans les quartiers pauvres de la capitale et des principales villes de province, contre les hausses considérables de prix annoncées la veille. L’ordre est rétabli par l’armée.

En 1993, le programme d’austérité mis en place depuis l’accession d’Alberto Fujimori à la présidence finit par porter ses fruits. Le F.M.I. octroie en mars un prêt qui permet au Pérou de rééchelonner sa dette.

En 1994, le Pérou continue à enregistrer la plus forte croissance des pays d’Amérique latine. Le programme de privatisation se poursuit. Les autorités encouragent le développement du secteur minier, en favorisant notamment les investissements étrangers. Le Pérou obtient divers rééchelonnements et allègements de sa dette publique.

En 1995, la poursuite des réformes économiques et des privatisations ainsi que la lutte contre la pauvreté constituent les priorités affichées du président Fujimori. Le gouvernement doit adopter des mesures d’austérité budgétaire afin de prévenir la surchauffe qui menace l’économie. En octobre, le Pérou normalise ses relations avec le système financier international en négociant, dans le cadre du plan Brady, le rééchelonnement de 10 milliards de dollars de dettes auprès des banques commerciales qui étaient impayées depuis 1984.

En 1996, l’économie péruvienne affiche une santé relativement bonne. La croissance reprend. Les exportations minières augmentent, mais la baisse des cours ainsi que l’augmentation des importations contribuent à creuser le déficit commercial. Les réformes structurelles menées sous l’égide des organisations financières internationales se poursuivent, avec la privatisation des secteurs de la sidérurgie, du pétrole et de l’électricité. Enfin, les autorités obtiennent le rééchelonnement sur 25 ans de 32 milliards de dollars de dettes, notamment avec le Club de Paris. En mai, le Pérou signe avec les groupes Shell et Mobil un important contrat d’exploitation du gisement de gaz de Camisea. Mais les bons résultats de l’économie n’ont aucune conséquence sur le niveau de vie très bas de la majorité de la population.

Relations internationales

En juillet 1993, le Pérou participe au troisième sommet des pays ibéro-américains.

Le 26 janvier 1995, des incidents opposent les armées péruvienne et équatorienne dans la zone frontalière de la cordillère du Condor que les 2 pays se disputent depuis janvier 1941. À cette date, le Pérou avait envahi une grande partie de l’Équateur. Le protocole signé en janvier 1942 à Rio de Janeiro sous l’égide des États-Unis, du Brésil, de l’Argentine et du Chili avait entériné la plupart des conquêtes péruviennes sans délimiter précisément la frontière dans la cordillère du Condor. Ce conflit resurgit régulièrement.

Le 13 février, le Pérou annonce sa victoire militaire et proclame un cessez-le-feu unilatéral. L’Équateur s’engage à arrêter les combats tout en contestant la victoire péruvienne. Le 17, les belligérants signent un accord de paix qui n’est pas respecté. Des combats sporadiques se produisent encore jusqu’à la fin du mois.

Le 28 février, les ministres des Affaires étrangères des 2 pays signent, à Montevideo (Uruguay), un accord de cessez-le-feu sous l’égide des 4 pays garants du protocole de Rio.

Encyclopédie Universelle. 2012.