THÉRIAQUE
THÉRIAQUE
Ancien remède, la thériaque doit son nom à sa propriété de combattre les effets des morsures de bêtes sauvages (thériaké , de thèr , bête sauvage); son utilisation débuta au Ier siècle. On prétend qu’inventée par Mithridate, elle fut vulgarisée par Andromaque, médecin de Néron. Galien en donna une formule qui subit ultérieurement bien des changements, mais le remède comprit toujours de la chair de vipère et les extraits d’une soixantaine de plantes, préparés en «électuaire polypharmaque». Cette préparation de la thériaque était une véritable cérémonie publique, d’abord réservée aux pharmaciens de la république de Venise, puis, à partir du XVIe siècle, aux collèges de pharmaciens de Lyon et de Paris, opérant sous surveillance rigoureuse et en présence des notables de la ville.
Ce remède type, appelé triacle au Moyen Âge, rétabli dans son nom de thériaque à la Renaissance (dans la traduction de Dioscoride en 1559), fut souvent l’objet d’indications variées. Avant de disparaître à la fin du XIXe siècle, la thériaque était connue comme un stomachique.
thériaque [ terjak ] n. f.
• 1478; tiriaque XIIe; lat. méd. theriace; gr. thêriakê, de thêrion « bête sauvage »; a. fr. triacle
♦ Méd. Anc. Électuaire contenant de nombreux principes actifs (dont l'opium), qui était employé contre la morsure des serpents. « Ma langue est une vipère qui porte le venin et la thériaque tout ensemble » (Cyrano).
● thériaque nom féminin (latin theriaca, du grec thêriakê) Médicament utilisé autrefois par voie buccale et en applications cutanées comme antidote des poisons les plus divers (morsures venimeuses).
⇒THÉRIAQUE, subst. fém.
PHARMACOL. Préparation connue depuis l'Antiquité, contenant plus de cinquante composants appartenant aux trois règnes de la nature (parmi lesquels une dose assez forte d'opium) et ayant des vertus toniques et efficaces contre les venins, les poisons et certaines douleurs. Synon. vx mithridate. Le peuple et les gens de campagne, qui n'ont égard qu'à l'éruption, ont recours aux remèdes échauffans; le vin, la canelle, la thériaque sont les moyens qu'ils mettent en usage (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 64). Comme l'opium paraissait miraculeux quand l'étrange et infecte thériaque, assaisonnée de crânes de vipères séchés, ou l'orviétan, stupéfiait le Moyen Âge! (R. SCHWARTZ, Nouv. remèdes et mal act., 1965, p. 12).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: theriaque, dep. 1740: thé-. Étymol. et Hist. 1176-81 tirïasque « électuaire opiacé qui était employé contre la morsure des serpents » (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 1475); ca 1256 triacle (ALDEBRANDIN DE SIENNE, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 153, l. 16); 1460 tiriacle (A. N. JJ 189, pièce 476; Duc., Thiriaca ds GDF. Compl.); 1553 theriaque (P. BELON, Observations, II, 91 ds R. Philol. fr. t. 43, p. 204). Empr. au lat. méd. theriaca « même sens », gr. fém. subst. de l'adj. « qui concerne les bêtes sauvages, bon contre les morsures des bêtes sauvages », dér. de « bête féroce ou sauvage ».
DÉR. Thériacal, -ale, -aux, adj., vx., méd., pharmacol. a) Qui contient de la thériaque. Eau thériacale. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Qui a les propriétés de la thériaque (Dict. XIXe et XXe s.). — [], plur. masc. [-o]. Ac. 1694, 1718: theriacal, dep. 1740: thé-. — 1res attest. a) ca 1426 vertu tiriacale « qui a les propriétés de la thériaque » (OL. DE LA HAYE, Poeme de la grant peste, 2650 ds GDF. Compl.), 1559 medecines theriacales (DIOSCORIDE, trad. M. Mathée, 263a ds H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p. 172), b) 1830 « qui contient de la thériaque » (Encyclop. méthod. Méd. t. 13); de thériaque, suff. -al.
BBG. — GALL. 1955, p. 205.
thériaque [teʀjak] n. f.
ÉTYM. 1553; tiriaque, v. 1175; lat. médical theriace, grec thêriakê, de thêrion « bête sauvage »; anc. franç. triacle.
❖
♦ Méd. Anciennt. Électuaire opiacé qui était employé contre la morsure des serpents. ⇒ Mithridate.
0 (…) Ma langue est une vipère qui porte le venin et la thériaque tout ensemble (…)
Cyrano de Bergerac, le Pédant joué, V, 5.
❖
DÉR. Thériacal.
Encyclopédie Universelle. 2012.