COMPAGNIE DE SUEZ
COMPAGNIE DE SUEZ
Autre grande compagnie financière avec Paribas, Suez apparaît comme l’un des premiers groupes financiers européens. Nationalisé en 1982, il a été privatisé en novembre 1987, après l’agitation qui suivit le «krach» boursier du 19 octobre de cette année-là. Son origine remonte à 1858, lorsque Ferdinand de Lesseps créait la Compagnie universelle du canal maritime de Suez et entreprenait les travaux qui allaient permettre de relier la mer Méditerranée à la mer Rouge, de Port-Saïd à Suez. En 1956 intervint la nationalisation du canal par Gamal Abdel Nasser. La Compagnie devient (en 1958) la Compagnie financière de Suez qui, depuis lors, a développé ses activités pour constituer un groupe financier de premier plan. Celui-ci représente l’une des plus importantes capitalisations boursières de la place de Paris, après avoir pris le contrôle de la Banque d’Indochine (1975), de la Société générale de Belgique (1988) et du groupe Victoire-Colonia (1989). En 1990, la Compagnie financière de Suez est devenue la Compagnie de Suez.
Le groupe Suez est aujourd’hui un holding bancaire, financier et industriel, où la composante bancaire demeure essentielle. Le reste des activités du groupe se situe dans le secteur de l’industrie, des services (assurances, jusqu’en 1994) ainsi que dans une activité traditionnelle de la Compagnie : l’immobilier.
Premier pôle d’activité du groupe Suez en termes d’actif et de contribution au résultat, le secteur bancaire et financier s’appuie sur quatre orientations principales: les activités internationales au service des grands investisseurs et des grandes entreprises avec la banque Indosuez, implantée dans soixante-huit pays, la banque Vernes et commerciale de Paris, dont la majorité a été cédée à l’Istituto San Paolo di Torino, et LocaFrance; la clientèle des P.M.E. et des professions réglementées avec la Banque parisienne de crédit, la banque Monod et FactoFrance Heller, établissement qui exerce des activités d’affacturage; le crédit aux particuliers, à travers la banque Sofinco et Crédisuez, le principal pôle immobilier du groupe, détenant à 100 p. 100 la banque La Hénin et la Compagnie hypothécaire, qui joue le rôle d’une structure de cautionnement pour les engagements vis-à-vis des promoteurs et des marchands de biens.
Le secteur des assurances était, jusqu’en 1994, constitué pour l’essentiel par des participations au capital de la Compagnie financière du groupe Victoire, holding des compagnies d’assurances Abeille, et de sa société mère, la Compagnie industrielle. Il comprend également La Hénin-Vie.
Au niveau des participations industrielles et de services, la Compagnie de Suez dispose de deux types de sociétés de portefeuille: celles dont les placements sont effectués selon une certaine spécialisation et celles dont la vocation évolue. Toutes ces participations sont en principe minoritaires, Suez ayant pour vocation d’être un partenaire financier stable accompagnant le développement des sociétés auxquelles il participe sans y jouer un rôle direct de gestion. C’est ainsi que la Compagnie est actionnaire de Salins du Midi, la Lyonnaise des eaux, la Compagnie de Saint-Gobain, Accor, Béghin-Say ou Tractebel, un groupe international spécialisé dans le gaz, l’électricité, les infrastructures et la télédistribution. Ces participations peuvent être menées par différents holdings intermédiaires, sociétés de portefeuille ou fonds communs de placement. Certains sont spécialisés dans un secteur économique précis; ainsi Suez International, qui regroupe les participations du négoce, commerce et transport international du groupe, devenue le véritable pivot des interventions de la Compagnie à l’étranger, ou Parthena Investissements, orientée vers le secteur de la communication. Cette dernière société est le pôle de regroupement des activités de capital-développement, tant en France (Astong) qu’à l’étranger (Suez Ventures, Eurosuez, Suez, Asia Development Capital).
La Banque Indosuez est le fer de lance du groupe. Filiale à 100 p. 100, elle est l’héritière de la Banque de l’Indochine et de Suez, et son histoire, plus que centenaire, lui a donné les bases d’une implantation internationale fournie (68 pays). Elle développe la stratégie arrêtée au début des années 1980 qui centre son développement sur un portefeuille de six métiers: le pôle marché, avec le métier de la dette et du change et celui des fonds propres (Indosuez Capital); le pôle investisseurs, avec les métiers des gestions de capitaux et de la banque privée; le pôle crédit, avec les métiers du financement d’actifs (avions, bateaux, projets d’entreprises) et de l’exploitation bancaire, auprès d’entreprises européennes et internationales. Les responsables de chacun des six métiers ont en charge le développement de leurs lignes d’activités dans le monde.
Après une période de conquêtes, marquée notamment par l’entrée dans son périmètre du groupe Victoire et de la Société générale de Belgique, la Compagnie était, à la fin de 1989, très endettée. Au démarrage de la crise qui allait frapper l’économie mondiale, le groupe exerçait de très nombreux métiers et était engagé assez lourdement dans le financement de l’immobilier. Pour ne pas obérer son avenir, une intense politique de cession d’actifs a été conduite sur la période 1991-1994, pour une valeur globale de 34 milliards de francs, avec la volonté de se recentrer sur les domaines dans lesquels le groupe possède une expertise de premier plan: les services financiers et l’industrie. Ont été ainsi cédées les activités d’assurance directe et d’assurance-vie (Abeille-Vie) du groupe Victoire.
Encyclopédie Universelle. 2012.