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ISHTAR
ISHTAR

ISHTAR

Ishtar est la personnalité féminine la plus importante du panthéon assyro-babylonien, sinon dans les hiérarchies syncrétiques artificiellement dressées par les scribes, du moins dans la réalité des pratiques et de la sensibilité religieuses des Mésopotamiens: c’est qu’elle est à la fois l’amante passionnée ou consolatrice et la guerrière qui se plaît aux massacres, au point que ce nom propre finit par signifier simplement «déesse». Ishtar peut bien n’avoir pas été originellement le contretype sémitique de la sumérienne Inanna, mais, devant des données obscures et confuses, on peut tenir ces deux figures divines pour identiques; les Mésopotamiens eux-mêmes leur attribuèrent le même idéogramme: la moitié d’une porte en roseau, ouverture (encore traditionnelle en Iraq) de ces halles de roseaux tressés où l’on mettait à l’abri les dattes et les produits des laiteries.

Par une étymologie seconde, Inanna aurait été comprise comme la Dame (In) du ciel (An) ou du dieu An d’Uruk, dont elle est tantôt la fille tantôt l’épouse; elle sait manifester son attachement à sa cité: ainsi dérobe-t-elle à Enki les décrets divins qui, rapportés dans sa ville, en firent la première du monde; elle la protège encore contre les attaques d’un prince étranger. Une autre tradition lui donne pour époux le berger Dumuzi, qu’elle a préféré, non sans réticences, à un agriculteur, faisant d’ailleurs son malheur. L’ambition vindicative est, en effet, un des traits de son caractère difficile: désireuse de s’emparer aussi du royaume des morts, elle échoue et ne peut échapper à la Terre-sans-retour qu’en y laissant, sans remords, son époux à sa place; on ne connaît de déplorations rituelles sur la mort du dieu que par de maigres indices en Mésopotamie propre, mais on en trouve en Palestine qui sont bien attestées.

Piquée d’être refusée par Gilgamesh, dans des termes fort blessants, il est vrai, Ishtar joue un rôle décisif dans l’économie de l’épopée du même nom puisqu’elle porte involontairement à son comble la démesure du héros vainqueur, donc la colère des dieux contre lui, provoquant ainsi la mort de son ami et sa quête inutile de l’immortalité. Reine des cieux dans les textes sumériens, elle a pour symbole l’étoile inscrite dans un cercle et le chiffre 15, soit la moitié de celui de son père, le dieu-Lune Sin. Elle est notre étoile Vénus du soir et Vénus du matin: ainsi se trouvent soulignés les deux aspects assez contradictoires de sa personnalité. L’amour, dont elle est la déesse, peut être aussi bien le rut des bêtes, le désir humain manifesté sans détours ou la tendresse inquiète quand elle se penche sur le faible Assurnasirpal Ier. Si la prostitution sacrée n’a aucune réalité en Mésopotamie, Ishtar reste toutefois la protectrice naturelle des amours mercenaires. Image lointaine, peut-être, de ces jeunes filles qui chez les sémites nomades excitaient les troupes au combat, l’Ishtar guerrière veille sur les rois, dont elle affermit la valeur dans la mêlée, et les Akkadiens, soldats de fortune, établirent avec elle des rapports privilégiés. Son animal est le lion et elle parade, armée d’un arc et de flèches.

Grâce à sa personnalité complexe et donc envahissante, elle est présente dans tous les grands centres urbains mésopotamiens: à Uruk d’abord, où des pantomimes d’acteurs masqués représentaient les métamorphoses épouvantables dont elle frappait quiconque lui manquait. Son culte a gagné l’Assyrie, où, sans perdre aucune de ses deux tendances, elle y inspire des oracles, et la Syrie euphratéenne: là, pour éviter une confusion avec une divinité mâle de même nom, on féminisera celui-ci en Ashtartu (Astarté); c’est sous cette forme qu’elle va connaître une fortune singulière à l’époque hellénistique.

Ishtar ou Istar
dans la tradition sémite, déesse du Ciel et de la Fécondité. C'est l'Ashtart des Phéniciens et l'Astarté des Grecs, qui unirent son culte à celui d'Aphrodite.

Encyclopédie Universelle. 2012.