KEUPER
KEUPER
Ce terme représente le Trias supérieur de type germanique. Dans l’échelle stratigraphique allemande, le Keuper comprend la Lettenkohle, le Keuper proprement dit et le Rhétien, alors qu’en France cet étage ne comporte que le Keuper proprement dit, la Lettenkohle étant rattachée au Muschelkalk, et le Rhétien placé à la base du Jurassique. En Allemagne, la Lettenkohle est représentée par des schistes et argiles noirs à débris végétaux (équisétacées), correspondant à des dépôts de marécages. À son sommet, un niveau dolomitique apparaît: la «Grenzdolomit» à Myophoria goldfussi (espèce qui se retrouve dans le Trias alpin). Le Keuper comprend des «marnes bariolées» à Myophoria , des «grès à roseaux» (Schielfsandstein ) à Equisetites, à Pteridophyllum , et à reptiles (Cyclotosaurus , Trematosaurus ), du gypse, de l’anhydrite et des cargneules, et, de nouveau, des «marnes bariolées». Le Rhétien présente un faciès souabe: il débute par des lumachelles à Avicula contorta et se termine par des marnes.
En Lorraine, le Keuper affleure sur de grandes étendues, il y donne un paysage plat, avec des étangs. Le Keuper s’étend plus que le Muschelkalk vers l’ouest du Bassin parisien, il a été retrouvé par sondage à l’ouest de Paris. En Angleterre, le Keuper est représenté par des marnes contenant des fossiles: dipneustes, scorpions, amphibiens et plantes; il comprend un banc à Lingules (faciès saumâtre). On y trouve également des gisements de sel qui sont exploités. À l’ouest du massif de la Bohême, le Keuper ne présente plus un faciès lagunaire: ce sont des calcaires lacustres à Paludines et Unio. Cette région n’a donc pas subi les influences des mers germaniques. Dans le Jura, on retrouve certains niveaux du Keuper de Lorraine; la Lettenkohle se distingue mal du calcaire coquillier sous-jacent; le Keuper proprement dit comprend des argiles à gypse et sel gemme (gisements des salins, Lons-le-Saunier), le «grès à roseaux», la «dolomie-moellon», des marnes rouges gypsifères et des marnes vertes dolomitiques. En Provence, le Keuper affleure mal, car les marnes gypsifères ont joué un rôle particulier dans les déformations tectoniques. En Provence orientale, le Keuper contient des marnes rouges, des dolomies et des cagneules, et beaucoup de gypse; ces formations ont pu être synchronisées avec les séries du Trias supérieur de l’est de la France.
En Aquitaine, le Keuper est représenté par des argiles à passées gypseuses; la transgression du Keuper a atteint le nord du bassin aquitanien, où les faciès sont plus grossiers. Les Pyrénées devaient être recouvertes par la mer: on y trouve essentiellement des marnes bigarrées, et de grandes masses d’évaporites qui ont dû se déposer dans un sillon sud-pyrénéen, ainsi d’ailleurs que dans le bassin de l’Adour et le Languedoc méditerranéen. On trouve également beaucoup de gypse dans le Keuper du nord-est de l’Espagne; le Keuper y comprend un niveau de marnes irisées à lentilles d’anhydrite, à la base, suivi de dolomies et marnes à Myophoria ; il se termine par un niveau dolomitique. Dans les zones externes des Alpes, le Keuper comprend essentiellement de l’anhydrite et du gypse, souvent associés à des niveaux de brèches et de grès. On peut parfois y distinguer un horizon inférieur, constitué d’une alternance d’argilites et de dolomies, et un horizon supérieur formé d’une alternance d’argilites et d’évaporites.
● keuper nom masculin (allemand Keuper) Étage de la partie supérieure du système triasique (ère secondaire), sous faciès germanique (c'est-à-dire à faciès lagunaire et continental).
⇒KEUPER, subst. masc.
GÉOL., vx. Période géologique correspondant au trias supérieur, caractérisée par la présence de marnes irisées. Synon. trias supérieur. La présence bien constatée, et le plus souvent la grande variété des plantes de la famille des Cycadées, qui se montrent déjà en grand nombre dans le keuper (Ad. BRONGNIART, Graines foss., 1876, p. 8).
REM. Keuprique, adj. Qui se rapporte au keuper. L'époque keuprique qui succède à la période vosgienne, est proportionnellement plus riche en fougères que les suivantes et plus pauvre en cycadées et en conifères (Ad. BRONGNIART, Graines foss., 1876, p. 8). En partic. Terrain keuprique. Terrain comprenant des marnes irisées. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. : [] (Lexis 1975). Étymol. et Hist. [1840 keuprique adj. (Ac. Compl. 1842)] 1876 (BRONGNIART, loc. cit.). Mot dialectal all. signifiant « roche friable », introduit au XIXe s. dans le vocab. all. de la géol. (WEIGAND; Brockhaus Enzykl.).
keuper [køpɛʀ] n. m.
ÉTYM. 1834, dict. de Jourdan; keuprique, adj., 1840; en all., fin XVIIIe, d'après la Grande Encyclopédie Berthelot; all. Keuper « roche friable ».
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♦ Didact. (géol.). Étage supérieur du trias germanique. || Le keuper, ou étage des marnes irisées, se divise en norien et carnien.
Encyclopédie Universelle. 2012.