MANILLE
MANILLE
Capitale des Philippines (1 587 000 hab. en 1990), située près du bord sud de la fertile plaine rizicole du centre de Luçon, sur le delta de la Pasig et l’isthme qui sépare la baie de Manille de la baie de Laguna. La plus grande part de la ville s’étend au nord de la rivière, avec les rues étroites et irrégulières des quartiers pauvres et surpeuplés. Dans l’île de Binondo sur la Pasig s’étend le quartier des affaires. Au nord vit une importante communauté chinoise. Au sud s’élève la vieille ville espagnole d’Intramuros, entourée de murailles massives sur près de 4 kilomètres, fondée en 1571 par López de Legazpi. Mais la plupart des quartiers au sud de la Pasig ont été construits sous l’administration américaine: leurs larges rues suivent un plan orthogonal. L’aire métropolitaine (7 832 000 hab. en 1990) inclut, du nord au sud, les faubourgs de Caloocan, Quezon City (capitale officielle des Philippines de 1950 à 1976), San Juan del Monte, Mandaluyong, Makati, Pasay City et Parañaque.
Grand port des Philippines, Manille entretient des relations commerciales avec les États-Unis et surtout avec le Japon (mais assurant davantage les importations que les exportations du pays qui sont de plus en plus embarquées sur place). L’industrie fait preuve d’une grande activité: usines de caoutchouc, d’outillage électrique, de produits pharmaceutiques à Makati; industries de la chaussure et de produits alimentaires à Caloocan, confection textile et manufactures de tabac à Pasay City et à Parañaque; une zone industrielle s’est implantée à Mandaluyong, à l’est de la ville.
Manille est une des grandes villes de l’Asie du Sud-Est. Un aéroport international a été construit à Baclaran.
1. manille [ manij ] n. f.
• fin XIXe; « carte à jouer » 1696; malille 1660; esp. malilla, dimin. de mala, proprt « la petite malicieuse »
♦ Jeu de cartes où les plus fortes sont le dix (manille), puis l'as (manillon). « On fait une manille aux enchères à trois ? » (Pagnol). Manille contrée (ou coinchée). Joueur de manille (MANILLEUR, EUSE n. ).
manille 2. manille [ manij ] n. f.
• 1680; « bracelet » 1543; lat. manicula → manicle
1 ♦ Anciennt Anneau auquel on fixait la chaîne d'un galérien ou d'un forçat. « la chaîne rivée à la manille de son pied » (Hugo).
2 ♦ (1902) Techn. Mar. Étrier en forme de U ou de lyre, fermé par un manillon et servant à fixer des câbles, des cordages, etc.
● manille nom féminin (ancien provençal manelha, anse, du latin manicula) Anneau allongé dont une extrémité peut être ouverte ou fermée (par un axe vissé, une clavette, une broche conique) et servant à relier deux tronçons de chaîne. Étrier métallique en forme d'U ou de lyre, aplati aux deux extrémités, fermé par un manillon et utilisé pour des jonctions entre câbles, cordages, voilures, etc. ● manille nom féminin (espagnol malilla) Jeu de cartes où le dix (manille) et l'as (manillon) sont les cartes maîtresses. Carte maîtresse (dix) du jeu de manille. ● manille nom masculin (de Manille, nom propre) Cigare ou tabac provenant des Philippines. Chapeau en lames de bambou bouilli ou en épiderme de jonc, originaire de Manille. Rotin de moyenne ou de grosse section.
manille
cap. et port des Philippines, sur la mer de Chine, dans l'île de Luçon; 1 598 900 hab. (aggl. urb. 6 720 050 hab.); ch.-l. de prov. Premier centre industriel et commercial du pays.
— Import. universités, dont celle de Santo Tomas, créée en 1611.
— La ville, fondée par les Espagnols en 1571, englobe Quezón City (1 166 000 hab. env.), cap. légale de 1948 à 1979.
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manille
n. f. Jeu de cartes où le dix, appelé manille, est la carte la plus forte.
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manille
n. f. MAR et TECH Pièce métallique en forme de U qui sert à réunir deux longueurs de chaînes.
I.
⇒MANILLE1, subst. fém.
JEUX
A. — Vx. [Au jeu de hoc, de l'hombre, du quadrille] Carte maîtresse. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Jeu de cartes où le dix et l'as sont les cartes maîtresses. Manille contrée ou coinchée, muette, parlée; jouer à la manille; faire une manille. Ce gredin de Rimbaud (...) et moi, les bazardâmes [des oeuvres de Villiers] avant tant d'autres choses en vue d'absinthes et de manilles! (VERLAINE, Corresp., t. 3, 1883, p. 388). On boit la dernière et on fait une manille aux enchères à trois, pour savoir qui paiera les consommations? (PAGNOL, Marius, 1931, III, 1er tabl., 2, p. 160).
— [Au jeu de manille] Le dix de chaque couleur, première carte maîtresse. Il claque une carte contre la table. La manille de carreau (SARTRE, Nausée, 1938, p. 39).
REM. Manoche, subst. fém., pop. Jeu de manille. Mimar descendait prendre son «jus» dans la boutique et elle ne le revoyait pas jusqu'à trois heures. Il avait accepté de faire une «manoche», rien qu'une! (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 186).
Prononc. et Orth.:[manij]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1696 «carte maîtresse au jeu de l'hombre» (BOISFRAN, Les Bains de la porte de S. Bernard, I, 2 ds GHERARDI, Théâtre ital. [éd. 1700], t. 6, p. 371); b) 1893 «carte maîtresse (dix) au jeu de manille» (DG); 2. 1883 «jeu de cartes où les plus fortes sont le 10 et l'as» (VERLAINE, loc. cit.). Altération, issue d'une dissimilation du -l- (peut-être favorisée par l'infl. de main), de malille «neuf de carreau» (1660, OUDIN Esp.-Fr., s.v. malilla; aussi menille), empr. à l'esp. malilla «deuxième carte maîtresse dans certains jeux de cartes» (1604 ds COR.-PASC., s.v. malo), dimin. de mala de même sens. L'esp. malilla, littéralement «petite malicieuse» (mala [fém. de malo, du lat. malum, v. mal] signifiant lui-même proprement «malicieuse, méchante»), s'est appliqué à la carte qui, ordinairement l'une des moindres en valeur, peut devenir l'une des plus fortes quand sa couleur est atout.
DÉR. 1. Maniller, verbe intrans., rare. Jouer à la manille. (Dict. XXe s.). — [manije]. — 1re attest. 1902 (Nouv. Lar. ill.); de manille1, dés. -er. 2. Manilleur, subst. masc. Joueur de manille. Ceux qui n'avaient pas de tanière s'étaient couchés dans la tranchée, enroulés dans leur couverture. Dans un trou, des voix piailleuses de manilleurs. Tous les autres s'assoupissaient (DORGELÈS, Croix bois, 1919, p. 43). Le samedi, les manilleurs s'acharnaient. Aux approches de minuit, Lecouvreur qui bâillait regardait ostensiblement la pendule. Il allait d'une table à l'autre, faisant sur les mises des remarques machinales et se raidissant contre la fatigue. Le désir de se libérer de ses dettes lui donnait du courage (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 42). — []. — 1re attest. 1919 (DORGELÈS, loc. cit.); de maniller, suff. -eur2. 3. Manillon, subst. masc. [Au jeu de manille] L'as de chaque couleur, seconde carte maîtresse après le dix. Boubouroche: (...) Donc, tu as deux carreaux, deux coeurs, le manillon de trèfle deuxième, et deux piques par le manillon. C'est bien ton jeu? Potasse: Oui. Boubouroche: Bon! Cache-le! Joue atout (COURTELINE, Boubouroche, 1893, I, 1, p. 18). — []. — 1re attest. 1893 (ID., ibid.); de manille1, suff. -on. — Fréq. abs. littér.: 11.
BBG. — BOULAN 1934, p. 79. — CHAUTARD. Vie étrange arg. Paris, 1931, pp. 437-439 (s.v. manoche). — QUEM. DDL t. 4 (s.v. manillon).
II.
⇒MANILLE2, subst. fém.
A. — Anneau de fer entourant la cheville d'un galérien ou d'un forçat, auquel était attachée une chaîne. Mais, vieux, être tutoyé par le premier venu, être fouillé par le garde-chiourme, recevoir le coup de bâton de l'argousin! Avoir les pieds nus dans des souliers ferrés! Tendre matin et soir sa jambe au marteau du rondier qui visite la manille! (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 288).
B. — MAR. Étrier de métal qui se ferme à l'aide d'un axe à pas de vis, servant à assembler deux longueurs de chaîne, à relier deux anneaux. La force du vent était telle que la manille de l'écoute de la voile de cape et celle du tourmentin ont cassé (CHARCOT, Voy. îles Féroë, 1934, p. 49).
Prononc.:[manij]. Étymol. et Hist. 1. 1833 «anneau auquel on attache la chaîne d'un forçat» (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, p. 67); 2. mar. a) 1868 «anneau d'une chaîne destinée à retenir l'ancre» (LITTRÉ); b) 1902 «anneau ou étrier reliant deux longueurs de chaîne» (Nouv. Lar. ill.). Empr. à l'a. prov. manellie «anneau auquel on attache la chaîne d'un galérien» (1512 ds FENNIS, La Stolonomie, p. 381; aussi 1548 manilhe, ibid.; 1551 manille, ibid. et 1680 ds JAL., s.v. manille2); issu d'un plus anc. manelha «anse» (XVe s. ds R. Lang. rom. t. 35, 1891, p. 72b; 1451 ds PANSIER, s.v. manega «id.», ce dernier déjà att. en 1350), lui-même du lat. manicula, v. manique. Le sens de «anse» est également att. en fr. au XVIIe s. et survit de nos jours dans le domaine fr.-prov., occitan (cf. FEW t. 6, 1, p. 215b).
DÉR. Maniller, verbe trans., mar. Réunir par une manille afin de constituer un ensemble. Maniller un câble-chaîne (BONN.-PARIS 1859). — [manije]. — 1re attest. 1859 id.; de manille2, dés. -er.
BBG. — HOPE 1971, p. 447.
III.
⇒MANILLE3, subst. fém.
[Chez certains peuples primitifs] Anneau de métal ornemental qui se porte à la cheville ou au bras. (Dict. XIXe et XXe s.; v. aussi LELOIR 1961).
Prononc.:[manij]. Étymol. et Hist. 1. 1543 «bracelet» (Doc. ap. LA FONS ds GDF.); 2. 1723 «anneau porté par les sauvages comme ornement du poignet ou à la cheville et que les marchands européens échangent contre les produits du pays» (SAVARY). Empr. à l'esp. manilla «bracelet» (1490 ds COR.), lui-même empr. au cat. manilla «id.» (2e moitié du XIIIe s. ou XIVe s., ibid.), dimin. de mano, du lat. manus, v. main. Fréq. abs. littér.:75. Bbg. HOPE 1971, p. 447.
IV.
⇒MANILLE4, subst. masc.
A. — Fibre végétale voisine du chanvre, récoltée dans les îles Philippines (d'apr. FÉN. 1970). Ton lit aux nattes de manille (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p. 189). Le carton cuir qui est composé de feuilles de carton collées ensemble après interposition de colle et de produits à base de cuir (...) ou de fibres textiles (manille, jute, etc.) (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p. 127).
— P. méton., MAR. Cordage en manille (d'apr. GRUSS 1952).
B. — Paille fine, souple et résistante, récoltée dans les îles Philippines et servant essentiellement à fabriquer des chapeaux. Nous avons repris pour un éphémère été de la Saint-Martin nos cloches de manille roussies (C. WILLY, La Retraite sentimentale, 1907, 86 ds QUEM. DDL t. 16).
— P. méton. Chapeau fabriqué en manille et originaire des îles Philippines. Un gros marseillais coiffé de l'insolent manille (ARÈNE, Paris ingénu, 1882, p. 223).
C. — Cigare provenant des îles Philippines. Fumer un manille. Dans des cases de bois odorant, étaient rangés par ordre de taille et de qualité (...) les havanes et les manilles (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 565).
Prononc.:[manij]. Étymol. et Hist. 1. 1846 «cigare» (DUMAS père, loc. cit.); 2. 1873 «chapeau de paille» (Lar. 19e); 3. 1878 «filin de chanvre» (LECONTE DE LISLE, loc. cit.). Du nom de Manille, ancienne capitale des Philippines.
1. manille [manij] n. f.
ÉTYM. 1696; malille, 1660; esp. malilla, dimin. de mala, proprt « la petite malicieuse ».
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1 Vx. Carte, variable selon les jeux, affectée d'une valeur particulière (et élevée).
♦ Mod. Carte maîtresse (le dix), au jeu de manille. || Manille de carreau : dix de carreau (→ Manillon, cit.).
2 (Fin XIXe; Littré et P. Larousse désignent sous ce nom un jeu différent). Jeu de cartes où le dix (manille) et l'as (⇒ Manillon) sont les plus fortes cartes. || Manille parlée, muette, à l'envers, contrée (ou coinchée), se jouant à quatre. || Manille aux enchères (→ Consommation, cit. 10). || Jouer à la manille. || Faire une manille. || Joueurs de manille. ⇒ Manilleur.
0 Il y en a quatre qui font la manille en buvant l'apéritif. Les autres sont debout et les regardent jouer (…)
Sartre, la Nausée, p. 66.
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DÉR. 1. Maniller, manillon.
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2. manille [manij] n. f.
ÉTYM. 1543; du lat. manicula. → Manicle.
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1 (1543). Anciennt. Anneau porté aux poignets, aux chevilles, comme ornement.
♦ (1680). Anneau auquel on fixait la chaîne d'un galérien, d'un forçat.
0 Un forçat (…) avait demandé (…) la permission de risquer sa vie pour sauver le gabier. Sur un signe affirmatif de l'officier, il avait rompu d'un coup de marteau la chaîne rivée à la manille de son pied (…)
Hugo, les Misérables, II, II, III.
2 (1907, Larousse). Techn. (mar.). Anneau ou étrier de métal servant à relier deux longueurs de chaîne, à fixer des câbles.
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DÉR. 2. Maniller.
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3. manille [manij] n. m.
ÉTYM. 1846, Nerval; nom de l'une des îles Philippines.
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1 (1846). Cigare de Manille. || Fumer des manilles.
0 (…) on a bien vite satisfait tous les caprices inhérents à la couleur locale, comme de boire un verre de porter (…), de fumer un manille authentique (…)
Nerval, Notes de voyage, « Un tour dans le Nord », I.
2 (1873). Chapeau de paille de Manille.
3 Mar. Filin en chanvre de Manille (⇒ Abaca).
Encyclopédie Universelle. 2012.