MILON
MILON, lat. TITIUS ANNIUS MILO PAPIANUS (\MILON 95 env.-\MILON 48)
L’histoire a surtout retenu le nom de Milon grâce au plaidoyer de Cicéron, Pro Milone , destiné à soutenir la cause de son client accusé du meurtre de Clodius en \MILON 52, et traduit en justice. Mais avant de se retrouver ainsi inculpé, Milon s’est distingué par une carrière politique audacieuse, mouvementée et malhonnête. Né à Lanuvium, petite ville du Latium, non loin de Rome, Milon est soutenu dans ses débuts par Sylla dont il est le gendre. La mort de Sylla et cette alliance familiale qui aurait pu paraître suspecte aux républicains romains ne l’empêchent pas de poursuivre, grâce à des appuis au sein de l’aristocratie romaine dont il est issu, une carrière d’homme d’État qui le conduit à exercer en \MILON 57 les fonctions prestigieuses de tribun de la plèbe et à s’opposer en particulier à Clodius, tribun l’année précédente, homme de main de César et contempteur de Cicéron qu’il a contraint à l’exil. Milon, profitant du regain de popularité dont Cicéron jouit auprès du peuple romain, s’empresse de faire campagne pour le rappel du chevalier d’Arpinum et réussit à organiser le retour triomphal de son futur défenseur. Dans le même temps, Milon s’est mis au service de Pompée qui est inquiet des ambitions de César, son collègue du premier triumvirat conclu en \MILON 60. Il a recruté des chômeurs et des gladiateurs et il s’oppose dans la rue aux bandes armées de Clodius, composées d’esclaves. Les échauffourées, les rixes et même de véritables batailles rangées sont quotidiennes à Rome. Clodius, devenu édile en \MILON 56, accuse Milon de meurtre et le traîne en justice. Pompée, venu pour témoigner en faveur de son protégé, a la voix couverte par les vociférations des partisans de Clodius. Le procès est interrompu, et le Sénat, inquiet de l’anarchie qui règne à Rome, proclame la dissolution de toutes les bandes armées. Pour montrer qu’elles ne tiennent guère compte des décisions de l’assemblée, celles de Milon brisent les tables de bronze sur lesquelles Clodius a fait inscrire ses lois démagogiques, lorsqu’il a exercé le tribunat du peuple. En \MILON 54, Milon offre des jeux dispendieux au peuple romain, en sa qualité d’édile, et, en \MILON 53, il brigue le consulat pour l’année suivante. Milon a décidé, sûr de lui, d’abandonner la cause de Pompée et de travailler à satisfaire sa seule ambition. Il attaque même son concurrent au consulat Hyppareus, sur la Via Sacra, et les élections sont reportées, faute d’un climat politique suffisamment serein. Le 20 janvier \MILON 52, les troupes de Milon se heurtent à Bovillae à celles de Clodius. Ce dernier, blessé, est achevé sur ordre de Milon. L’assassinat de Clodius est le prétexte à de violentes émeutes. Pompée est nommé consul unique pour rétablir l’ordre et Milon est traduit en justice le 4 avril \MILON 52. Pompée, pour intimider les jurés, fait entourer le Forum de partisans, et Cicéron, troublé, est incapable de prononcer sa plaidoirie devant les amis de Clodius qui l’injurient. Il défend si mal son client que celui-ci est condamné à mort; mais ce dernier, pressentant le verdict, s’est exilé. C’est par la suite que Cicéron, dans le calme de son cabinet de travail, compose en toute sérénité le Pro Milone , qui n’aura donc jamais été prononcé. À Marseille où il se retire, Milon mène une vie oisive et débauchée, embrasse en \MILON 48 la cause des pompéiens et meurt sous les murs de Compsa. Comme Clodius a été manipulé par César, Milon l’a été par Pompée. Les deux chefs romains se sont fait ainsi la guerre par personnes interposées.
Encyclopédie Universelle. 2012.