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MITSUI
MITSUI

MITSUI

L’un des principaux regroupements d’entreprises (keiretsu ) au Japon. Mitsui, premier représentant du capitalisme commercial sous les Tokugawa (shogunat), possède, en 1934, un deux centième de la richesse du pays, tout en en contrôlant un quarantième. Un ancêtre de la maison, Mitsui Hachirobe, est, quand il meurt en 1692, le plus riche marchand de l’Extrême-Orient; ses innovations vont de l’introduction du système des prix fixes, des paiements en espèces et du décompte de la publicité dans les frais généraux, jusqu’à l’instauration de la comptabilité en partie double. Mitsui, dont le siège social se trouve à Ky 拏to, est, déjà au XVIIIe siècle, la plus grosse maison commerciale du Japon (devant Mitsubishi). Mais la croissance extraordinaire qui devait en faire l’un des deux grands du Japon à la veille de la Seconde Guerre mondiale est intimement liée à l’histoire de la politique économique du jeune gouvernement de Meiji en 1868. Le groupe Mitsui (Mitsuigumi) fonctionne comme organe exécutif financier du gouvernement; la banque Mitsui, fondée en 1876, permet la naissance de la société commerciale Mitsuibussan, dont le capital est fourni par une ouverture de crédit auprès de la banque Mitsui, limité toutefois à 50 000 yen. Après l’établissement de la société minière Mitsuikozan au capital de 2 millions de yen, la concentration du groupe s’accentue de plus en plus, en passant par l’installation d’une administration centrale des opérations, puis d’un comité de famille, organe de décision suprême, pour aboutir à la constitution de Mitsuig 拏mei (1909), véritable consécration de l’intégration du groupe: avec un capital de 5 millions de yen, un conseil d’administration représentatif de toutes les firmes membres, l’actif du holding s’élève à 68 millions de yen. Les actions de Mitsuig 拏mei sont détenues par les onze branches de la famille Mitsui. Mitsuig 拏mei se développe ainsi en tant que groupe financier, commercial et industriel, pour représenter un actif de 347 millions de yen en 1925.

Le groupe Mitsui s’élargit, en effet, pour inclure des compagnies d’assurances (Taish 拏kaij 拏 Kasai, 1918; Mitsuiseimei H 拏ken, 1927), des filatures (Toyomenka, 1920), une société fiduciaire (Mitsuishintaku Gink 拏, 1924), une firme de fibres synthétiques (Toyo Rayon, 1928). Enfin, en 1940 a lieu la fusion Mitsuig 拏mei et Mitsuibussan, qui, sous ce dernier nom, devient l’organe d’investissement du groupe avec un capital de 300 millions de yen. La guerre, qui commence pour le Japon en 1931 par l’«incident de Mandchourie», donne en effet aux affaires du groupe une impulsion nouvelle, et la diversification de ses activités passe par l’industrie pétrochimique, l’immobilier, le transport maritime et la construction navale: à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la maison mère Mitsui (Mitsui Honsha) contrôle plus ou moins cent cinquante et une compagnies, dont dix sont sous son contrôle direct, douze sous son contrôle indirect, et les cent vingt-neuf autres sous son influence prépondérante; ces cent cinquante et une sociétés représentent un capital total de 2 800 millions de yen; la famille Mitsui détient, à elle seule, 63 p. 100 des dix millions d’actions de la maison mère, qui elle-même possède 46,5 p. 100 de toutes les actions émises par ses dix affiliés et ses douze semi-affiliés. Des liens étroits existent entre Mitsui et le gouvernement d’une part, entre Mitsui et le parti Seiy kai, conservateur, nationaliste et impérialiste, d’autre part. Mitsui a ainsi joué un rôle de première importance dans l’expansion territoriale du Japon des années 1930.

En 1946, la dissolution du groupe est ordonnée par les autorités d’occupation, et c’est la société immobilière Mitsui Fud 拏san qui est chargée de la liquidation de la maison mère. Cela n’empêche pas que, dès 1950, des initiatives visant à la reconstitution du groupe se font jour: c’est ainsi que se constitue le club du Lundi (Getsuy 拏 Kai) qui donne l’occasion aux administrateurs gérants des sociétés de l’ancien groupe de se retrouver périodiquement; les firmes placées sous le contrôle de Mitsui Honsha, par suite de dissolutions et de fusions, sont en mars 1950 au nombre de vingt-cinq; les fusions et unions s’accélèrent encore après la guerre de Corée sous l’impulsion des deux sociétés commerciales Muromachibussan et Daiichibussan qui, après avoir elles-mêmes respectivement absorbé plusieurs compagnies, finissent par fusionner en 1959 pour constituer la nouvelle société commerciale Mitsuibussan, qui devient le chef de file des douze sociétés regroupées en club du Cinq (il s’agit du 5 du mois, jour où ont lieu les réunions) ou Itsuka Kai. Entre-temps, on assiste à la naissance de la Société des industries pétrochimiques Mitsui, au capital de 250 millions de yen, qui regroupe huit affiliés, en application des mesures gouvernementales pour la promotion des industries pétrochimiques, et du Groupe des industries atomiques du Japon constitué par vingt-deux sociétés contrôlées par le même Mitsui.

En 1960, Itsuka Kai se transforme en club du Deuxième Jeudi (Nimoku Kai), qui constitue le noyau du groupe Mitsui et s’efforce, par une restructuration énergique et un accent spécial mis sur la cohésion dans les prises de décision et la politique générale, de combler le retard du groupe par rapport à ses grands rivaux. Le keiretsu Mitsui forme au milieu des années 1990 une nébuleuse de sociétés dont les plus importantes sont constituées en multinationales. Mitsuibussan est l’une des principales sociétés de commerce (sogo shosha ) du Japon. La Sakura Bank (ex-Mitsui Taiyo Kobe Bank) est aussi une des cinq plus grandes banques du Japon, c’est-à-dire du monde; elle a pour activités majeures les opérations sur titres et le commerce extérieur. À travers ses diverses composantes, le groupe est notamment présent dans les ciments, la pétrochimie, la distribution, l’immobilier, l’électronique (Toshiba), l’assurance, l’industrie alimentaire, l’industrie minière, les métaux non ferreux, la construction navale, etc.

Encyclopédie Universelle. 2012.