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MONT-SAINT-MICHEL
MONT-SAINT-MICHEL

MONT-SAINT-MICHEL

Le rocher de Mont-Tombe, séparé du continent par la grande marée de 709, abritait déjà des cultes à saint Étienne et à saint Symphorien lorsque, en 708, une apparition de l’archange Michel décida l’évêque d’Avranches à construire une église (consacrée en 709) à l’imitation du sanctuaire du Mont-Gargano en Italie. Une abbaye carolingienne la remplaça, desservie par des moines venus de Fontenelle (l’actuel Saint-Wandrille): la chapelle Notre-Dame-sous-Terre, située sous les trois premières travées disparues de la nef, en est un vestige. Au début du XIe siècle, la réforme monastique atteignit le Mont et la règle clunisienne y fut introduite. Le rocher fut alors nivelé pour permettre l’installation de la nouvelle église abbatiale, commencée en 1022 et achevée en 1084. L’abbaye s’agrandit peu à peu vers le nord et le sud et un incendie fut à l’origine, en 1203, de la reconstruction des bâtiments monastiques. C’est sous les abbatiats de Jourdain (mort en 1212) et de Raoul des Isles (1212-1218) que fut élevée la Merveille. Le cloître fut achevé en 1228. Grâce à sa situation géographique particulière qui rendait sa défense aisée, l’abbaye du Mont-Saint-Michel n’eut pas à souffrir de la guerre de Cent Ans. Les moines de la congrégation de Saint-Maur s’y installèrent en 1622, la quittèrent à la Révolution et, jusqu’en 1863, les bâtiments conventuels servirent de maison d’arrêt.

Placée au sommet du Mont, l’abbaye révèle une disposition assez complexe, rendue nécessaire par la configuration du rocher lui-même: le développement habituel des bâtiments autour du cloître étant impossible par manque de place, les salles, accrochées à flanc de roc, se superposent sur trois niveaux. Le cloître lui-même, centre de la vie monastique, se trouve rejeté à l’extrémité nord-ouest du Mont, face au large. L’église abbatiale se compose d’une nef romane, d’un transept et d’un chœur gothique, élevé au XVe siècle en remplacement du chœur primitif qui s’était effondré en 1421. La nef romane à trois vaisseaux présente une élévation à trois niveaux (grandes arcades, baies géminées des tribunes, fenêtres hautes en plein cintre), caractéristique de l’architecture romane anglo-normande à la fin du XIe siècle. Elle était primitivement couverte d’une voûte lambrissée qui prit feu en 1834. Le transept saillant ainsi que le chœur débordent la plate-forme rocheuse et sont bâtis sur un plateau de maçonnerie, lui-même établi sur plusieurs cryptes voûtées datant des XIIe, XIIIe et XVe siècles. Le transept, voûté en berceau plein cintre sur doubleaux, eut son bras nord raccourci au XIIIe siècle, lors de la construction de la Merveille. Le chœur du XVe siècle possède un triforium ajouré et des fenêtres hautes aux réseaux flamboyants. La clarté du chœur contraste avec l’obscurité de la nef du XIe siècle. Au côté nord du Mont s’élève la Merveille qui se divise, en fait, en deux parties bien distinctes, juxtaposées, mais qui présentent toutefois la même superposition de salles sur trois niveaux. Hormis la salle des Chevaliers située au niveau intermédiaire, toutes possèdent une file de supports médians qui divisent l’espace en deux nefs de hauteur égale: ce procédé constructif fut très largement utilisé dans l’architecture monastique, surtout à l’époque gothique, car il résout les problèmes d’équilibre des édifices sans entraîner de grandes dépenses. Au niveau inférieur de la Merveille se trouvent l’aumônerie et le cellier, couverts de voûtes d’arêtes sans doubleaux; à l’étage intermédiaire, la salle des Hôtes, couverte de voûtes d’ogives retombant sur des colonnes particulièrement élégantes et élancées, et la salle des Chevaliers, à trois vaisseaux et deux files de supports cylindriques trapus; enfin, à l’étage supérieur, le réfectoire, couvert d’une charpente en forme de carène renversée et dont les murs latéraux sont percés de nombreuses fenêtres étroites, semblables à des meurtrières, qui dispensent une très grande luminosité, ouvre sur la galerie est du cloître. Le cloître, de forme trapézoïdale, aux galeries charpentées, est un chef-d’œuvre de raffinement architectural et décoratif avec ses arcatures aux colonnettes disposées en quinconce et ses frises, rosaces, écoinçons sculptés de végétaux ou de scènes anecdotiques d’une remarquable exécution, qui sont à rapprocher de la décoration des églises gothiques normandes telles que le chœur de la cathédrale de Bayeux et celle de Sées. L’abbaye du Mont-Saint-Michel comporte de nombreuses autres salles et bâtiments utilitaires tels que le promenoir des moines, le dortoir, les cuisines, les logis abbatiaux, situés à des niveaux différents, qui forment une gigantesque muraille artificielle au-dessus de laquelle s’élève l’abbatiale.

De 1865 à 1909, plusieurs restaurations furent dirigées successivement par les moines de l’abbaye de Pontigny puis par les architectes des Monuments historiques, Édouard-Jules Corroyer, Victor Petitgrand, Paul Gout. Petitgrand compléta la tour-lanterne d’une flèche inspirée de celle de Viollet-le-Duc pour Notre-Dame de Paris, couronnée d’une statue de l’archange Saint-Michel réalisée par Frémiet. Celle-ci fut restaurée en 1987.

Mont-Saint-Michel
(Le) com. de France (Manche), sur un îlot rocheux relié au continent par une digue (que doit remplacer une passerelle), dans la baie du Mont-Saint-Michel (marées à très fortes amplitudes); 72 hab.
Remparts (XIIIe et XVe s.). Abbaye bénédictine (XIIe-XIIIe s.) dominée par une église abbatiale à nef et transept romans.

Encyclopédie Universelle. 2012.