MONTANISME
MONTANISME
Mouvement spirituel, prophétique et eschatologique, qui apparaît en Phrygie au milieu du IIe siècle (dès 156-157 selon Épiphane; en 172 seulement d’après Eusèbe). Un certain Montanus, néophyte, qui aurait été prêtre de Cybèle, se prétend l’organe du Paraclet, sinon le Paraclet lui-même. Il annonce un nouvel âge de l’Église, l’âge de l’Esprit, et l’imminence de la fin des temps. La Jérusalem nouvelle doit descendre du ciel près de la ville de Pépuze en Phrygie (l’identification est difficile), et le Seigneur régnera avec les élus durant mille ans. Montanus se fait accompagner de deux femmes, Priscilla et Maximilla, prophétesses elles aussi.
Pour se préparer à cette venue, il faut pratiquer un ascétisme rigoureux, multiplier et prolonger les jeûnes, s’abstenir de viande et de vin; la continence parfaite est recommandée, et les secondes noces absolument prohibées. Le pardon de l’Église est refusé aux péchés graves.
Il n’est pas nécessaire de voir ici, avec Harnack, un mouvement de retour au «pneumatisme» de l’Église primitive et une réaction contre une Église en train de s’institutionnaliser et de se séculariser. La «nouvelle prophétie» s’apparente à ces mouvements analogues de «réveil» que connaît l’histoire de l’Église et qui, au demeurant, peuvent se réclamer de certains textes de l’Église et recouvrir des valeurs authentiquement chrétiennes. Elle se répandit rapidement dans toute l’Asie Mineure. L’agitation qu’elle provoqua dans les communautés suscita la réaction des évêques qui se réunirent en synodes (les premiers que nous connaissions) pour la condamner. On a conservé de nombreux écrits antimontanistes.
Dès 177, la communauté chrétienne de Lyon est alertée à son tour et en écrit aux Églises d’Asie et de Phrygie, ainsi qu’au pape Éleuthère. À Rome, le pape Zéphyrin (198-217), après quelques hésitations, condamne le montanisme.
Celui-ci s’était répandu jusqu’en Afrique, où Tertullien devait se faire l’ardent propagandiste de son rigorisme exalté. Les titres mêmes de ses ouvrages reprennent les thèmes montanistes signalés ci-dessus.
La secte s’émietta assez rapidement. Au IVe et au Ve siècle, les empereurs Constantin (331) et Honorius (407) prennent des mesures sévères contre les montanistes, dont on trouve encore des traces en Orient au VIe siècle, et à Rome au temps de Grégoire le Grand (déb. VIIe s.).
montanisme [ mɔ̃tanism ] n. m.
• 1846; de Montanus
♦ Relig. chrét. Doctrine hérétique de Montanus, croyance dans l'intervention perpétuelle du Saint-Esprit. — N. et adj. MONTANISTE , 1586 .
● montanisme nom masculin Doctrine de Montanus, appelée encore hérésie phrygienne à cause du lieu d'origine de son fondateur.
⇒MONTANISME, subst. masc.
HIST. DES RELIG. Mouvement spirituel et prophétique, fondé en Phrygie au IIe s. par le moine Montan qui, prétendant avoir reçu des révélations particulières du Saint-Esprit, annonçait l'imminence de la fin du monde et l'avènement du millénium et invitait les chrétiens à s'y préparer en pratiquant un ascétisme rigoureux. De toutes parts il se forma dans l'Église des petites aristocraties (...). L'une d'elles, une aristocratie de piété, fut le montanisme (RENAN, Église chrét., 1879, p.141). La messe, les vêpres, toute la liturgie, on les doit à un premier flot d'enthousiasme juif et phrygien, dont nous avons pu voir les explosions dans l'histoire du montanisme (BARRÈS, Cahiers, t.14, 1922, p.16). À Rome, le pape Zéphyrin (198-217), après quelques hésitations, condamne le montanisme (Encyclop. univ. t.19 1975, p.1289).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1878. Étymol. et Hist. 1840 (Ac. Compl. 1842). Dér. du nom de Montanus (IIe s.), fondateur de cette hérésie; suff. -isme.
montanisme [mɔ̃tanism] n. m.
ÉTYM. 1846; du nom de Montanus.
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♦ Relig. chrét. Doctrine hérétique de Montanus, croyance dans l'intervention perpétuelle du Saint-Esprit.
Encyclopédie Universelle. 2012.