MULHOUSE
MULHOUSE
Un moulin sur le bord de l’Ill est sans doute à l’origine de la ville de Mulhouse. Celle-ci est mentionnée pour la première fois dans un document daté de 717 comme une possession de l’abbaye Saint-Étienne de Strasbourg. Au début du XIIe siècle, elle est entourée d’une enceinte par Wölfelin, prévôt impérial. En 1261, elle ouvre ses portes à Rodolphe de Habsbourg qui chasse le bailli épiscopal. Ville impériale en 1273, elle reçoit une charte d’Adolphe de Nassau en 1293. Elle fait partie de la Décapole en 1354. Pour lutter contre la noblesse d’Alsace, elle conclut une première alliance avec Berne et Soleure en 1466, puis une autre avec Bâle en 1506; elle est admise, en 1515, dans l’alliance des Treize Cantons. Au XVIe siècle, la Réforme y fait de nombreux adeptes. Par le traité de Westphalie, elle reste incorporée à la Confédération helvétique.
La première manufacture d’indiennes est installée, au milieu du XVIIIe siècle, par Samuel Kœchlin, Jean-Jacques Schmaeltzer et Jean-Henri Dollfus. L’essor textile est dû à une bourgeoisie entreprenante aidée de capitaux suisses, et avec lui viennent bientôt les ateliers de machines textiles, de matériel ferroviaire, la chimie. Impulsion qui gagne un espace s’étendant jusqu’aux vallées alsaciennes des hautes Vosges, où abondent main-d’œuvre et eaux courantes. Ayant voté sa réunion à la France en 1798, elle dispose alors du marché national puis colonial, ce qui entraîne une expansion sur tous les plans: industriel, commercial, démographique et topographique. La production triple de 1827 à 1842: au travail du coton s’ajoute celui de la laine et des activités connexes (construction mécanique: machines textiles; chimie: fabrication de colorants). Mulhouse est reliée à Lyon par le canal du Rhône au Rhin en 1834, à Strasbourg et Bâle par le chemin de fer en 1845. De 1801 (7 200 hab.) à 1910 (106 600 hab.), l’accroissement démographique est considérable. Un nouveau quartier est construit entre la gare et la vieille ville, ainsi que des ensembles d’habitation sur l’initiative des patrons, permettant l’accession à la propriété pour les classes modestes. Un autre secteur d’activité se crée avec la mise en exploitation, au début du XXe siècle, par la société minière Amélie, du sel gemme découvert dès 1859 par Gustave Dollfus. Entre les deux guerres mondiales, la ville connaît une certaine stagnation, due d’abord à la crise de 1930, puis à l’arrivée au pouvoir de Hitler, qui en fait une sorte de marche frontière entre la ligne Maginot et la ligne Siegfried. Après 1945, l’activité reprend et se développe à l’échelle européenne avec l’aéroport international de Bâle-Mulhouse (2 millions de passagers en 1993) et les zones portuaires de Mulhouse-Ottmarsheim et Mulhouse - Île-Napoléon. Le complexe portuaire Mulhouse, Ottmarsheim, Huningue (Ports rhénans d’Alsace-Sud) occupait en 1994 le troisième rang des ports français avec un trafic fluvial de 4,1 millions de tonnes.
La relance (109 900 hab. et 226 300 hab. dans l’agglomération en 1990) est le fruit de fortes mutations. Mécanique et électricité ont pris le relais du textile: machines-outils (Manurhin), électromécanique (ascenseurs, automation, bobinage), automobile (Peugeot, 11 500 salariés); avec la chimie (Rhône-Poulenc), les arts polygraphiques, etc., l’industrie emploie 25 p. 100 de la population active du secteur privé. Cette industrie, moderne et performante, favorise le développement du secteur tertiaire: recherche et technologie, commercialisation des produits et des services industriels. Le tertiaire emploie 75 p. 100 des actifs du secteur privé.
Parallèlement ont été développées des activités touristiques (les musées techniques, comme celui de l’Automobile consacré à la collection Schlumpf, ont attiré 1 million de visiteurs en 1993) et culturelles (Opéra du Rhin, Ballet du Rhin, Orchestre symphonique de Mulhouse). Toutefois, si la ville est parvenue à un équilibre, le fait industriel prédomine: Peugeot et d’autres firmes à l’Île-Napoléon, Rhône-Poulenc et engrais Pec-Rhin au port d’Ottmarsheim sur le grand canal d’Alsace et, tout proche, le bassin Potassique.
L’organisation urbaine est complexe. Autour du noyau globulaire de la vieille ville, l’extension des XVIIIe et XIXe siècles porte la marque de l’industrie de plusieurs façons: le nouveau quartier est fait d’immeubles bourgeois et d’affaires; ailleurs, bâtiments industriels et d’habitations s’imbriquent; des cités sont des réalisations sociales du patronat (1853-1900). La ville est alors cernée par le rail (1839-1858) et par le canal du Rhône au Rhin. Son tissu a été remodelé autour de la porte Jeune (nœud central de communications) et, çà et là, parmi les immeubles centenaires. Des grands ensembles ont été construits à la périphérie dans les années 1960 pour répondre aux besoins nés du baby-boom et du développement du secteur automobile. Mais c’est hors des limites communales que l’habitat a surtout progressé, vers l’est (Riedisheim), le nord et le nord-est (de Pfastatt à Illzach et Sausheim), en un tissu complexe où voisinent lotissements individuels, ensembles collectifs, usines et grandes surfaces commerciales. D’où l’enchevêtrement des déplacements de travail, des circulations, la nécessité de rocades pour des flux allant des Vosges au Rhin. Fier de sa vocation de cité technologique, l’ensemble mulhousien est redevenu attractif. Mulhouse, ancien nœud ferroviaire entre la France et la Suisse, est devenue un noeud ferroviaire entre ces deux pays et l’Allemagne. Sa situation géographique, sur l’axe Hambourg-Barcelone, place la ville au cœur de l’Europe. «Métropole d’équilibre à vocation européenne», Mulhouse a accueilli en mai 1994 le soixante-troisième sommet franco-allemand.
Mulhouse
ville de France, ch.-l. d'arr. du Haut-Rhin, sur l'Ill et le canal du Rhône au Rhin; 109 905 hab. Industr. Près de Mulhouse, aéroport international de Bâle-Mulhouse (Euro-Airport).
— Hôtel de ville (XVIe s.). Musées.
Encyclopédie Universelle. 2012.