ASPREMONT
ASPREM
Chanson de geste de plus de onze mille vers décasyllabes rimés, mêlés d’alexandrins, qui célèbre les exploits de Charlemagne et du jeune Roland, dans le sud de l’Italie (elle tire son nom du massif d’Aspromonte en Calabre). Les armées ont en effet franchi les Alpes pour venir s’opposer au roi païen Ajolant qui a envahi la Calabre. L’originalité de ce poème de la fin du XIIe siècle tient d’abord à ce décor géographique, évoquant peut-être les expéditions sarrasines qui menacèrent Rome au IXe siècle. On y trouve aussi une explication des trois attributs caractéristiques de Roland, son olifant, son cheval Veillantif et son épée Durandal, récompense du jeune héros qui a sauvé Charlemagne en tuant son adversaire Aumont. Le poème se range ainsi dans le genre des «enfances» attribuées, dans un cycle épique, à un héros déjà célèbre. On note aussi une certaine tension entre le clergé, représenté par Turpin, et une arrogante noblesse que figure Girart d’Eufrate ou de Fraite. Mais ce personnage, plus connu sous le nom de Girart de Vienne, est lui-même le centre d’une tradition épique — la fin du poème semble y faire allusion en annonçant de nouveaux conflits dont il sera responsable. Le voyage est le prétexte d’épisodes pittoresques et merveilleux: Richier rencontre un griffon qui lui tue son cheval; Naimon doit combattre des oiseaux de proie, un ours et un léopard. Au total, la chanson est animée par un remarquable esprit de croisade. Elle a naturellement suscité un grand intérêt en Italie. D’une version franco-italienne dérivent les Cantari d’Aspramonte et deux textes en prose, dont l’un est l’œuvre d’Andrea Barberino.
Encyclopédie Universelle. 2012.