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accointer

⇒ACCOINTER, verbe trans.
A.— Emploi pronom. S'accointer. Littér., fam. Se lier familièrement avec.
1. S'accointer avec quelqu'un :
1. Delisle de Sales. — Flins. — Vie d'un homme de lettres. Paris, juin 1821. Madame de Farcy s'était accointée, je ne sais comment, avec Delisle de Sales, lequel avait été mis jadis à Vincennes pour des niaiseries philosophiques. À cette époque, on devenait un personnage quand on avait barbouillé quelques lignes de prose ou inséré un quatrain dans l'Almanach des muses.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 178.
2. Ses enfants, moi-même, chacun dans sa diversité, nous travaillons, par nos écarts particuliers, à l'avancement de sa carrière. Le Minotaure aussi, sans le savoir. Aussi viens-je vous demander, Thésée, vous prier instamment de chercher non point à lui faire du mal, mais plutôt à vous accointer avec lui, de manière à lever un malentendu qui oppose la Crète à la Grèce, au grand dam de nos deux pays.
A. GIDE, Thésée, 1946, p. 1427.
2. S'accointer de quelqu'un. Péj. [En parlant notamment du commerce amoureux entre un homme et une femme] ,,Il s'est accointé de cette fille.`` (Ac. 1798); ,,Il s'est accointé d'un homme de fort mauvaise compagnie.`` (Ac. 1835, Ac. t. 1 1932).
B.— Emploi trans., rare [Le compl. désigne une pers.] Fréquenter, approcher une femme, avoir des relations intimes avec elle (cf. accointance B) :
3. ... cette adorable fille venait pour un autre que moi... nous tombâmes d'accord que c'était... pour... d'Astarac, qui l'accointe dans une chambre voisine de la vôtre...
A. FRANCE, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893, p. 252.
4. M. de la Musardière donna rendez-vous à une pucelle dans une étable... Sachez qu'il se garda de l'accointer, de peur d'engendrer un cheval...
A. FRANCE, La Rôtisserie de la Reine Pédauque, 1893 p. 356.
Au fig. Mettre en relation, lier ensemble :
5. Je ne suis jamais que ce que je crois que je suis — et cela varie sans cesse, de sorte que souvent, si je n'étais là pour les accointer, mon être du matin ne reconnaîtrait pas celui du soir. Rien ne saurait être plus différent de moi, que moi-même.
A. GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 987.
Rem. 1. Ce verbe, classé dès FUR. comme ,,vieux mot et hors d'usage`` n'est plus employé que chez des aut. archaïsants. L'Ac. l'a enregistré à partir de 1798 et l'a noté comme fam. L'emploi le plus fréq. est l'emploi pronom., notamment aux formes composées et au part. passé. 2. Néol. d'aut. Accointé à. Proche de, attaché à :
6. Et la plus accotée aux montants du portail,
Aïeule aux maigres doigts, seule laborieuse,
Et seule obéissante et seule impérieuse,
Et la plus accointée au coin du soupirail.
Ch. PÉGUY, Ève, 1913, p. 724.
7. C'est la plus attachée aux dons du Saint-Esprit.
...
Et la plus approchée au cœur de Jésus-Christ
...
C'est la plus accointée aux dons du Saint-Esprit.
Ch. PÉGUY, Ève, 1913 p. 932.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. : (s'-) [], (je m'-, j'-) []. 2. Dér. et composés : accointable, accointance, accointe, accointement. — Rem. Ac. Compl. 1842 met en vedette accointer ou accointier. Pour le redoublement de c, cf. accabler.
Étymol. ET HIST. — A.— Emploi trans. 1. mil. XIIe s. « faire connaître » (Li coronemens Looys, 206 ds G. D'Orange, éd. Jonckbloet ds T.-L. : Et autre chose te veill, fiz, acointier). — XVe s. (G. COUSINOT, Geste des nobl. Fr., c 137, Varlet ds GDF.); 2. 1172/1175 « connaître » (CHRÉT. DE TROYES, Chevalier au Lyon, 6728, éd. Förster ds T.-L. : le chevalier Qu'ele voloit mout acointier Et mout conoistre et mout veoir). B.— Emploi pronom. 1. 1170/1171 s'acointer a « s'attaquer à (qqn) » (CHRÉT. DE TROYES, Cligès, éd. Micha, 1755 : Apres ces deux au tierz s'acointe). — 1er quart XIVe s. (Perceforest ds GDF.); 2. ca 1175 « entrer en rapport avec » (ID., Lion, éd. Förster, 2418 ds T.-L. : A mon seignor Gauvain s'acointe), qualifié de vx dep. FUR. 1690.
Du lat. accognitare formé sur accognitus (part. passé de accognoscere « reconnaître » dep. Varron) « reconnu, éprouvé, ami » (cf. cognitus en relation avec fidelis ds TLL s.v., 1518, 69, voir accointe). Accognitare est attesté en lat. médiév. au sens de « faire connaître, promulguer » dep. IXe s. (Mittellat. W. s.v.). L'hyp. acointier dér. de acointe est improbable du point de vue sém. les 1ers sens attestés de acointier ne reflétant pas le sémantisme de acointe; l'hyp. acointier dér. de l'a. fr. cointe (DIEZ5, DG) est à écarter pour le même motif.
STAT. — Fréq. abs. litt. :7 (accointer); 5 (accointé).

accointer (s') [akwɛ̃te] v. pron. et tr.
ÉTYM. XIIe; du lat. pop. accognitare, formé sur accognitus, de accognoscere « reconnaître ».
Vieux ou littéraire.
1 V. pron. Lier commerce, avoir des relations familières. Fréquenter; acoquiner (s'), péj.; accointance.
1 Me concilier et m'accointer à la mort.
Montaigne, Essais, II, 27.
Vx. Avoir des relations intimes. || Il s'est accointé avec cette femme.
2 V. tr. Fréquenter; mettre en liaison. Rapprocher; attacher.
2 (…) souvent, si je n'étais là pour les accointer, mon être du matin ne reconnaîtrait pas celui du soir.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, VII, in Romans, Pl., p. 987.
3 Hier trois hommes, dont moi, d'amitié très ancienne, se retrouvaient après une longue absence. Notre comportement et nos œuvres n'ont rien qui les accointe. Cependant, tous trois baignions dans un fluide amical, beaucoup plus riche, plus salubre qu'une entente faite d'habitudes communes et de tournures semblables de l'esprit.
Cocteau, Journal d'un inconnu, p. 138.
CONTR. Détacher (se), éloigner (s'), séparer (se).

Encyclopédie Universelle. 2012.