Argot
A.— Emploi abs. ,,Porter des bagages`` (bagots) (BRUANT 1901).
— P. ext. Faire des exercices ou des marches pénibles (cf. L. SAINÉAN, L'Arg. des tranchées, 1915, p. 33 et ESN. Poilu 1919, p. 52).
B.— Marcher en se dépêchant; courir :
• 1. Les autres merdeux des rayons, ça les faisait marrer la manière que je bagottais, la vitesse que j'atteignais pour passer d'un étage à l'autre. Lavelongue, il voulait pas que je pause...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 164.
— Bagoter dans.
♦ Marcher, se promener, aller et venir (cf. L. SAINÉAN, L'Arg. des tranchées, 1915, p. 113) :
• 2. ... des cuistots qui bagotaient dans les rues en chialant parce qu'ils n'avaient pas d'bois ni d'charbon; ...
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 36.
♦ ,,Barboter dans l'eau`` (Ch.-L. CARABELLI, [Lang. campagn.]; cf. également G. ESNAULT, Notes complétant et rectifiant « Le Poilu tel qu'il se parle », 1956).
C.— Emploi pronom., à valeur subjective. Se bagoter. Courir :
• 3. Se bagoter, même sens [que bagoter, errer] : « Est-ce que c'est pas pus prop' d'a'oir le pain sur une étagère (...) que d' l'a'oir à s'bagoter sur un' tab'? »
ESN. Poilu 1919, p. 52.
Orth.— On écrit le plus souvent bagoter. Orth. bagotter dans l'ex. 1 ci-dessus.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1901 arg. (BRUANT : Bagoter, porter des bagages); a) [1910 arg. milit. « manœuvrer » d'apr. ESN.]; 1915, 31 mars, id. « faire du pas de gymnastique, des exercices fatigants », d'où « faire un travail pénible » (Rigolboche, n° 2 ds L. SAINÉAN, L'Argot des tranchées, p. 116 : Quand l'appel a été fait ... les autres [les non malades] démurgent et vont bagoter à l'exercice pour se dégeler les fumerons); b) 1910 pop. « courir » d'apr. ESN.; 1919 (ESN. Poilu : Bagoter, c'est courir comme fait le bagotier qui ahane à côté de la voiture des voyageurs du domicile à la gare ou inversement, pour décharger les bag — bagages —); p. ext. 2. 1915, févr. arg. « marcher, errer » (Écho des Marmites, n° 3 ds L. SAINÉAN, L'Argot des tranchées, p. 113 : Marcher : Bagotter, se baguenauder).
Dér. avec dés. -er de bagot 1897 (J. RICTUS, Les Soliloques du pauvre, p. 121 : quoi qu'tu vas foutre? Fair' des bagots ... ou bien encor Aux Hall's ... décharger des primeurs!), formé sur le rad. de bagage avec suff. -ot.
STAT. — Fréq. abs. littér. :23.
BBG. — RHEIMS 1969 [Cr. Vie Lang. 1969, p. 240]. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 534.
bagoter [bagɔte] v. intr.
ÉTYM. 1901; de bagot.
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♦ Vieux.
1 Porter des bagages.
♦ Argot milit. Faire des exercices ou des marches pénibles.
2 Par ext. Se dépêcher, courir.
0 Oui, c'était c'te femme que j'ai jamais su approcher avant, tu sais, — que j'voyais d'loin, sans pouvoir jamais y toucher, comme des diamants. Elle courait, tout partout, tu sais. Elle bagotait dans les lignes. Un jour, elle a dû r'cevoir une balle, et rester là, morte et perdue, jusqu'au hasard de c'te sape.
H. Barbusse, le Feu, t. II, II, XVII, p. 9.
Encyclopédie Universelle. 2012.