Akademik

OPÉRA DE PARIS
OPÉRA DE PARIS

OPÉRA DE PARIS

C’est le 28 juin 1669 que l’abbé Perrin et Robert Cambert obtiennent de Louis XIV le privilège d’«Académie d’opéra ou représentations en musique et en langue françoise», fondant ainsi l’Académie royale de musique, qu’ils installent en 1670 dans la salle du jeu de paume de la Bouteille. Treize salles, dont le théâtre de la Porte-Saint-Martin, le théâtre Montansier, la première salle Favart, le théâtre Louvois et, enfin, la salle Le Peletier abriteront successivement les représentations de l’Académie, qui prendra les qualificatifs de royale, impériale ou nationale selon le contexte politique. Des premiers temps surnagent les noms de directeurs ou d’auteurs glorieux: Lully (1672-1687), qui en sera le premier maître incontesté, Rameau (1733-1760), qui y produira vingt-quatre opéras, Gluck (1773-1779), avec la fameuse querelle qui opposa ses partisans à ceux de Piccinni. À partir de 1807, Spontini et Cherubini instaurent le style du grand opéra à la française, qui atteindra son apogée au milieu du XIXe siècle, avec Meyerbeer, Rossini ou Halévy dans de somptueuses réalisations scéniques signées Daguerre ou Cicéri. Imposant ce style grandiose comme modèle à l’Europe entière, l’Opéra connaît alors son plus grand rayonnement.

Lorsque la salle Le Peletier disparaît dans les flammes en 1873, le nouvel opéra commandé à Charles Garnier par Napoléon III est encore en construction. Il sera inauguré le 5 janvier 1875 et comporte 2 156 places; c’est alors la plus grande scène du monde. Massenet et Gounod y connaissent des triomphes, ainsi que Verdi et, plus lentement, mais plus profondément, Wagner, notamment lors de la direction d’André Messager (1908-1914). Jacques Rouché, qui sera directeur de 1915 à 1939, puis administrateur de 1940 à 1944 lorsque sera créée la Réunion des théâtres lyriques nationaux (R.T.L.N., liant ainsi le sort de l’Opéra-Comique à celui de l’Opéra), demeure la personnalité marquante de l’entre-deux-guerres, où l’Opéra rayonne par la qualité de ses chanteurs autant que par la variété de son répertoire.

Après 1945, au contraire, un déclin réel correspond au désintérêt des Français pour une forme d’art qui ne suscite pas chez eux les révolutions qu’il connaît en Italie (avec Maria Callas) et en Allemagne (avec Wieland Wagner). Malgré quelques grandes réussites (Les Indes galantes , Carmen ), les directions successives de Maurice Lehmann, Georges Hirsch, Jacques Ibert, Georges Auric... amènent à la fermeture en 1972 et à la nomination de Rolf Liebermann comme administrateur général et de Georg Solti comme directeur musical. La période qui suit, de 1973 à 1980, sera parmi les plus brillantes de l’histoire de l’Opéra, remettant la scène parisienne pour un temps au premier rang mondial. Mais, à la succession de Liebermann, l’ingérence de l’État de plus en plus effective ainsi que la dispersion des pouvoirs au sein même de l’établissement seront l’occasion d’un déclin rapide malgré les personnalités de Bernard Lefort et de Massimo Bogianckino. Et, tandis que le palais Garnier achevait de s’enliser sous l’administration de Jean-Louis Martinoty, les querelles de personnes et de pouvoir se cristallisaient autour du nouveau théâtre voulu par François Mitterrand et construit par Carlos Ott. L’Opéra-Bastille est inauguré le 13 juillet 1989. Il est réuni au palais Garnier dans l’Association des théâtres de l’Opéra de Paris (A.T.O.P.), avec un président commun, Pierre Bergé (1988-1994); en 1989, Myung-Whun Chung est nommé directeur musical de l’Opéra-Bastille, poste qu’il quitte en 1994 après un conflit avec le nouveau directeur désigné, Hugues Gall, qui prend ses fonctions en août 1995. En 1994, l’ensemble palais Garnier - Opéra-Bastille prend le nom d’Opéra national de Paris (O.N.P.).

Encyclopédie Universelle. 2012.