ORONTE
ORONTE
Rivière du Proche-Orient, l’Oronte (en arabe, Nahr al-‘As 稜: «le fleuve rebelle») est long de 570 kilomètres et présente un débit moyen de 78,5 mètres cubes par seconde. Il naît au Liban, dans la Bekaa (Ain Zerqa: la «Source bleue»), au nord du seuil de Baalbek qui le sépare du bassin du Litani. Il traverse des seuils rocheux et draine d’anciennes cuvettes; aussi sa vallée, de formation récente, comprend-elle une succession de gorges au profil très raide et de paliers en pente très douce, occupés par des marécages. Torrent montagnard au Liban, il coule dans des gorges incisées dans le plancher aride de la Bekaa. Il débouche en Syrie dans la trouée de Homs où il s’extravase en un lac marécageux, le lac de Homs, retenu derrière un barrage naturel de basalte, renforcé artificiellement depuis l’Antiquité et utilisé pour l’irrigation. Puis il s’encaisse dans des gorges basaltiques en amont de Rastan avant de faire un grand détour vers l’est, creusant une large vallée aux flancs adoucis dans la craie. Rejeté à l’ouest par l’obstacle du djebel Ala, il passe à Hama et débouche dans le fossé du Ghab après avoir creusé une gorge abrupte dans le calcaire en amont de Cheizar. Il se perd alors dans l’immense fossé du Ghab où il se répandait en marécages aujourd’hui quasi asséchés. Il quitte le Ghab en franchissant en rapides la barre basaltique de Karkor. De Djisr ech-Choghour à Derkouch, il a un parcours montagneux avant de déboucher dans la dépression de l’Amik (ou Amouk) en Turquie. Il change alors radicalement de direction, tourne vers le sud-ouest, reçoit l’émissaire du lac marécageux de l’Amouk alimenté par le Kara Sou et l’Afrine, ses deux seuls affluents notables, puis il traverse Antakya (Antioche) et se jette dans la Méditerranée après avoir franchi le petit bloc du djebel Semaan par un ultime défilé.
Son régime régulier (crues d’hiver et de printemps), dû à son alimentation karstique et à ses réservoirs marécageux, lui assure un débit minimal de 35 mètres cubes par seconde qui a été mis à profit de longue date: la digue de Homs relève le niveau du lac depuis l’époque pharaonique; restaurée à l’époque romaine, rehaussée sous le mandat français, elle permet d’irriguer les jardins de Homs, entre Rastan et le Ghab; dans la région de Hama, de gigantesque norias pittoresques fonctionnent depuis l’Antiquité, mais l’irrigation s’est développée grâce à des stations de pompage. Le barrage de Rastan (1961) constitue un grand réservoir pour irriguer le Ghab (70 000 ha), drainé et mis en valeur depuis 1968. Au-delà du Ghab, quelques norias et pompes irriguent de petits jardins, mais la plaine de l’Amouk (100 000 ha) a été complètement transformée: aux cultures traditionnelles (céréales, arbres fruitiers) se sont ajoutées les cultures du riz, du coton et de la betterave à sucre. Ce fleuve célèbre a suscité depuis l’Antiquité un ruban d’oasis générateur de villes prospères: Homs, Rastan, Hama, Apamée (de nos jours en ruines) et Antioche. Les techniques modernes ont permis d’étendre considérablement le domaine irrigué. Axe de vie reliant d’importantes villes, l’Oronte n’est pas un axe de communication à cause de ses gorges et de ses marécages.
Oronte
Encyclopédie Universelle. 2012.