PAESTUM
PAESTUM
Le site de Paestum, en grec Poseidônia, s’élève à 35 kilomètres au sud de Salerne, en retrait de la côte, sur un banc de calcaire épargné par les tremblements de terre et dominant de peu une plaine d’alluvions fertiles apportées notamment par le Sele au nord, et le Salso au sud. Dans cette plaine, riche et bien protégée par les montagnes environnantes, se rencontraient une route côtière nord-sud, une transversale reliant, par la haute vallée du Sele, l’arrière-pays et même l’Adriatique à la mer Tyrrhénienne, enfin une voie qui, par le Valle di Diano et Sala Consilina, gagnait les villes de la côte ionienne. Le Sele (dans l’Antiquité, le Silaris) faisait frontière entre l’Italie centrale et l’Italie méridionale, entre la Campanie et la Lucanie, et marquait l’extrême avancée méridionale de la civilisation étrusque aux confins de la Grande-Grèce. Des installations paléolithiques ont été reconnues sur les pentes proches; le site fut occupé dès le Néolithique, et les nécropoles voisines (Gaudo surtout) attestent qu’il ne cessa de l’être depuis la fin de l’Âge du bronze. On a retrouvé un peu de céramique chypriote et mycénienne, ce qui indique des contacts au moins indirects avec le monde égéen dès le \PAESTUM XIVe ou le \PAESTUM XIIIe siècle, mais la ville ne fut fondée que vers \PAESTUM 625, peut-être par les Sybarites qui souhaitaient en faire une tête de pont pour leur commerce, peut-être aussi par des colons thessalo-béotiens débarqués vers le milieu du \PAESTUM VIIe siècle à l’embouchure du Sele, où ils fondèrent un important sanctuaire de Héra Argienne (Héraïon du Silaris). Poseidônia, ville grecque, puis lucanienne à partir de la fin du \PAESTUM Ve siècle, connut une grande prospérité commerciale jusqu’au \PAESTUM Ier siècle. Les Romains, victorieux des Lucaniens, y installèrent en \PAESTUM 273 une colonie de droit latin et laissèrent à Paestum une relative autonomie, en échange de quoi elle resta loyale à Rome même durant les guerres puniques. Puis l’accroissement des relations de Rome avec la Méditerranée orientale et le déplacement des grandes routes commerciales vers l’Adriatique condamnèrent Paestum à un lent déclin. Elle fut encore le siège d’un épiscopat avant que ses habitants ne fuient devant les Sarrasins et ne l’abandonnent au milieu des marais, où elle fut oubliée jusqu’au XVIIIe siècle. La préhistoire de la région, l’histoire, l’urbanisme, l’architecture de la ville et de l’Héraïon, la production artistique enfin, sculpture, tombes peintes, céramique et figurines de terre cuite retiennent l’attention des archéologues et des historiens de l’art. Les circonstances de l’installation des Grecs dans la région — motifs, dates, processus de colonisation — sont encore à préciser. Les Grecs ont conçu l’enceinte archaïque, relativement restreinte, percée aux quatre points cardinaux de portes qui subsistent dans le rempart actuel, restauré ou construit par les Lucaniens et les Romains sur un nouveau tracé. Entre les quatre portes, l’orientation des deux axes principaux, qui définissait les grandes lignes du premier urbanisme, a été aussi modifiée: parallèle au cardo et au decumanus , la trame urbaine actuellement visible date de l’époque républicaine et ne coïncide pas avec les plans antérieurs de la ville. Entre l’avenue nord-sud et nord, la voie sacrée à l’ouest et la route moderne à l’est, s’étend la principale zone archéologique où se succèdent le sanctuaire urbain de Héra, le forum et ses bâtiments environnants, des quartiers d’habitation et le sanctuaire d’Athéna. Trois temples doriques assez bien conservés font la renommée du site, l’Héraion I, dit Basilique (env. \PAESTUM 550, D. Mertens, 1993), le temple d’Athéna, dit de Cérès (env. \PAESTUM 510) et l’Héraion II, dit temple de Poséidon (\PAESTUM 450). Sur les lieux de l’agora grecque, le forum (E. Greco, D. Theodorescu, 1980-1987) bordé de portiques, est environné de tabernae et d’édifices civils et religieux: ancien bouleutérion de la cité grecque, «temple italique» ou Capitole de la ville romaine, curie; tout près, l’amphithéâtre et, à l’opposé, près de la voie sacrée, une chapelle souterraine du \PAESTUM VIe siècle, sans doute dédiée à une divinité chtonienne de la Fécondité. Les sanctuaires urbains et extra-urbains, comme l’Héraion du Silaris, livrent à l’étude de l’architecture archaïque et classique plusieurs petits temples, des «trésors», des autels, beaucoup de terres cuites architecturales richement peintes et surtout une très belle collection de métopes sculptées (env. \PAESTUM 550). Dans les nécropoles récentes (Arcioni, Andrivolo-Laghetto, Ponte di Ferro, S. Venera, Spinazzo, Licinella, Spina Gaudo), de nombreuses tombes à chambre ou à ciste étaient revêtues de fresques. La célèbre tombe du Plongeur (env. \PAESTUM 470) est un exemplaire trop rare de la grande peinture grecque du \PAESTUM Ve siècle; des banquets, un échanson et le départ du défunt décorent les parois verticales, un plongeur, la dalle de couverture; la cohérence de la composition, la finesse du dessin et le rendu délicat des personnages en font une œuvre de premier plan. Sur des centaines de plaques datées pour la plupart du \PAESTUM IVe siècle et de la première moitié du \PAESTUM IIIe , le répertoire, d’inspiration surtout funéraire — adieux, déplorations, jeux funèbres, séjours aux enfers, etc. — reflète l’image que la société paestane se donne d’elle-même et permet d’étudier les techniques et l’évolution de la grande peinture lucano-campanienne (A. Pontrandolfo, A. Rouveret, 1989, 1993). Des armes, des bijoux, de très beaux vases contribuent à la splendeur des tombes, qui coïncide, de fait, avec une importante production locale de céramique où se distinguent des peintres de premier plan, très heureusement influencés par la céramique apulienne, tels Asstéas, Python et le Maître d’Aphrodite. Enfin, sanctuaires et nécropoles livrent des milliers de figurines en terre cuite, produites sans interruption du \PAESTUM VIIe siècle à l’époque hellénistique par les officines locales.
Paestum
v. de l'Italie anc., au S. de Naples, fondée par les Sybarites à la fin du VIIe s. av. J.-C. Ruines célèbres (trois temples grecs d'archi. dorique).
Encyclopédie Universelle. 2012.