PEIRE VIDAL
PEIRE VIDAL (1150?-env. 1210)
Fils d’un peaussier de Toulouse, Peire Vidal ne peut rester en place. Plus que tout autre troubadour, il parcourt le monde ouvert à la civilisation occitane du temps, célébrant dans ses chansons les grandes dames qui peuvent le protéger et mettant sa plume au service des grands dans ses sirventès (poèmes à sujets autres que l’amour). De Toulouse, où il sert Raimond V, il part pour l’Aragon et la Provence. Il est l’ami de Barral des Baux, vicomte de Marseille, et du roi d’Aragon, Alphonse II. En Castille, on le trouve à la cour d’Alphonse VIII. Il se met, en Italie, au service du marquis Boniface de Montferrat; il accompagne la princesse d’Aragon, Constance, en Hongrie où elle va épouser le roi. En 1202, il est à Gênes où il se sent si bien qu’il se proclame plaisamment «empereur» des Génois. En 1204, on le retrouve à Malte. Ses nombreuses aventures créent la légende de son mariage avec une petite-fille de l’empereur de Constantinople.
Son œuvre est double: chansons d’amour et sirventès politiques. Dans les premières, il traite les thèmes traditionnels, mais avec une ironie et une fantaisie qu’on ne retrouve pas ailleurs, si bien que les lieux communs de la chanson en sont considérablement rajeunis: Alfred Jeanroy a pu dire à ce propos que «dans cet alerte Toulousain, qui est un vrai gamin de Paris, il y a déjà l’étoffe d’un Marot». Dans ses sirventès, il se montre, à l’égard des grands qu’il sert, à la fois un judicieux conseiller politique et un critique plein de verve, faisant toujours preuve d’une pénétrante intelligence des hommes et des choses.
Encyclopédie Universelle. 2012.