⇒VIÉDASE, VIÉDAZE, subst. masc.
A. — Vx. Personne idiote, bête. Synon. con. Et M. Cassandre de ramasser piteusement sa perruque, et Arlequin de détacher au viédase un coup de pied dans le derrière, et Colombine d'essuyer une larme de fou rire, et Pierrot d'élargir jusqu'aux oreilles une grimace enfarinée (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 84). Ah çà! est-ce que je vais rester là planté comme une idole, se dit à lui-même le bretteur impatienté de ses propres tergiversations; je dois avoir l'air d'un franc viédaze regardant voler les coquecigrues, avec ma mine ahurie et quidditative (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 310).
— [Comme terme d'injure, dans une interpellation dir.] Vous êtes des j...-f..., des viédases, des gourgandines, des sardanapales, des fripons qui buvez le sang du pauvre peuple [en style d'Hébert] (DESMOULINS ds Vx Cordelier, 1793-94, p. 247). Il gueulait ceci:— Ah! pour le coup, mon bonhomme, tu as ton compte. (Il en était au tutoiement.) Il n'y a pas à dire: mon bel ami! Cette fois, c'est un théolozien qui t'interroze, un ministre des autels, milledioux! Qu'est-ce que tu vas lui répondre, viédase? (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 84).
B. — Région. (Midi). Aubergine. J'ai failli encore crever en Provence (...). Je fus pendant deux jours aux bords du sombre empire (...) le mistral vint à souffler, et dix minutes après je mangeais une perdrix et des viédazes (MÉRIMÉE, Lettres F. Michel, 1852, p. 59).
Prononc. et Orth.:[vjeda:z]; [-]. Ac. 1762-1878: -dase; Lar. Lang. fr.: -daze ou -dase [-da:z]; ROB. 1985: -daze [-]. Étymol. et Hist. 1. a) 1532 viet d'aze « vit d'âne » (RABELAIS, Pantagruel, XI, éd. V. L. Saulnier, p. 84); b) 1534 vietdaze « imbécile, couillon (terme d'injure obscène) » (ID., Gargantua, Prologue, éd. R. Calder, M. A. Screech et V. L. Saulnier, p. 18); 2. 1842 vietdaze « nom populaire de l'aubergine dans le Midi » (Ac. Compl.). Mot occit. signifiant propr. « vit d'âne », comp. de viet « vit » (v. ce mot) et de aze « âne » (v. ce mot).
viédaze [vjedɑz] n. m.
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♦ Vieux.
1 Vit, verge de l'âne (ou du mulet).
2 (1611). Imbécile, niais.
1 Ah çà ! est-ce que je vais rester là planté comme une idole, se dit à lui-même le bretteur impatienté de ses propres tergiversations; je dois avoir l'air d'un franc viédaze regardant voler des coquecigrues, avec ma mine ahurie et quidditative.
Gautier, le Capitaine Fracasse, XII.
2 Y en a un autre, gros et court; un viédaze, et un qui siffle de la musique qu'on dirait un orgue à bouche.
J. Giono, Colline, Pl., t. I, p. 139.
Encyclopédie Universelle. 2012.