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PRODUCTIQUE
PRODUCTIQUE

PRODUCTIQUE

Appliquée à tout ce qui concerne la production de biens et de services, la productique est l’une des bases de l’économie des pays industrialisés. Elle constitue la clé de la compétitivité et se fonde sur la production intégrée par ordinateur. L’évolution très rapide des méthodes de production et de gestion dans les entreprises a entraîné la mise en œuvre de flux d’information croissants. Celles-ci ont donc dû recourir à des systèmes de communication interne qui leur donnent accès à une information complète en temps utile en vue d’un pilotage fin et rigoureux de la totalité de leurs fonctions. Les performances des réseaux locaux industriels sont d’autant plus accusées que les matériels de constructeurs divers peuvent désormais être connectés. L’échange des informations passe aussi par le raccordement de types de matériels d’automatismes et d’informatique différents par le truchement de réseaux locaux appelés hétérogènes.

La productique a impliqué un remaniement complet de la manière de produire en fonction des critères que sont la qualité, l’adaptabilité et la compétitivité. Cette réorganisation a apporté des changements qui vont bien au-delà de la sphère stricte de la production. Les nouvelles formes de production s’appuient sur les quatre conditions suivantes.

Le renforcement de la conception : le savoir-faire de la production s’est déplacé en effet en direction de la conception qui définit globalement les tâches, depuis leur enchaînement jusqu’à l’écoulement des fabrications, en passant par l’approvisionnement, la circulation des pièces, la réparation des pannes. Il s’agit là d’une véritable politique de concentration du savoir-faire qui n’hésite pas à faire appel à des systèmes experts pour stocker du savoir-faire pur dans les machines, à la gestion de production assistée par ordinateur, à l’automatisation de l’enregistrement des flux des matières premières et des fournitures, aux logiciels modulaires, adaptables aux besoins et à la dimension de chaque entreprise, évolutifs, permettant de suivre le produit à la trace depuis son lancement jusqu’à son entrée en produits finis; d’autres logiciels favorisent les stimulations d’expéditions et réduisent au minimum l’en-cours de stockage.

Le changement des profils professionnels : la productique n’a certes pas modifié la technologie, mais les compétences requises pour l’utilisation de celle-ci. Chaque type d’activité a ses exigences spécifiques en fonction de ses propres automatismes. La logique câblée, par exemple, impose à l’électronicien de ne plus œuvrer qu’à l’écran: les modifications de produits ainsi que les réglages s’effectuent par logiciel; par suite de la multiplication des capteurs — température, pression, couleur, etc. —, le travail de production se résume en la gestion d’alarmes; le conducteur de machine doit s’initier aux commandes électroniques et au fonctionnement de l’affichage informatisé pour être à même de détecter les causes de grippage mécanique; grâce à un bon système de capteurs, on peut corriger les défauts avant la fabrication. Mais les anciennes compétences ne deviennent pas nécessairement caduques, bien au contraire; au nouveau savoir-faire électronique s’ajoute en le valorisant l’acquis antérieur. On passe ainsi de compétences multiples, au moins doubles, à un savoir-faire d’utilisation et de suivi de machines de plus en plus complexes; le salarié doit notamment s’adapter à la généralisation des systèmes experts dans les usines; son activité professionnelle est surtout transformée par le niveau d’abstraction auquel il est appelé à se situer pour utiliser les systèmes experts, et non pas tellement par la technicité elle-même.

La maîtrise de l’opacité technologique : nos systèmes de formation, secondaire et surtout supérieur, nous ont habitués pendant longtemps à viser à comprendre avec minutie le pourquoi du fonctionnement d’une machine; ils associaient sciemment la compétence de l’utilisation et celle de la compréhension. Il n’est plus possible de préserver cette symbiose dans le domaine qui nous concerne ici: il est préférable d’apprendre à utiliser les nouvelles technologies plutôt que de les comprendre. La notion de seuil d’incompréhension est donc admise, sans que l’on soit accusé de déroger aux règles de sérieux en usage sur le plan professionnel. Il n’est plus indispensable, si l’on désire être reconnu comme un bon producteur, de dominer, en les sachant manier, tous les secteurs de son activité et d’apparaître ainsi comme celui qui dépassait en tout le niveau de ses collaborateurs. Il faut accepter l’idée de l’opacité technologique, qui consiste à promouvoir un savoir d’utilisateur plutôt qu’un état d’esprit d’ingénieur spécialisé dans la compréhension de tout ce qu’il est chargé de traiter. Les nouvelles formes de production facilitent cette orientation: l’automatisation uniformise et rassemble les informations sur un circuit unique. Elle transforme les données analogiques en informations numériques, multiplie les capteurs et les systèmes de saisie. La suppression des informations intermédiaires réduit les zones d’incertitude créatrices de micro-pouvoirs; même les micro-pouvoirs qui subsistent peuvent être transformés en relais stratégiques.

La promotion d’un projet d’entreprise : la productique ne peut être efficace que sous réserve de concevoir l’entreprise comme un tout au service du même système, allant dans la même direction et poursuivant les mêmes objectifs. Malgré les difficultés, la productique peut réussir à créer un sens commun grâce à la contrainte informatique et à ses relais, en dépit du fait, en apparence contradictoire, que la rationalisation du système d’information conduit à individualiser les utilisateurs.

productique [ prɔdyktik ] n. f.
• 1980; de production, d'apr. informatique
Application de l'automatique et de l'informatique aux processus de production industrielle. robotique (cf. Conception assistée par ordinateur).

productique nom féminin (de production et informatique) Ensemble des techniques informatiques et automatiques visant à améliorer la productivité (robotique, conception assistée par ordinateur, etc.). ● productique adjectif Relatif à la productique.

productique
n. f. Ensemble des techniques qui concourent à l'automatisation de la production dans les usines.

productique [pʀɔdyktik] n. f.
ÉTYM. 1980; de production, d'après informatique, télématique.
Application de l'informatique aux processus économiques de production. || « La “productique” qui veut assurer la maîtrise totale de la production depuis l'étude jusqu'à la fabrication en passant par la gestion automatique des projets industriels et des ateliers » (Sciences et avenir, no 415, p. 1695).

Encyclopédie Universelle. 2012.