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PRODUIT NATIONAL
PRODUIT NATIONAL

PRODUIT NATIONAL

L’agrégat produit national est au cœur du système de comptabilité nationale des Nations unies, duquel s’inspirent le système européen de comptes économiques intégrés (1970) et le système élargi de comptabilité nationale français (1976), qui est une variante de ce dernier.

Le produit national (P.N.) représente le résultat final de l’activité de production des unités économiques résidentes. Son calcul s’effectue de la manière suivante: on évalue d’abord le produit intérieur en agrégeant les valeurs ajoutées des unités économiques dont l’activité consiste à créer, à partir de facteurs qui s’échangent sur le marché, des biens et des services qui peuvent eux-mêmes faire ou ne pas faire l’objet d’échange (production marchande et production non marchande); on adjoint à ce premier agrégat la somme des revenus reçus du reste du monde déduction faite de ceux versés au reste du monde. Si les amortissements sont inclus (les valeurs ajoutées étant brutes), on obtient le produit national brut (P.N.B.). S’ils sont déduits, le produit national est net. Ainsi calculé, le P.N. est dit au prix du marché. Si l’on en déduit les impôts indirects nets de subvention, le P.N. est dit au coût des facteurs et s’il est net il est alors égal au revenu national.

Le P.N.B., le plus souvent utilisé du fait de la difficulté d’évaluer les amortissements, est souvent utilisé comme indicateur de la croissance d’un pays (voire, s’il est calculé par tête, de son niveau de vie) ou du niveau de développement relatif atteint par les divers pays du monde. Pourtant les premiers spécialistes de la comptabilité nationale, François Perroux en particulier, avaient immédiatement mis en garde contre «le mythe du chiffre unique» ou les limites d’un instrument dont les méthodes de calcul sont très discutables. Trois groupes de questions peuvent être énoncées.

– Le P.N.B. ne peut être une «quantité vraie» (Bertrand de Jouvenel), il est une évaluation monétaire. Dès lors, les structures de la production évoluant dans le temps, ne serait-ce que par l’existence de produits nouveaux, et différant de pays à pays (surtout entre pays développés et pays en développement) par l’étendue de l’autoconsommation et la nature industrielle ou non de l’activité, aucune procédure de déflation ou de conversion monétaire aux taux de change courants ne peut permettre de comparaison sérieuse dans le temps ou de pays à pays. Il en est a fortiori ainsi lorsque la comparaison porte sur des pays de systèmes économiques différents, entre lesquels les définitions mêmes des agrégats divergent (dans certains pays de l’ex-U.R.S.S., l’agrégat produit matériel net continue d’être utilisé par la comptabilité nationale au début des années 1990).

La notion de produit n’est claire qu’en apparence, et le P.N.B. (en anglais: G.N.P., gross national product ) additionne sans discrimination des produits et des coûts, des productions et des consommations (ce qui explique que l’on ne puisse non plus y voir un gross national cost comme le propose Kenneth Boulding): l’accroissement du rythme de l’amortissement peut être dû à celui de l’usure des machines; les industries militaires détournent des moyens de production et des compétences et réduisent donc la masse des biens disponibles économiquement; les activités antipollution sont comptabilisées sans que la pollution soit jamais déduite; les services de santé sont comptabilisés (à leur coût en personnel, si bien que l’augmentation de productivité dans ces services réduit leur participation au P.N.B.!), mais l’on ne décompte pas les coûts en accidents et en maladies des autres activités productives. Ce sont là les conséquences d’une absence de définition rigoureuse et homogène de la production et des coûts. Celle-ci est considérée au seul niveau empirique comme le résultat de l’activité sociale de l’ensemble des agents, qu’il s’agisse de biens matériels, de services liés à la production matérielle ou de services personnels, alors que les seuls coûts pris en considération sont les utilisations de biens matériels déjà produits. La conception de la production semblerait renvoyer à une théorie de la valeur-utilité, mais sous son aspect primitif, «prémarshallien», comme si les désutilités n’existaient pas. Somme d’éléments positifs et d’éléments négatifs, l’agrégat n’a plus de signification certaine.

Le qualificatif de national est ambigu lorsque le «résident» est une grande firme plurinationale. L’économiste Maurice Bye recommandait de faire des comptabilités séparées des activités de la nation et de ces grandes firmes. Si on le suivait, les taux de croissance du P.N.B. par habitant des pays en développement se révéleraient pour ce qu’ils sont, nettement moins élevés qu’en apparence, mais ils refléteraient alors plus exactement la réalité.

Encyclopédie Universelle. 2012.