PROTESTANTISME
APPARU au début du XVIe siècle, le protestantisme a voulu être un retour à l’évangile qui s’opposât aux ajouts de la tradition et à la hiérarchisation de la société ecclésiastique. Luther proclama la liberté chrétienne. Soumis à son Dieu, le chrétien n’en était pas moins libre. Libre au niveau de son salut: sa justification n’était pas liée à ses œuvres, mais seulement à l’œuvre du Christ perçue par la foi (refus des indulgences, du purgatoire, etc.). Libre par rapport à l’Église: celle-ci était avant tout communion, définie par la prédication de l’évangile et l’administration des sacrements (un laïc qui interprète correctement l’Écriture pouvant avoir raison contre le pape ou le concile). Libre vis-à-vis des observances légalistes: le Christ n’a donné en fait qu’un seul précepte, l’amour (les vœux monastiques sont donc condamnés, le chrétien doit vivre son christianisme dans la vie quotidienne «mondaine»).
Issue d’insatisfactions religieuses, la Réforme s’enracinait dans des structures sociales, économiques et politiques. Le déclin de la féodalité, la montée de nouvelles forces (bourgeoisie et pouvoir monarchique) lui donnèrent la possibilité de s’affirmer tout en lui traçant ses limites.
La peur du protestantisme radical, qui estimait que la liberté chrétienne impliquait une libération sociale (certains mouvements anabaptistes) ou niait le dogme de la Trinité (socinianisme), amena la constitution de nouvelles organisations institutionnelles plus ou moins hiérarchisées (sous la surveillance du pouvoir temporel) et l’élaboration de confessions de foi normatives, puis de nouvelles scolastiques. Des «protestations» s’élevèrent derechef contre cette codification renaissante. Elles prirent des sens divergents: non-conformisme, piétisme, sectes mystiques, revivalismes, libre pensée religieuse.
Il n’est donc guère étonnant que le protestantisme actuel puisse être qualifié de «confession sans frontières» (Hromadka). Il comprend des courants théologiques très divers (libéralisme et néo-libéralisme, théologies politiques, orthodoxies luthériennes et calvinistes, littéralisme biblique, mouvements pentecôtistes et charismatiques, etc.) et des systèmes ecclésiastiques différents (épiscopalisme, régime presbytérien synodal, congrégationalisme). Cependant, ces diverses réalités se trouvent étroitement imbriquées. Elles ont joué un rôle dans la naissance et le développement du capitalisme, dans l’évolution des structures politiques, culturelles et symboliques. Elles se trouvent maintenant confrontées aux problèmes nés de la sécularisation et de la profonde transformation des rapports entre le Nord et le Sud de notre planète.
protestantisme [ prɔtɛstɑ̃tism ] n. m.
• 1623; de protestant
1 ♦ La religion réformée, ses croyances (spécialt en ce qu'elles diffèrent des dogmes de l'Église catholique et romaine); l'ensemble des Églises protestantes (⇒ anglicanisme, calvinisme, méthodisme, etc.). Le protestantisme reconnaît une autorité souveraine à l'Écriture sainte. Importance de la prédestination dans le protestantisme.
2 ♦ Ensemble des protestants (d'une région, d'un pays). Le protestantisme français.
● protestantisme nom masculin Ensemble des doctrines religieuses et des Églises issues de la Réforme. ● protestantisme (citations) nom masculin André Gide Paris 1869-Paris 1951 Le catholicisme est inadmissible, le protestantisme est intolérable. Journal Gallimard
protestantisme
n. m. Doctrine et culte de la religion réformée.
|| Ensemble des églises protestantes, des protestants.
Encycl. Le protestantisme réduit l'orthodoxie à quelques thèmes fondamentaux: le salut par la foi en Jésus-Christ, et non par les oeuvres, ni par la médiation de la Vierge et des saints; la prépondérance de l'écriture (lieu privilégié de la parole de Dieu) sur les prescriptions de la hiérarchie et, par conséquent, la participation de tous les fidèles, inspirés par l'Esprit-Saint, à l'interprétation des écritures. Actuellement, les protestants et anglicans (qui, eux, constituent un cas particulier d'égl. réformée) sont approximativement 350 millions, répartis sur l'ensemble des cinq continents. (V. Réforme, Luther et Calvin.)
⇒PROTESTANTISME, subst.
RELIGION
A.— Religion professée par les protestants. Synon. religion réformée. Le protestantisme allemand; adhérer au protestantisme; combattre le protestantisme. Le protestantisme choisit mal le lieu et prend mal son temps (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 109). M. Isambert (...) vient de se convertir au protestantisme et occupe son peu de loisirs à poursuivre des études d'exégèse et de théologie (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 726). Le protestantisme se vide par le haut; le catholicisme se vide par le bas (GREEN, Journal, 1941, p. 92).
— P. anal. Croyance, religion qui se démarque d'une autre comme le protestantisme à l'égard du catholicisme. La religion romaine semble un protestantisme à l'égard de la religion étrusque (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 95).
B.— Vx. Ensemble des Églises protestantes (d'apr. LITTRÉ).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. 1623 « la religion protestante » (DELB. Notes mss); p. ext. 1831 « attitude morale et intellectuelle propre aux protestants ou rappelant celle des protestants » (MICHELET, Introd. Hist. univ., p. 458); 2. 1790 [éd.] « l'ensemble des églises protestantes et de leurs membres » tout le protestantisme de l'Europe (DUCLOS [† 1772], Mém. secrets sur le règne de Louis XIV ds Œuvres compl., Paris, t. V, 1806, p. 185). Dér. de protestant; suff. -isme. Fréq. abs. littér. :340. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 667, b) 333; XXe s. : a) 466, b) 416.
protestantisme [pʀɔtɛstɑ̃tism] n. m.
ÉTYM. 1623; de protestant.
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1 La religion réformée, ses croyances (spécialt., en ce qu'elles diffèrent des dogmes de l'Église catholique et romaine); l'ensemble des Églises protestantes. ⇒ Christianisme; réforme; anglicanisme, baptisme, calvinisme, évangélisme, luthéranisme, méthodisme, presbytérianisme, etc. || Protestantisme piétiste, puritain… || Le protestantisme reconnaît une autorité souveraine à l'Écriture sainte. || Importance du péché originel, de la prédestination, refus du culte des Saints, de la Vierge…, dans le protestantisme (→ aussi Intercesseur, cit. 2). || Le baptême, l'eucharistie, sacrements pratiqués dans le protestantisme.
1 Le protestantisme doute, examine et tue les croyances, il est donc la mort de l'art et de l'amour.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 990.
2 Le modèle de la société sur-répressive, c'est celle qui eut pour idéologie dominante le protestantisme. Beaucoup plus fine et plus rationnelle que le catholicisme en tant que théologie et philosophie, beaucoup moins répressive par l'appareil, les dogmes et les rites, la religion protestante accomplit plus subtilement les fonctions répressives de la religion. Chacun porte en soi son Dieu et sa raison. Chacun devient son prêtre. Chacun se charge de réprimer les désirs, de contenir les besoins.
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 272.
Encyclopédie Universelle. 2012.