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AVATARA
AVATARA

Le terme avat ra (formé du préfixe ava , qui marque un mouvement de haut en bas, et de la racine t リ « traverser »), en son sens originel et restreint, désigne une descente , c’est-à-dire une incarnation du dieu Vi ルユu, dans le dessein de rétablir l’ordre cosmique et moral troublé par des puissances démoniaques.

Cette notion s’est étendue par la suite à Lak ルm 稜, la parèdre du dieu, ainsi qu’à d’autres divinités brahmaniques, mais le mot est resté spécifiquement lié aux cultes vichnouites.

Vi ルユu, dieu de la stabilité, mainteneur des êtres et de l’univers, revêt des formes temporelles pour combattre les forces du mal.

Les légendes des avat ra se juxtaposent à d’autres, archaïques, attestées dès les plus anciens textes: certaines sont connues des Br hma ユa (Xe-VIe av. J.-C.), mais c’est dans l’Épopée (IVe av.-IVe siècle apr. J.-C.) qu’elles prennent les formes conservées jusqu’à nos jours.

Dans le Mah bh rata , on ne mentionne guère que quatre – ou six – avat ra; plus tard, à l’époque des Pur ユa (IVe-Xe siècle), les listes, pas toujours concordantes, s’allongeront. Vi ルユu peut descendre partiellement sous une apparence animale, ou totalement en s’incarnant dans un être humain; il peut aussi simplement déléguer une part de sa divinité, mais il est d’usage de réserver le nom d’avat ra aux manifestations des deux premières sortes. À la période puranique, et ce malgré quelques flottements, l’opinion la plus courante, maintenue jusqu’à nos jours, retient dix avat ra; les quatre premiers sont thériomorphes, les incarnations proprement humaines commencent avec le cinquième: 1. Matsya, le poisson, se rattache au thème du déluge. L’identité du poisson et de Vi ルユu n’est pas attestée dans les Br hma ユa , mais seulement dans l’Épopée . 2. K rma, la tortue, ramène du fond de l’océan les bijoux perdus lors du déluge; l’attribution à Vi ルユu de cette légende apparaît dans le R m ya ユa . Matsya comme K rma sont représentés avec une tête humaine et un corps d’animal. 3. Var ha, le sanglier, plonge lui aussi au profond des eaux pour en retirer la terre que le poids des démons y faisait enfoncer. On le représente souvent sous la forme d’un géant à tête de sanglier, portant sur le bras la petite déesse Terre qu’il vient de sauver. 4. Narasi ュha, l’homme-lion, jailli d’un pilier, au crépuscule, a le bas du corps d’un homme, la tête et l’avant-corps d’un lion; ainsi abat-il un démon à qui le dieu Brahm avait promis qu’il ne serait tué ni de jour ni de nuit, par aucun être vivant, dieu, homme ou animal. 5. V mana, le nain, fait transition entre les incarnations animales et la série des héros divinisés des avat ra 6 à 9. Sous cet aspect, Vi ルユu abuse le démon Bali, qui lui accorde en toute propriété l’espace qu’il peut couvrir en trois pas. Alors le dieu se change en géant qui de trois enjambées parcourt le ciel, la terre et le monde souterrain; dans ce dernier, il précipite Bali. Ce mythe est en rapport avec ceux qui concernent la course du soleil. 6. Parasur ma, « R ma à la hache », apparaît pour la destruction non plus d’un démon, mais de la caste des guerriers (k ルatriya ), en révolte contre les br hmanes. Mais, comme l’équilibre entre les deux pouvoirs – le laïc et le religieux – est nécessaire au maintien de l’ordre (dharma ), par la suite, la classe exterminée renaîtra d’enfants engendrés par les br hmanes aux veuves des guerriers. 7. R ma, le héros du R m ya ユa , appartient à la race solaire qui règne à Adyodhy (Oudh). Il doit exterminer le démon R va ユa, roi usurpateur de Ceylan. Dans les parties les plus anciennes du R m yana, R ma est seulement un demi-dieu, son identification à Vi ルユu se fait plus tard. 8. K リルユa apparaît dans la Bhagavad-G 稜t , épisode du Mah bh rata , comme le Seigneur suprême, Bhagavant: dans d’autres parties de l’Épopée , son rôle traditionnel de tueur de démons est illustré par sa lutte avec le mauvais roi Ka ュsa. 9. L’Inde brahmanique a toujours eu tendance à accueillir favorablement les saints personnages d’origines les plus diverses. C’est ainsi que beaucoup de listes citent le Buddha comme neuvième avat ra. La raison donnée à cette descente du dieu est particulière: on dit qu’elle a lieu « pour tromper les méchants par de fausses doctrines ». 10. Le dernier avat ra appartient à l’avenir: c’est Kalkin, le cavalier ou l’homme à tête de cheval, qui doit venir à la fin de cette période cosmique.

Ces diverses incarnations, popularisées par l’iconographie, ont été révérées à travers toute l’Inde. On peut les rencontrer, représentées l’une près de l’autre, chacune avec ses traits caractéristiques. Mais les descentes de Vi ルユu qui surclassent toutes les autres sont celles de R ma et surtout de K リルユa.

Encyclopédie Universelle. 2012.