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RENNES
RENNES

RENNES

Le bassin de Rennes correspond à une grande croisée de routes naturelles. Vers l’ouest, il se prolonge par celles de Broons et de Lamballe, traçant la vieille route royale vers Brest. Au nord comme au sud, les obstacles linéaires peu accentués ouvrent les routes de Saint-Malo et de la Normandie, de Nantes et d’Angers. Face à l’est, le bassin tectonique de Fougères et la vallée haute de la Vilaine tracent une double possibilité de communication en direction de Paris. Le Condate primitif s’est installé sur une petite éminence, enserré entre les vallées marécageuses et divagantes de la Vilaine et de l’Ille, d’où le paradoxe d’une ville menacée par les crues et pourtant médiocrement pourvue en eau potable, d’une faible altitude absolue et pourtant dotée de dénivellations non négligeables. Quelques trouvailles d’épées et de bijoux témoignent de l’occupation du site dès l’âge du bronze. À l’époque celtique, Ptolémée mentionne Condate comme la capitale des Redones. Une frappe monétaire intéressante, la participation à la bataille d’Alésia témoignent d’une certaine importance de la civitas . La paix romaine du Haut-Empire se concrétise en une première vague de prospérité, qu’illustrent les inscriptions au dieu Mars Mullo découvertes en 1968 à l’intérieur du rempart, long de 1 200 mètres, construit en brique à la fin du IIIe siècle. Enserrant une superficie de huit à neuf hectares qui est celle de la ville médiévale jusqu’au XIVe siècle, il est à l’origine du surnom de «ville rouge». Le nœud routier romain joue un rôle capital tout au long de la période médiévale. Face aux Bretons, Rennes est, du VIe au VIIIe siècle, la citadelle franque par excellence, incorporée au VIIIe siècle à la marche défensive dont Roland a été l’un des comtes.

En 831, Rennes passe sous la domination de Nominoë. Après une lutte d’un demi-siècle, la maison comtale de Rennes triomphe sur celle de Nantes en 995, pour dominer le duché jusqu’en 1066. La proclamation des ducs se fait toujours dans la cathédrale de Rennes. Le sénéchal de Rennes est aussi celui du duché, le chancelier y réside. Mais les ducs habitent Nantes. En 1343, la ville subit deux sièges successifs; en 1356, Du Guesclin y soutient un siège mémorable. Mais le développement de l’agglomération date du XVe siècle. Deux enceintes successives, la première édifiée au nord de la Vilaine, la seconde au sud, font passer la superficie défendue à soixante-deux hectares. Ces grands travaux permettent la mise en place progressive d’institutions municipales, tandis que l’arrivée de Normands rendait possible le démarrage de l’industrie textile. Mais, en 1491, les troupes royales (après un premier siège en 1488) bloquent la duchesse Anne dans la ville, avec, pour conséquence, le mariage du 6 décembre 1491. Du XVIe siècle à 1789, Rennes est la véritable capitale de la province. C’est, d’abord, une ville judiciaire (installation du présidial en 1552, du parlement en 1552-1558), une ville politique (où siègent, le plus souvent, les états de Bretagne), une ville administrative qui voit s’installer, en 1688, l’intendant, une ville religieuse enfin (l’évêque d’un diocèse moyen joue ici un grand rôle politique). D’où un afflux de justiciables et d’administrés qui explique l’abondance des grands chantiers urbains: abbayes et couvents, cathédrale et églises (avec leurs retables), collège des jésuites, hôtels de la noblesse, maisons bourgeoises. En 1720, le grand incendie est suivi d’une reconstruction exemplaire qui a façonné le cœur de la ville actuelle. Après un XVIIIe siècle très troublé, en particulier par «l’affaire de Bretagne», Rennes est le lieu de naissance de la révolution bretonne de 1789. L’année est mouvementée, scandée, de janvier à juillet, par les affrontements entre nobles et «jeunes gens». La garde nationale de Rennes est pour beaucoup dans l’échec de la révolte de mars 1793.

Rennes, cependant, de capitale provinciale qu’elle était, se trouve réduite au rang de chef-lieu de département. Le XIXe siècle est une longue époque de torpeur. Avec la IIIe République, la vie politique s’anime. Le général Boulanger, originaire de la ville, y compte de nombreux partisans. L’université connaît, à la fin du XIXe siècle, une période d’incontestable rayonnement. La Seconde Guerre mondiale éprouve profondément l’agglomération. Longtemps la progression démographique a été lente: 12 000 habitants à la fin du XVe siècle, quelque 36 000 à 38 000 en 1789 (chiffre qui ne sera retrouvé qu’après 1850), 98 000 en 1936, 124 000 en 1952, 197 500 en 1990. L’accélération de cette croissance est surtout liée au dépeuplement rural des départements agricoles voisins, mais Rennes est aussi une ville jeune à forte natalité. Chef-lieu du département d’Ille-et-Vilaine, Rennes est la capitale administrative de la Bretagne; elle est avant tout une ville de fonctionnaires. Plus des trois quarts des personnes actives travaillent dans le secteur tertiaire. Plaque tournante en matière de transports, Rennes tend à devenir un centre régional de distribution.

Le rôle de métropole universitaire se renforce par l’accueil de grandes écoles décentralisées et par l’installation de nouveaux centres d’études et de recherche, notamment dans les domaines de l’électronique, de la communication et de l’image. Aux traditionnelles fonctions administratives, judiciaires, commerciales et universitaires s’est ajouté un secteur industriel moderne. Des zones industrielles ont été équipées et ont reçu des industries rennaises du centre-ville ainsi que des industries attirées par les avantages de la décentralisation. Le secteur le plus important est celui des industries mécaniques. Citroën ouvre, en 1953, un premier établissement à la Barre-Thomas et construit en 1962, à la Janais, une usine de montage de voitures (Citroën employait 14 000 personnes en 1990); l’édition et l’imprimerie (Ouest France , premier quotidien français avec un tirage proche de 800 000 exemplaires), l’agroalimentaire sont également des secteurs importants. La technopole Rennes Atalante, créée en 1984 dans l’agglomération, regroupe des industries de pointe qui bénéficient de la présence des nombreux chercheurs et étudiants. C’est à Rennes que la Haute-Bretagne du Nord doit son dynamisme particulier. L’amélioration des relations avec Paris et le reste de la France (notammment grâce au T.G.V.-Atlantique, qui, depuis 1989, met Rennes à 2 heures de la capitale) accélère encore cette avance qui a fait passer la ville d’un état de ville-marché languissante à celle d’une ville-chantier en incessante évolution.

En février 1994, le parlement de Bretagne (aujourd’hui siège de la cour d’appel de Rennes), un des plus beaux monuments historiques de Bretagne, a été ravagé par un violent incendie, alors que sa restauration, commencée deux ans auparavant, était presque achevée.

Rennes
v. de France, ch.-l. du dép. d'Ille-et-Vilaine et de la Rég. Bretagne, au confl. de l'Ille et de la Vilaine; 203 533 hab. Marché agricole; nombr. industr.
Archevêché, univ., grandes écoles. égl. Notre-Dame (XIVe s.). Palais de justice (XVIIe s.). Hôtel de ville (XVIIIe s.). Musée des Beaux-Arts.

Encyclopédie Universelle. 2012.