RHOMBE
RHOMBE
Le mot «rhombe» vient du grec rhombos : toupie, fuseau, losange. Dans l’Antiquité, ce fut une sorte de rouet d’airain ou un anneau tenu par des lanières que les chamans ou les sorciers faisaient tourner, tel un instrument magique; son vrombissement était censé provoquer quelque sortilège. Il est utilisé en musique contemporaine, et assimilé aux instruments divers classés près des percussions.
rhombe [ rɔ̃b ] n. m.
• 1536; lat. rhombus « objet de forme circulaire ou losangée, ou tournant », gr. rhombos
1 ♦ Vx ou littér. Losange sans angle droit. « Nadelman dessine au compas et sculpte en assemblant des rhombes » (A. Gide).
2 ♦ (1839) Ethnol. Instrument de musique rituel ou magique, formé d'une lame de bois que l'on fait ronfler par rotation rapide au bout d'une cordelette. « Elle tourna autour de la table [...] , frénétiquement, comme le rhombe des sorcières » (Flaubert).
⊗ HOM. Rhumb.
● rhombe nom masculin (latin rhombus, du grec rhombos) Instrument de musique, constitué d'une planchette en os, en bois ou en ivoire, attachée à une cordelette et que le joueur fait tournoyer au-dessus de la tête. (On trouve cet instrument en Océanie, en Afrique noire et chez les Indiens d'Amérique du Sud. Ses fonctions restent liées aux cérémonies rituelles.) Ancien nom du losange. ● rhombe (homonymes) nom masculin (latin rhombus, du grec rhombos) rhumb nom masculin rumb nom masculin
⇒RHOMBE, subst. masc.
A. — GÉOM., vx. Losange. Les arythénoïdes en rhombe plus large que haut (CUVIER, Anat. comp., 4, 1805, p. 508). Chacun des trois rhombes ou losanges qui constituent la base pyramidale d'une cellule de l'avers forme en même temps la base également pyramidale de trois cellules du revers. C'est dans ces tubes prismatiques qu'est emmagasiné le miel (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 135).
— Empl. adj. Ce sel forme de très-petits cristaux durs et brillants, ayant la forme d'un prisme droit, à base rhombe (PASTEUR ds Ann. chim. et phys., t. 24, 1848, p. 449).
B. — ETHNOL. Instrument de musique sacré généralement constitué d'une planchette de bois, d'os ou de métal, au contour parfois dentelé, qu'on fait tourner au bout d'un manche ou d'une cordelette de façon à faire vibrer l'air en produisant un vrombissement modulé. Ses nerfs se tendent à rompre; ses tempes battent à s'ouvrir, son sang bouillonne, sa raison se dissout dans le rhombe érotique où Circé le fait virer jusqu'au délire (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 90). L'emploi du rhombe (...) varie selon les populations mais, en la majorité des cas, est associé à l'institution des masques ou au rituel de l'initiation masculine (BAL.-MAQ. 1968).
REM. Rhomb(o)-, (Rhomb-, Rhombo-)élém. formant tiré du gr. « losange », entrant dans la constr. de subst. masc. et d'adj. notamment en anat., cristall. et géom. a) [Les mots constr. sont des subst. masc.] V. rhomboèdre, rhomboïde et aussi: Rhombencéphale, anat. Vésicule cérébrale la plus postérieure comprenant le bulbe rachidien, la protubérance annulaire, le cervelet et le quatrième ventricule. b) [Les mots constr. sont des adj.] V. rhombique, rhomboédrique (dér. s.v. rhomboèdre), rhomboïdal.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1505 [éd.] zool. le romb (DESDIER CHRISTOL, Platine en françoys, f ° 93 v ° b); 2. 1536 géom. le rhombe (L'Œuvr. de Aelian ds GDF. Compl.); 3. 1564 subst. fém. « toupie » (RABELAIS, Cinquiesme Livre, éd. Marty-Laveaux, chap. 24, p. 96). Empr. au lat. rhombus, gr. « toupie, rouet de magicien, losange, turbot (ainsi nommé à cause de sa forme allongée) ». Rom est att. dès le XIIIe s. au sens 1 en a. prov. (LEVY Prov.). Fréq. abs. littér.:12.
DÉR. Rhombique, adj. Qui a la forme d'un rhombe, d'un losange. Les cristaux rhombiques exposés au soleil se transformaient, après quelque temps, en cristaux quadratiques (PASTEUR ds Ann. chim. et phys., t. 23, 1848, p. 285). — []. — 1re attest. 1843 (Ch. D'ORBIGNY, Dict. univ. d'hist. nat., t. 3, p. 160 s.v. carbonates); de rhombe, suff. -ique.
BBG. — BORN. 1967, p. II, XXIV, 22.
rhombe [ʀɔ̃b] n. m.
ÉTYM. 1536; lat. rhombus, grec rhombos « objet de forme circulaire ou losangée, ou tournant; toupie; losange ».
❖
1 Vx ou littér. Losange sans angle droit.
♦ Par extension :
1 Nadelman dessine au compas et sculpte en assemblant des rhombes. Il a découvert que chaque courbe du corps s'accompagne d'une courbe réciproque qui lui fait face et lui répond.
Gide, Journal, 25 avr. 1909.
♦ Adj. (1812). || Cristal à faces rhombes.
2 (1839; repris du grec rhombos, « toupie »; rhombus « instrument magique de l'antiquité », in Encyclopédie, 1765). Spécialt. Ethnol., mus. Instrument de musique formé d'une lame de bois que l'on fait ronfler par rotation rapide au bout d'une cordelette, souvent utilisé dans des pratiques rituelles, magiques, etc.
2 Ensuite elle tourna autour de la table d'Antipas, frénétiquement comme le rhombe des sorcières (…)
Flaubert, Trois contes, « Hérodias », III.
3 (Chez les Indiens du Brésil) la fabrication et la giration des rhombes. Ce sont des instruments de musique en bois, richement peints, dont la forme évoque celle d'un poisson aplati, leur taille variant entre trente centimètres environ et un mètre et demi. En les faisant tournoyer au bout d'une cordelette on produit un grondement sourd attribué aux esprits visitant le village, dont les femmes sont censées avoir peur. Malheur à celle qui verrait un rhombe : aujourd'hui encore, il y a de fortes chances pour qu'elle soit assommée.
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 196.
❖
DÉR. et COMP. Rhombiforme, rhombique. Orthorhombique.
Encyclopédie Universelle. 2012.