RIF
RI
Terme désignant, à l’origine, une partie de la côte méditerranéenne du Maroc autour d’Al-Hoceima ainsi que l’arrière-pays montagneux et, aujourd’hui, le massif s’étendant en arc de cercle de Tanger, à l’ouest, à Melilla, à l’est: le Rif couvre environ 30 000 kilomètres carrés.
La montagne, peu élevée, dépasse rarement 1 500 mètres (sauf dans la dorsale centrale: djebel Tidirhine, 2 452 m), mais elle est très accidentée, coupée de vallées profondes; elle est relativement humide et, en partie, couverte de forêts (chênes verts, chênes-lièges, cèdres) ou de maquis. Il en résulte de grandes difficultés de communication aggravées par l’existence pendant la période coloniale d’une zone française et d’une zone espagnole.
La montagne rifaine, quoique difficile à mettre en valeur, est densément occupée par des populations sédentaires, d’origine berbère pour la plupart, installées depuis très longtemps. Polyculteurs et arboriculteurs travaillent avec soin des champs exigus, utilisant l’eau des sources ou des torrents pour l’irrigation. Les cultures sont très variées. Dans le haut Rif central, plusieurs tribus continuent de cultiver le chanvre indien (kif). L’élevage n’est qu’une ressource d’appoint. La population, très dense, habite des villages de chaumières entourées de minuscules jardins. La montagne est surpeuplée en beaucoup d’endroits: ses ressources ne suffisent pas à nourrir les habitants qui cherchent dans l’artisanat des revenus d’appoint ou émigrent vers les villes ou encore vers l’Europe industrielle. Le tourisme se développe, spécialement près des stations méditerranéennes les plus importantes (Ceuta, Tétouan, Al-Hoceima, Nador) mais sans grand profit pour les autochtones. À l’est, plusieurs gisements de fer sont exploités; le minerai extrait est exporté par l’enclave espagnole de Melilla.
Le Rif a connu une histoire particulièrement agitée: indépendant dans l’ancien Maroc, il fut traversé par des conflits entre tribus; puis, confronté à la colonisation, il opposa une sérieuse résistance aux troupes françaises et espagnoles (guerre du Rif menée par Abd el-Krim, 1921-1924) et se souleva à nouveau, au début de l’indépendance marocaine, en 1956.
rif ou riffe [ rif ] n. m.
• 1876, -1598; rifle 1612; rufle « feu de Saint Antoine » 1455; de l'arg. it. ruffo « feu », lat. rufus « rouge »
♦ Arg.
1 ♦ Vx Feu. Mettre le rif.
♢ Bagarre (cf. Rififi). Chercher du rif : chercher la bagarre.
3 ♦ Arme à feu, revolver.
⊗ HOM. Riff.
● rif ou rifle nom masculin (argot italien ruffo, feu) Argot. Bagarre, combat : Aller au rif. ● rif ou rifle (homonymes) nom masculin (argot italien ruffo, feu) riff nom masculin
rif
(ar-Rîf) chaîne côtière du Maroc septent. (2 452 m au djebel Tidighine), difficilement pénétrable, peuplée à l'O. de cultivateurs sédentaires (céréales, oliviers) et à l'E., plus aride, d'éleveurs semi-nomades.
— Campagne ou guerre du Rif: opérations militaires menées de 1921 à 1926 par les troupes franco-espagnoles contre les tribus rifaines conduites par Abd el-Krim.
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rif
⇒RIF, subst. masc.
Argot
A. — Feu. Le second répondit: — Il lansquine à éteindre le riffe du rabouin (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 180). [Ahmed] mit le rif sous un tas de bûches [dans la cheminée] (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 87).
B. — Ligne de feu, front, combat. Monter au rif; revenir du rif. Ça semble dur de revenir au rif quand on s'est déjà fait amocher une fois (DORGELÈS, Le Cabaret de la Belle Femme ds LE BRETON 1960).
C. — Arme à feu, revolver. Se servir de son rif. (Ds ROB. Suppl. 1970).
— P. méton. Bagarre, rixe, rififi. Chercher du rif. Chercher la bagarre, chercher querelle. Au moment de dételer, je me trouvais accroché dans (...) un compte à régler avec un connard dont j'avais rien à foutre, et qui venait me chercher du rif (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 35).
D. — Loc. adv. De rif. Rapidement, avec décision. Toutdesuito, que j'y fais comme ça, tout joyeux de l'aubaine. De rif et d'autor, quoi, avec empressement et diligence! (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p. 164).
Prononc. et Orth.:[]. Attest. de riffe dans HUGO, loc. cit. Étymol. et Hist. 1455 rufle « feu de Saint Antoine » (Procès des coquillards ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 97); 1596 rufe « feu » (PECHON DE RUBY, La Vie généreuse des Mercelots, Gueuz et Boesmiens, p. 38, ibid., p. 166); 1598 riffe « id. » (G. BOUCHET, Serées, III, 130 ds HUG.); 1627 riffle « id. » (PECHON DE RUBY, loc. cit.), 1821 de rif « immédiatement, avec ardeur » (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, f ° 11 v °, § 282); 1844 « feu des armes » (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t. 1, p. 186: Rif sur la Cogne [...] feu sur les gendarmes); 1914 « zone des combats, front » (Arg. des soldats d'apr. ESN.). Issu du lat. rufus « rougeâtre, roux » prob. par l'intermédiaire de l'arg. ital. ruffo « feu » (de l'ital. ruffo « roux », DEI). Le passage de -u- à -i- s'expliquerait p. dissim. au contact de la cons. labiale (FEW t. 10, p. 543b).
DÉR. Riflette, subst. fém., arg. a) Zone de combats, ligne de feu, front. Aller à la riflette. Ça commence (...) les balades militaires (...). Où on va? (...) quelque nom qu'on lui donne, c'est la même chose, que ça s'appelle le feu, la riflette, la bigorne ou le casse-pipes (VIALAR, Bal sauv., 1946, p. 87). En 14, beaucoup de jules, pas clients pour la riflette, s'étaient pointés à Londres avec leurs nanas (Pt Simonin ill., 1957, p. 251). b) Guerre. Partir pour la riflette. [Le sergent L.] que j'ai rencontré pendant la riflette 39-40 (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 75). — []. — 1re attest. [1915 d'apr. ESN.] 1927 (DUSSORT, Preuves exist., dép. par G. Esnault, 1938, p. 102); de la forme rifle de rif, suff. -ette (v. -et).
BBG. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 292.
ÉTYM. 1867, rif; riffe, 1598; autre forme de rifle (1612), lui-même var. de ruffe, 1596; argot ital. ruffo « feu », lat. rufus « rouge ».
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♦ Argot.
1 Vx. Feu. || Au coin du riffle (chanson du XVIIIe siècle). || Le rif du rabouin.
1 Il n'y avait pas de rif à l'infirmerie-vestiaire et elle craignait que je ne m'enrhumâââsse !
A. Sarrazin, la Cavale, p. 271.
♦ (1914). Feu (de la zone des combats), et, par ext., la zone des combats elle-même. || Monter au rif; revenir du rif, du riffe, du feu, du front. ⇒ Riflette.
2 Arme à feu, revolver. || Se servir de son rif.
3 (Surtout rif). Bagarre. ⇒ Rififi. || En plein rif. || Chercher du rif : chercher la bagarre, chercher querelle. — De rif : par la force, d'autorité. || De rif et d'autor.
2 Toujours, tu m'entends, toujours, au moment de dételer, je me trouvais accroché dans un coup fourré, un compte à régler avec un connard dont j'avais rien à foutre, et qui venait me chercher du rif (…)
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 31.
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HOM. Riff.
Encyclopédie Universelle. 2012.