BAALBEK
Anciennement Héliopolis, Baalbek, ville du Liban, est située au pied du versant occidental de l’Anti-Liban, en bordure de la riche plaine de la Beqaa, où coule l’Oronte dans son cours supérieur. Là se trouvait le célèbre sanctuaire de Jupiter, ou plutôt de la triade héliopolitaine, dont les ruines colossales subsistent aujourd’hui.
Le nom de Baalbek remonte à l’époque phénicienne (Baal Beqaa , le seigneur de la Beqaa), et on y reconnaît la trace du grand dieu phénicien, Baal, qu’on retrouve dans de multiples cités, à Tyr par exemple. On ne sait s’il faut identifier Baalbek avec la ville mentionnée dans la Bible, et où, selon elle, Salomon aurait construit un temple. Il est certain, en tout cas, que la population araméenne de cette religion – lieu de passage privilégié – adorait de toute antiquité en ce lieu une série de divinités. La plus ancienne était sans doute Hadad , protecteur des eaux, dieu de l’orage. Une autre, Atargatis (ou Astarté), déesse de la fécondité, une autre encore, sans doute Adonis . À l’époque hellénistique, les Grecs identifièrent le dieu local à Hélios, et la ville devint Héliopolis. Auguste en fit une colonie romaine, des vétérans y furent installés, et la cité (qui eut un atelier monétaire) reçut sous les Sévères le jus italicum . Mais son importance était due essentiellement au sanctuaire, dont le dieu principal devint, par une nouvelle identification, Jupiter Héliopolitain, les autres divinités de la triade étant alors assimilées à Vénus et à Mercure. C’est au IIe siècle, sous Antonin le Pieux, que fut considérablement agrandi le sanctuaire, et commencée la construction de l’ensemble monumental dont on voit encore les ruines. Des ajouts et des remaniements y seront pratiqués jusque sous le règne des Sévères (vers 217). Le sanctuaire et son oracle entrèrent en décadence à l’époque chrétienne: Constantin interdit le culte de Vénus, et, sous Théodose (379-395), une basilique en l’honneur de sainte Barbe fut construite avec une partie des pierres de l’autel de Jupiter, sur l’emplacement de la cour et du temple lui-même. On discute sur la manière exacte dont les divinités de l’époque romaine, Jupiter et Mercure, ont succédé à des divinités phéniciennes: Hadad, dieu cosmique non solaire, devient Jupiter; Mercure serait peut-être un ancien dieu solaire, assimilé à Bacchus.
Le sanctuaire antique, remarquablement conservé, se présente comme un vaste ensemble clos, conformément au modèle des sanctuaires orientaux; le temple lui-même, situé au fond d’une cour, est comme protégé: l’ensemble est entouré d’un mur, offrant un contraste frappant avec les sanctuaires gréco-romains. À Baalbek, on se trouve même en présence de deux cours successives, précédées par des propylées: une cour hexagonale (ainsi que les propylées, elle remonte à l’époque des Sévères), d’environ 60 mètres de profondeur, entourée d’une colonnade flanquée de quatre exèdres. De là, on passe dans l’autre, dite de l’Autel (135 憐 113 m), qui, entourée d’un portique, est elle aussi décorée d’exèdres. Au centre de cette cour se trouvait un autel monumental à plusieurs étages, percé de corridors. En face de l’autel et au fond de la cour, construit sur une immense plate-forme en remblai dont les murs étaient constitués de blocs monolithes pesant chacun plusieurs centaines de tonnes, s’élevait le temple de Jupiter Héliopolitain, périptère (87 憐 47 m) comportant dix colonnes en façade (il en subsiste six) et dix-neuf en longueur. Au sud de cet ensemble, assez nettement séparé, se dressait un temple plus petit (69 憐 36 m), nommé à tort (à cause des thèmes en partie dionysiaques de sa décoration) «temple de Bacchus», bien conservé et richement décoré. Un troisième temple, dit le «temple de Vénus», était construit en dehors de l’enceinte, à 200 mètres environ. Les fouilles se poursuivent sur le site de Baalbek, plusieurs fois atteint au cours des dernières décennies par des tremblements de terre.
Baalbek ou Balbek
v. du Liban située dans la plaine de la Beqaa; 20 000 hab. Temples romains de Bacchus, de Jupiter et de Vénus.
— D'origine phénicienne, elle prit le nom d'Héliopolis (cité du Soleil) après la conquête d'Alexandre le Grand. Colonisée par les Romains sous Auguste, la ville connut son apogée au IIe s. apr. J.-C.
Encyclopédie Universelle. 2012.