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antichrist

⇒ANTÉCHRIST, ANTICHRIST, subst. masc.
A.— THÉOL. Nom donné, à la suite de saint Jean (1re ép., II, 18 et 22, etc.), à un personnage mystérieux qui détient le pouvoir de Satan et doit apparaître à la fin des temps pour mener contre l'Église du Christ une lutte suprême :
1. Ils ajoutaient qu'avant la fin du sixième millénaire son évangile serait répandu parmi les nations, et qu'au bout de six mille ans de la durée du monde l'Antéchrist viendrait, persécuterait les justes, et exercerait sur eux mille cruautés; mais qu'alors Jésus-Christ descendrait du ciel pour abolir le règne de ce tyran; ...
LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 713.
2. ... dans ces textes écrits vingt ans après la mort de Jésus, un seul élément essentiel a été ajouté au tableau du jour du Seigneur tel que Jésus le concevait; c'est le rôle d'un anti-christ, ou « faux Christ », qui doit s'élever avant la grande apparition de Jésus lui-même...
RENAN, Hist. des orig. du Christianisme, Saint Paul, 1869, p. 252.
3. ... plusieurs Voyants annoncèrent le règne de l'Antichrist et la fin du monde; d'autres, au contraire, le triomphe définitif du grand Roi et du grand pape.
BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 301.
B.— P. ext.
1. Nom donné, à la suite de saint Jean (1re ép., II, 18), aux adversaires du Christ devant se manifester à la fin des temps; faux prophète, impie, apostat :
4. ... [la France] toujours inviolable par son épée, mais reine désormais par son clergé littéraire, par sa langue universelle au dix-neuvième siècle comme le latin l'était au douzième, par ses journaux, par ses livres, par son initiative centrale, par les sympathies, secrètes ou publiques, mais profondes, des nations, ayant ses grands écrivains pour papes, et quel pape qu'un Pascal! ses grands sophistes pour antechrists, et quel antechrist qu'un Voltaire!
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 475.
5. Les vieux mythes, même quand nous n'y croyons plus, sont tout-puissants sur notre âme. Qui voulait être l'antéchrist, Nietzsche, subissait encore le trouble et les délices que le Christ introduisit dans le monde; ...
GUÉHENNO, Journal d'une « Révolution », 1938, p. 127.
2. Au fig., pop. et péj. Un antéchrist. ,,Un méchant homme, un démon`` (GUÉRIN 1892) :
6. Le danger monte, c'est une vague, une houle. — De quoi parlez-vous? — Mais des antipatriotes! Aujourd'hui même ils mobilisent l'arrière-ban de la pègre derrière les Antéchrists de l'anarchie, et le socialisme révolutionnaire déferle au Pré-Saint-Gervais...
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 327.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[]. BARBEAU-RODHE 1930 et Harrap's 1963 donnent la possibilité d'une prononc. [] et [-]. À propos de la prononc. du groupe final -st, MART. Comment prononce 1913, p. 331 fait remarquer : ,,Il se prononce dans Christ, qui, employé seul, est un mot savant, mais il est resté muet dans Jésu(s)-Chri(st), qui est populaire, et qui a gardé pour ce motif sa prononciation traditionnelle, sauf parfois chez les protestants (...). Quant à Antechrist, il a été longtemps populaire, et par conséquent st ne s'y prononçait pas, et même l'e y était muet; LITTRÉ tient absolument à cette prononciation [cf. infra]; mais il est devenu un mot savant où tout se prononce, avec e fermé.`` (Cf. aussi FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 430, rem. 2). 2. Hist. — Unanimité des dict. de la fin du XVIIIe s. à la 2e moitié du XIXe s. pour la prononc. an-te-kri ([] caduc ds la 2e syllabe et sans prononc. de la finale -st). FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 notent la 1re syllabe longue. La prononc. mod. tend à s'établir dans la 2e moitié du XIXe s. LITTRÉ : ,,an-te-kri. Ne dites ni antécri, comme quelques-uns, ni, comme d'autres, antécrist'.`` GUÉRIN 1892 : ,, ...l'usage prévaut chaque jour de prononcer an-té-krist``. DG transcrit : an-té-kri et fait observer : ,,La prononciation littérale an-té-krist' tend à s'établir.`` Ac. 1798 et 1835 écrit antechrist (sans accent aigu); Ac. abr. 1832 : antéchrist. La graph. avec é est consacrée par l'éd. de 1878.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1085-1110 « homme impie, mauvais » (La mort du roi Gormont, éd. Scheler, 204 ds T.-L. : Avez vëu de[l] antecrist [Gormont] Qui tuz nos homes nus ocist?); 2. fin XIIe s. « adversaire du Christ, apostat » (Trad. S. Bern., 247 et 248 ds GDF. Compl. : Li peules nen est jai de si grant malices com li prestes... Asseiz malement se contienent... encontre Crist et molt i a a nostre tems des antecriz); 3. 1170/80-1200 antecris « esprit du mal qui doit apparaître à la fin des temps » (Roman d'Alexandre, éd. Michelant, 312, 13 ds T.-L. : Iluec les enclora que ja mais n'en istront, Tant c'antecris i viegne contre le gent del mont); 1546 antichrist (RABELAIS, III, 25 ds HUG. : A trente Diables soit le coqu, cornu, marrane, sorcier au Diable, enchanteur de l'Antichrist), forme seulement en usage au XVIe s., reprise au XIXe s., supra.
Antéchrist, empr. au lat. chrét. antechristus, réfection de antichristus (d'où antichrist) d'apr. le lat. ante; antechristus, IIIe s. COMMODIEN, Instr. 1, 41 ds TLL s.v., 166, 67. Antichristus, au sens 3 (en réf. à I Jean II, 18 et 22 et Apocalypse, XIII, 1-8 et 11-17), S. JÉRÔME, Epist., 121, 11 ds TLL s.v., 166, 69 et au sens 2 (dér. de 3) S. AUGUSTIN, Ep. Io., 3, 4 ds BLAISE; 1 par affaiblissement de 2; le lat. antichristus est empr. au gr. eccl. « esprit du mal qui apparaîtra à la fin des temps ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :75.
BBG. — ALLMEN 1956 (s.v. antichrist). — BACH.-DEZ. 1882. — Bible 1912. — Bible Suppl. t. 1 1928. — BOUYER 1963. — Canada 1930 (s.v. antichrist). — DHEILLY 1964. — Foi t. 1 1968. — MARCEL 1938. — MASSON 1970. — Théol. bible 1970 (s.v. antichrist). — Théol. cath. t. 1 1909. — TONDR.-VILL. 1968.

Encyclopédie Universelle. 2012.