⇒CHOQUÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de choquer.
II.— Adjectif
A.— Domaine concr. [En parlant de choses] Qui reçoit un choc. Un bruit de vaisselle choquée monta jusqu'à eux (CAMUS, La Peste, 1947, p. 1417) :
• 1. Messire Belzébuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël!
Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles :
(...)
RIMBAUD, Poésies, Bal des pendus, 1870, p. 48.
— P. ext., fam. Verres choqués. Verres que l'on a heurtés pour trinquer :
• 2. Il s'était fait soudain dans la grande salle, (...), au milieu des éclats de voix, de verres choqués, (...), cette solennité un peu triste, (...), des fêtes qui touchent à leur fin.
GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 169.
B.— Au fig. [En parlant de pers. ou de notions abstr. se rapportant à l'être humain]
1. Qui a été blessé dans ses idées, ses habitudes, etc... :
• 3. Le particulier en ceci était que le côté orgueilleux choqué n'avait manifesté aucun émoi, ...
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 115.
• 4. Une expression singulière se formait sur le visage de Belsenza : celle d'un homme choqué et intimement scandalisé, ...
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 105.
2. P. méton., rare. Bienséance choquée. Synon. de contrariée :
• 5. Il y eut de sa part un instant de silence moins offensé que consterné, pareil au silence de bienséance choquée qui suit le bris excessivement sonore d'une importante pièce de vaisselle.
GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951 p. 254.
3. Rare. Yeux choqués. Qui reçoivent une impression désagréable :
• 6. Parcourez dans un musée d'estampes toutes les œuvres d'origine germanique, (...) si vous avez l'imagination remplie par les nobles formes italiennes, (...) vos yeux seront choqués...
TAINE, Philos. de l'art, t. 1, 1865, p. 267.
4. [En parlant de l'organisme humain et du système nerveux] Qui a subi un ébranlement grave :
• 7. Il existe une sensation de brûlure des lèvres, de la bouche, du pharynx et des douleurs, souvent atroces, tout le long de l'œsophage en arrière du sternum. Le malade est parfois choqué; pâle, le pouls rapide, la tension effondrée, il salive abondamment.
QUILLET Méd. 1965, p. 136.
— Emploi subst. rare :
• 8. ... Ah! qu'ils sont assommants, ces « choqués » qui ne se rappellent jamais rien, et recouvrent de ténèbres le moment essentiel de leur destinée!
MAURIAC, Le Désert de l'amour, 1924, p. 205.
Encyclopédie Universelle. 2012.