⇒DISSON(N)ER, (DISSONER, DISSONNER)verbe intrans.
A.— MUS. [Le suj. désigne une note ou un ensemble de notes] Provoquer une rupture d'harmonie ou former un assemblage discordant. Des intervalles mélodiques dont les termes dissonnent entre eux (PIRRO, J. S. Bach, 1919, p. 42) :
• Je parlais du plaisir ambigu et intense que j'avais éprouvé dans une église en entendant la dernière note de l'orgue dissonner avec le carillon des cloches du dehors.
RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 317.
— P. anal., LITT. (cf. dissonance II B 2). Les syllabes ne feraient qu'un bruit dérisoire et qui dissonerait (ARNOUX, Roy. ombres, 1954, p. 149).
B.— [Le suj. désigne un élément troublant une harmonie] Synon. détonner. Cela [la vigueur et la verdeur de langage du poète Hendley] sonnait ou dissonait (...) dans l'atmosphère assez victorienne de son petit salon (VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p. 100).
Prononc. et Orth. :[], dissone []. Ds Ac. 1835-1932 avec 1 n comme dans la majorité des dict. gén. Mais R. THIMONNIER, Principes d'une réforme rationnelle de l'orth. (inédit), 1967, pp. 71-72, propose d'écrire dissonner. On rencontre cette graph. ds LAND. 1834 et ds BESCH. 1845. Cf. aussi dans l'ex. 1 supra. Au sujet de 1 ou 2 n, et pour la prononc. avec [ss] double, cf. disson(n)nance. Étymol. et Hist. Ca 1355 part. passé adj. dissonnez (BERSUIRE, Tite Live, ms. Ste Geneviève, f° 80c ds GDF.); ca 1450 fig. vos dons dissonans aux nostres (A. GRÉBAN, Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, 6609). Empr. au lat. impérial dissonare « rendre des sons discordants »; au fig. « différer ». Fréq. abs. littér. :3.
Encyclopédie Universelle. 2012.