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divinisé

⇒DIVINISÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de diviniser.
II.— Adjectif
A.— [Correspond à diviniser A] À qui la nature divine est attribuée, que l'on reconnaît pour divinité :
1. Le panthéisme, au contraire, c'est-à-dire la nature divinisée, à force d'inspirer de la religion pour tout, la disperse sur l'univers et ne la concentre point en nous-mêmes.
STAËL, De l'Allemagne, t. 4, 1810, p. 186.
Spéc. [Correspond à diviniser A spéc.]
1. [Correspond à diviniser A spéc. a; en parlant d'un être hum.] Qui est élevé au rang d'un dieu. Homme, ancêtre, morts, héros divinisé(s). Statue d'Hercule divinisé (STAËL, De l'Allemagne, t. 2, 1810, p. 71) :
2. Hakem, personnage historique, s'était changé en personnage mythique quand les Druses avaient fait de lui un dieu. Nerval s'empare de ce mortel divinisé et transforme à son tour le personnage historique que lui fournit Silvestre de Sacy.
DURRY, Gérard de Nerval et le mythe, 1956, p. 121.
2. [Correspond à diviniser A spéc. b; en partic. dans la dogmatique chrétienne]
♦ [En parlant d'un être hum. ou d'un attribut de la pers. hum.] Qui participe de la nature divine, qui est associé à la vie divine, qui est sanctifié :
3. — Et vous n'appréhendez pas, comment dirai-je, des infirmités matérielles, car enfin si vous parvenez à franchir les limites de la contemplation, vous risquez de vous ruiner à jamais le corps. L'expérience paraît démontrer, en effet, que l'âme divinisée agit sur le physique et y détermine d'incurables troubles.
HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 144.
Spéc., dans la relig. cath. [En parlant de la Vierge Marie] :
4. C'était la pureté des lignes et la virginité des expressions de visage des madones de Raphaël sur le corps d'une Psyché de Phidias : la vierge chrétienne, aussi chaste, aussi pure et aussi céleste qu'il soit donné à l'extase du solitaire le plus pieux et le plus passionné pour le culte de la femme divinisée, de la rêver.
LAMARTINE, Nouvelles Confidences, 1851, p. 46.
B.— P. ext. [Correspond à diviniser B; dans le domaine relig., en parlant d'une chose abstr.] À laquelle on donne un caractère sacré :
5. ... elle reconnut sa solitude effrayante, fondamentale, la solitude des enfants de Dieu. Et certes, elle était bien loin encore d'en avoir la connaissance abstraite, à supposer d'ailleurs qu'il soit possible de ce petit nombre d'animaux pensants qui n'apportent, en somme, au monde, que la bonne nouvelle de la douleur divinisée!...
BERNANOS, La Joie, 1829, p. 605.
C.— Au fig., souvent péj. [Correspond à diviniser C]
1. [Correspond à diviniser C 1; en parlant de qqc.] À quoi l'on accorde une grande importance; à quoi l'on donne une valeur absolue, un caractère sacré; que l'on exalte, magnifie, vénère. Derrière les phrases libérales des dévots de la terreur, il ne faut voir que ce qui s'y cache : le succès divinisé (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 524). Il [Michel-Ange] a fait l'arche impérissable des temps futurs, le panthéon de la raison divinisée (LAMART., Confid., 1849, p. 146) :
6. Que l'on mette en cause une conception de l'ordre moral, politique, social ou religieux, il ne s'agit plus de la comparer avec un modèle idéologique d'une valeur présumée absolue, dont on sait maintenant l'origine arbitraire, avec une idée divinisée de vérité ou de justice, dont on connaît qu'elle n'exprime autre chose qu'un état de sensibilité particulier et propre à un temps donné.
GAULTIER, Le Bovarysme, 1902, p. 299.
2. [Correspond à diviniser C 2; en parlant de qqn] Dont on fait un dieu. L'événement ici, c'est le livre de Lamennais (...) c'est en deux mots l'évangile de l'insurrection, Babeuf divinisé (LAMART., Corresp., 1834, p. 43).
3. [Correspond à diviniser C 3; en parlant de qqc. ou de qqn] Idéalisé :
7. Il termina la série de passes (...) Le taurillon immobile devant lui, avec sa tête de bébé furieux et ébouriffé, il le trouva si drôle qu'il eut le geste de lui faire une petite caresse sur la joue : « Tout p'tit, va! mais oui, t'es joli! » puis s'éloigna, dans une conscience divinisée de soi-même.
MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 421.

Encyclopédie Universelle. 2012.