⇒DOMPTÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de dompter.
II.— Emploi adj.
A.— Vieilli
1. [En parlant de pers.] Qui a subi un fort ascendant, qui a abandonné toute résistance. Un amant dompté et patient (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 239). L'autre m'était apparue comme une fière jeune fille pâle, celle-ci comme une enfant domptée et de teint rose (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 829). Aucun militaire, si dompté et rompu à l'obéissance aveugle qu'on le suppose, n'accepte un boulot de ce genre (ARNOUX, Rhône, 1944, p. 41).
— Emploi subst. L'homme et la femme (...) restent deux belligérants (...); il faut qu'il y ait toujours un dompteur et un dompté (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bûche, 1882, p. 780).
2. [En parlant d'une force de la nature] Rendu utilisable, inoffensif. Fleuve dompté. Je faisais à ma volonté Sous un tunnel de pierreries Passer un océan dompté (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857-61, p. 177).
3. [En parlant d'une force psychol., d'une sensation ou d'un sentiment] Qui est contenu, dominé. Colère, fureur, émotion, peur domptée. Mais l'inquiétude domptée et lasse d'elle-même (BARB. D'AUREV., 2e Memor., 1838, p. 374). Ses antipathies domptées et muettes (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 15). Cet air de passion mal domptée qui se lisait dans les yeux verts, sur la bouche aux lèvres charnues, dans le port même de la tête, audacieux (DANIEL ROPS, Mort, 1934, p. 100).
B.— Usuel. [En parlant d'animaux ou de choses] À qui l'on a fait perdre son comportement farouche ou sauvage. Animaux domptés. Ces beaux chevaux bien domptés qui font gagner des fortunes à leurs propriétaires (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 298). Quand elle [une vache] eut pris l'habitude des soins et du toucher de l'homme, on la délivra, elle rejoignit au pacage les bêtes domptées (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 20) :
• Il la possédait [une locomotive], la chevauchait à sa guise, avec l'absolue volonté du maître; et, pourtant, il ne se relâchait pas de sa sévérité, la traitait en bête domptée, dont il faut se méfier toujours.
ZOLA, La Bête humaine, 1890, p. 118.
Encyclopédie Universelle. 2012.