I.
⇒ENTICHÉ, ÉE, adj.
Vx. [Employé avec ou sans le verbe être] Qui commence à être gâté, à être corrompu (cf. Ac. 1798-1878). Ces fruits sont un peu entichés (Ac. 1798). Fruits entichés (Ac. 1835, 1878).
— Au fig. Qui est gâté (par un défaut). Il est pénible (...) de penser que cet homme célèbre ait été entiché, ou plutôt entaché d'égoïsme (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 96).
Étymol. et Hist. Cf. enticher (s').
II.
⇒ENTICHÉ, ÉE, part. passé et adj.
II.— Emploi adj.
A.— Usuel. Entiché de qqc. ou de qqn. Passionnément épris de quelque chose ou de quelqu'un. Que devient cette beauté revêche? Est-elle toujours aussi entichée de son Sigognac? (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 329). Il n'y avait pas de gens plus entichés d'eux-mêmes et plus portés à mépriser tout le reste des hommes (THARAUD, Jument err., 1933, p. 33). Y a pas plus chicanier, plus batailleur, qu'un type entiché de justice! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 45) :
• Ils [les La Rochelandier] représentent en Bretagne cette noblesse incorrigible qui n'a rien appris ni rien oublié. Infestés de tous les préjugés de leur caste, entichés de leurs titres, ennemis nés de toutes les idées nouvelles, ils regrettent le régime de la féodalité, et rêvent, dans leur château branlant, le rétablissement de la dîme et de la corvée.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 18.
♦ Vx. Être entiché de + inf. Être fortement attaché à l'idée de. Jérôme en avait assez de ce monde, il était entiché de le quitter (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 145).
— Emploi subst. Partisan outré (de). Louis XIV auquel les entichés de noblesse de son temps reprochent (...) son peu de souci de l'étiquette (PROUST, Guermantes, 1921, p. 436).
B.— Emploi abs., rare. Qui est obstinément attaché à la tradition. La mère du froid et vertueux amant est une Genevoise entichée (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 414). Sans être précisément entichée, elle [ma grand-mère] gardait un vif sentiment des hiérarchies (GIDE, Si le grain, 1924, p. 364).
Rem. Entiché est parfois présenté comme noyau d'un verbe passif, mais il ne s'emploie sous cette forme qu'avec la valeur adjective d'un part. passé passif, accompagné ou non du verbe être, comme cela est habituel pour les verbes pronom. à sens subjectif et comme le montre l'impossibilité de la constr. verbe + par.
Fréq. abs. littér. :56.
Encyclopédie Universelle. 2012.