⇒EXTÉNUÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.
I.— Part. passé de exténuer.
II.— Adjectif
A.— [Correspond à exténuer A] Vieilli
1. [En parlant d'une pers., de ses attributs phys.] Aminci, amaigri. Un visage de garçonnet, diaphane, exténué, comme Reynolds en a peint (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 150). Il prit entre les mains la nuque délicate, tourna de force, vers lui, un pâle visage exténué aux paupières closes (BERNANOS, Crime, 1935, p. 806).
2. [En parlant d'une chose concr.] Diminué, atténué (en particulier en parlant d'un son). Les chants si faibles, exténués des Carmélites (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1906-07, p. 218). Le mystère des êtres qui peuplaient ses paysages aux verts exténués (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 30) :
• Réveillée, elle se dressa dans son lit et tendit l'oreille à un appel qui lui sembla tout proche. Mais, des extrémités de la nuit, les voix exténuées et infatigables des chiens de l'oasis lui parvinrent seules.
CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1571.
B.— [Correspond à exténuer B]
1. [En parlant d'une pers., d'un animal] Épuisé, éreinté. Hâve, défiguré, exténué, forcé de se blesser avec un canif pour vaincre le sommeil qui l'accablait au milieu de ses travaux (KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 314). Les chameaux exténués, les femmes enveloppées de voiles où souffle le vent, (...) donnent cette sensation du vaste et du vide (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914-18, p. 27). Dans ses muscles exténués, montait un désespoir sans limites (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 255).
— [En parlant d'un attribut, d'un comportement hum.] Les fusils remontaient sur les épaules, et, d'une allure exténuée, on se remettait en marche (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Souv., 1882, p. 168). Mais bonne fille, odorante, et cette espèce de charme exténué et canaille, ces regards affamés de louve douce (COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p. 27).
2. [En parlant d'une chose] Au fig. Déjà, des écroulements partiels s'étaient produits, le marché [à la Bourse] exténué, trop chargé, se lézardait de toutes parts (ZOLA, Argent, 1891, p. 140).
III.— Subst. Personne fatiguée, épuisée, physiquement ou moralement. Tous leurs sièges [des Hollandais] sont admirables; (...) et ce reste d'exténués (...) décide, plutôt que de se rendre, qu'on sortira en carré (TAINE, Philos. art, t. 2, 1865, p. 63). C'est alors qu'à cet exténué revient le souvenir des anciennes bombances (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. LI).
Encyclopédie Universelle. 2012.