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SABORD
SABORD

SABORD

Le mot apparaît en 1402, dans La Conquête des Canaries de Jean de Béthencourt. Il désigne l’ouverture pratiquée dans la muraille d’un vaisseau, ce dispositif devant laisser passage à la volée d’un canon. Plus spécialement, on distingue le «sabord de chasse», situé à l’avant, pour l’attaque, et le «sabord de retraite», à l’arrière. Par extension, le «sabord de charge» est une ouverture dans la carène destinée à l’embarquement des marchandises ou des chevaux; le «sabord de nage», un trou permettant le passage d’un aviron. La porte réservée à l’entrée des voyageurs prendra elle-même le nom de sabord.

sabord [ sabɔr ] n. m.
sabort 1402; p.-ê. de bord
Mar. Ouverture quadrangulaire servant, sur un navire de guerre, de passage à la bouche des canons. Sabord de charge, pour l'embarquement du matériel. Faux sabord ou sabord d'aérage : grand hublot carré.
Fam. Mille sabords ! juron des marins.

sabord nom masculin (peut-être de bord) Ouverture quadrangulaire pratiquée dans la muraille d'un navire, et servant soit de passage à la volée des pièces, soit de prise d'air pour les chambres et les batteries. ● sabord (expressions) nom masculin (peut-être de bord) Mille sabords !, juron familier des marins.

sabord
n. m. MAR Ouverture quadrangulaire dans la muraille d'un navire pour donner passage à la volée d'un canon.
Sabord de charge, pour embarquer des marchandises, etc.
Sabord de décharge, pour l'évacuation de l'eau embarquée sur le pont.

⇒SABORD, subst. masc.
A. — MAR. Ouverture quadrangulaire dans la muraille d'un vaisseau pour laisser un passage à la bouche des canons. Deux, trois rangs de sabords; sabords alignés en deux, trois rangées. Les sabords [du grand vaisseau] fourmillaient [de mortiers et d'affûts] (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 806). Les entreponts placés au-dessus de la flottaison sont éclairés et aérés latéralement par des ouvertures percées dans la muraille, qui sont rectangulaires, les sabords, ou circulaires, les hublots (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 6).
P. méton. Ce vaisseau fut sur l'onde un terrible passant (...) Ses sabords mugissaient (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 804).
P. métaph. [Vézelay] semble une frégate échouée sur un récif (...) accrochées aux flancs, les petites fenêtres des maisons ouvrent, sur la campagne (...) des milliers de sabords (ESTAUNIÉ, Solitudes, 1917, p. 11). Les théâtres, les night clubs (...), les restaurants font feu de tous leurs sabords (MORAND, New-York, 1930, p. 162).
En partic.
Sabord (de nage). Ouverture pratiquée pour laisser passer les avirons. Les sabords s'ouvrirent pour laisser passer les longs avirons de galère (DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t. 3, 1842, p. 335).
Sabord de charge. Grande ouverture pratiquée pour faciliter le chargement. (Dict. XIXe et XXe s.). Sabord de chasse. Sabord dans la proue (Dict. XIXe et XXe s.). Sabord de retraite. Sabord percé dans la poupe (Dict. XIXe et XXe s.). Faux sabord, sabord d'aérage. Grand hublot carré (Dict. XIXe et XXe s.). Hublot de sabord. Verre lenticulaire par lequel le jour pénètre à bord quand le sabord est fermé (Dict. XIXe et XXe s.).
Interj. Mille sabords! [Juron familier des marins] Le capitaine a juré, sacré — mille sabords du diable! — en me voyant sortir de ma cachette (...) mais il ne peut pas me jeter par-dessus bord (VALLÈS,J. Vingtras, Enf., 1879, p. 217).
B. — Arg. Œil. [L'ancien souteneur:] j'lui déglingue [à ma femme] un glassis [un verre] dans un d'ses sabords [je lui brise un verre dans l'œil] (BRISSAC, Souv. prison, 1880, p. 44).
Coup de sabord. Coup d'œil. Coup de sabord attentif, rapide, assez vif; coup de sabord d'admiration, de convoitise, de menace. [Son goût] se devinait aux coups de sabords qu'il lançait quand passait un beau môme (Pt Simonin ill., 1957, p. 257).
Jeter un coup de sabord. ,,Vérifier l'ouvrage`` (RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 304).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1425 mar. (J. DE BETHENCOURT, Le Canarien, chap. XXI, publ. par G. Gravier, p. 32: sabort); de nouv. 1573 sabors plur. (DUPUYS); 2. 1694 faux-sabord (CORNEILLE); 3. 1832 mille sabords! (SAND, Indiana, p. 213). Prob. formé à partir du subst. bord, mais l'élém. sa reste inexpliqué. Voir FEW t. 1, p. 437b et t. 23, p. 101 a-b. Fréq. abs. littér.:54. Bbg. QUEM. DDL t. 17.

sabord [sabɔʀ] n. m.
ÉTYM. 1573; sabort, 1402; p.-ê. de bord, mais le premier élément est inexpliqué P. Guiraud suggère le rad. de saper « creuser » ou le mot sas.
1 Mar. (Assez cour. dans la langue générale). Ouverture quadrangulaire pratiquée dans la muraille d'un navire et servant, sur les vaisseaux de guerre, de passage à la bouche des canons. Embrasure, fenêtre. || Sabords alignés en une ou plusieurs rangées. || Sabord de chasse, permettant de tirer en avant. || Sabord de retraite, permettant de tirer en arrière.Sabord de charge, destiné à l'embarquement du matériel. || Sabord de décharge : ouverture pratiquée dans les parois pour l'évacuation de l'eau embarquée sur le pont. || Faux sabord, ou sabord d'aérage : grand hublot carré. || Ouvrir, fermer les sabords, les mantelets (cit. 3) en fer, les volets des sabords.
1 Un violent coup d'équinoxe était survenu, qui avait défoncé à bâbord la poulaine et un sabord et endommagé le porte-haubans de misaine.
Hugo, les Misérables, II, II, III.
2 L'Yseult était évitée cap au sud. Par le sabord de sa chambre, située à bâbord, Felze accoudé voyait tout Nagasaki (…)
Claude Farrère, la Bataille, VIII.
Fam. || Mille sabords ! : pseudo-juron mis dans la bouche des marins par les auteurs de romans d'aventures, puis de bandes dessinées (souvent repris par allusion au répertoire du capitaine Haddock, dans Tintin et Milou).
3 Ils m'ont fait peur. J'ai cru qu'ils nous avaient vus ! (Il crie :) C'est fini, mille millions de sabords ? qu'est-ce qui m'a fichu des guenons pareilles !
J. Anouilh, Ardèle ou la Marguerite, p. 169.
Vx. || Sabord ! (même sens).
4 Godefroid paraît en costume de mousse, avec de la barbe plein la figure et de grandes boucles d'oreilles. (…)Godefroid, à la cantonade. Il faut que je lui parle ! bâbord ! tribord ! sabord !Théréson. Encore un matelot.
E. Labiche, la Perle de la Canebière, I, 18.
tableau Principales interjections.
2 Fam. Œil. || Coup de sabord : coup d'œil. || « Lorsqu'il ouvre les sabords… » (Accoce, Polonais, p. 153).
5 Outre la gratitude, c'est d'espérances langoureuses qu'Irène charge le coup de sabord un peu glauque qu'elle balance à Pierrot.
Albert Simonin, Hotu soit qui mal y pense, p. 32.
DÉR. Saborder.

Encyclopédie Universelle. 2012.