⇒TRENTE(-)ET(-)UN, (TRENTE ET UN, TRENTE-ET-UN)subst. masc. inv.
A. — JEUX. Jeu de cartes où il s'agit de totaliser trente et un points avec trois cartes de la même couleur ou, à défaut, d'en approcher le plus possible. Mon père est rangé, économe (...). Son seul bonheur est de faire le soir sa partie de trente-et-un avec quelques amis (KOCK, Ficheclaque, 1867, p. 4). Le trente et un se joue entre un banquier et un nombre illimité de pontes, mais (...) chaque ponte devient banquier à son tour (Lar. 19e).
B. — Fam. (Se mettre, être) sur son trente(-)et(-)un. (Revêtir, être) revêtu de ses plus beaux habits. Elle va se mettre sur son trente et un. Il est possible que tante Léo l'oblige à se maquiller et à sortir les fourrures de la penderie (COCTEAU, Parents, 1938, II, 1, p. 232).
Rem. Noter aussi les var. sur son cinquante et un, sur son trente-deux, sur son trente-six: Vous mettrez des bottines vernies?... Mais vous aurez l'air d'un étudiant sur son trente-deux (GONCOURT, Journal, 1885, p. 424). Calvat (...) avait vu d'un très mauvais œil le mariage de Fabrice avec cette grande dame (...) il se plaignait d'être forcé maintenant, toutes les fois qu'il allait chez son beau-frère, de se mettre sur son trente-six (FEUILLET, Honn. d'artiste, 1890, p. 207).
Prononc. et Orth.:[]. LITTRÉ, ROB. 1985: (sur son) trente et un, mais Lar. Lang. fr.: (sur son) trente-et-un. Étymol. et Hist. 1. 1464 XXXI « jeu de cartes » (Lett. de Jan de Lannoy, Cabinet histor., 1875, p. 241 ds GDF. Compl.); 2. 1833 se mettre sur son trente et un (VIDAL ds LARCH. 1872). De trente et de un, au sens 1 parce que les joueurs cherchent à totaliser trente-et-un points dans une même couleur. Le sens 2 se rattache à la valeur intensive de ce nombre, prob. au nombre de jours du mois (cf. le dicton trente et un, jour sans pain, misère en Prusse, cité par LITTRÉ, faisant allus. au fait que les troupes cantonnées ne recevaient qu'exceptionnellement le supplément d'entretien correspondant au trente et unième jour du mois; l'expr. sur son trente-et-un ferait alors allus. à des festivités exceptionnelles liées à ce jour, v. Cl. DUNETON, La Puce à l'oreille, p. 316). On a proposé également de voir dans trente-et-un l'altér. de trentain qualifiant une sorte de drap fin dont la chaîne était composée de trente centaines de fils (mot att. de 1676, Arrêt du Conseil ds LITTRÉ, à 1892, GUÉRIN [donné à tort comme vivant du XIIe s. au XVe s. ds REY-CHANTR. Expr.]). À l'appui de cette hyp. DUNETON, loc. cit., évoque l'expr. québécoise se mettre sur son trente six qu'il interprète comme « endosser un habit neuf » [parce que la dénom. trente six pouces corresp. à notre expr. en quatre-vingt dix de large, appliquée à du tissu neuf, dans notre système métrique], la constr. étant expliquée comme une survivance de l'anc. tournure trans. se mettre sus (un drap) « mettre sur soi » (v. RAT, Dict. des loc. fr.); se mettre sur son trente six est att. en 1872 (LARCH.), att. en québécois seulement en 1881 (d'apr. la doc. fournie par Cl. Poirier, Trésor de la Lang. fr. au Québec; sur son trente et un att. en 1884). Cf. aussi la var. se mettre sur son trente deux (1834, Ch. BALLARD, La Mode à Paris, in Paris, ou le Livre des cent-et-un, t. XIV, p. 185 ds QUEM. DDL t. 16; en fr. du Québec att. en 1877). Bbg. BALDINGER (K.). Mfr. glic « sorte de jeu de cartes » et son étymol. Kwart. neofilol. 1976, t. 23, n°1/2, p. 22. — BOUVIER (J.-Cl.). Anthologie des expr. en Provence. S. l., 1982, pp. 158-159. — QUEM. DDL t. 38.
Encyclopédie Universelle. 2012.