TACHKENT
TACHKE
Capitale de l’Ouzbékistan, Tachkent, avec une population de 2 113 000 habitants (estimations de 1991), se classait, avant 1991, au quatrième rang parmi les villes de l’U.R.S.S. et au premier rang parmi les villes de l’Asie soviétique.
Ville d’oasis, Tachkent a longtemps dû son essor à l’abondance des eaux qui parviennent en toutes saisons aux champs qui l’entourent soit par l’intermédiaire de nappes phréatiques soit par un réseau hydrographique fort dense dont le Tchirtchik est l’artère principale. Cependant, pour généreuse que soit cette donation en eau d’irrigation, Tachkent est située à une latitude trop septentrionale et se trouve trop éloignée de l’ancienne route de la soie pour avoir eu un passé aussi ancien et aussi prestigieux que celui de Samarcande ou de Boukhara, villes dont l’héritage architectural est autrement plus riche que le sien. Lorsque les Russes l’occupèrent en 1865, Tachkent était une ville rurale sans grandeur, semblable à la plupart des cités de l’Orient islamique et dans laquelle se mêlaient dans le plus grand désordre, au long d’un labyrinthe de ruelles étroites et d’impasses, de belles demeures à balcons et moucharabieh, construites dans le style turc pour le compte des riches propriétaires fonciers ouzbeks, voisinant avec les maisons de terre qu’occupaient les petits exploitants ou les paysans sans terre qui travaillaient pour le compte des féodaux les jardins de l’oasis.
Afin d’y établir la capitale du Turkestan qu’ils dominaient désormais, les Russes édifièrent en face de la ville originelle, sur l’autre rive du grand canal qui la ceinturait, une ville nouvelle organisée autour de la gare, des casernes et des bâtiments administratifs en s’inspirant de l’urbanisme de prestige que les Britanniques avaient créé en bâtissant les villes de garnison de l’armée des Indes. Employant à profusion, pour créer des espaces verts, l’eau que les autochtones utilisaient avec parcimonie pour irriguer leurs champs, les Russes aménagèrent à leur usage une ville-parc dont les rues tracées en damier et parcourues par des canaux d’irrigation étaient bordées d’arbres afin d’assurer aux colons ombre et fraîcheur, les autochtones ne pouvant y établir leur résidence.
Après 1925, les barrières raciales séparant les deux populations ont été levées et les pouvoirs publics se sont employés à unifier le paysage urbain de l’ancienne ville double de la période coloniale. La ville russe a servi de noyau central rassemblant, dans des bâtiments construits selon un style néo-ouzbek, les édifices administratifs principaux: palais du parlement, ministères, administrations centrales. De son côté, l’ancienne cité ouzbèke a été profondément transformée par le percement de grandes avenues bordées de bâtiments construits dans le style moscovite; ainsi la perspective Alicher Navoï a permis d’unir les deux villes. Progressivement, les maisons anciennes ont disparu pour laisser la place à des immeubles s’ordonnant au long d’avenues nouvelles plantées d’arbres à la manière des grandes artères de l’ancienne ville coloniale. Gravement endommagée par le tremblement de terre de 1966, la ville a été reconstruite avec le concours de tous les habitants de l’U.R.S.S., chacune des républiques fédérées ayant pris en charge le relèvement des ruines d’un quartier sinistré, si bien que Tachkent est aujourd’hui une ville neuve bruissante d’eau et de feuillages, où vit une population qui a plus que quadruplé depuis 1926.
Sous le régime soviétique, les fonctions de Tachkent étaient en effet fort diverses, la ville étant à la fois capitale de la république socialiste soviétique d’Ouzbékistan et la véritable capitale de l’Asie moyenne soviétique sans en porter le titre; son Académie des sciences, ses instituts de recherche scientifique, ses maisons d’édition exerçaient leur influence jusque dans les républiques voisines. Tachkent représentait aussi un nœud de voies de communication de premier ordre: son aéroport prenait rang parmi les principaux du pays et servait non seulement d’escale aux avions des lignes intérieures mais faisait office de tête de ligne pour de nombreuses liaisons internationales dirigées vers les pays du Moyen et de l’Extrême-Orient, tandis que sa gare voyait converger vers elle les grands itinéraires ferroviaires de l’Asie moyenne: transcaspien, transaralien, turksib, voie transkazakh.
Ce centre de relations s’est aussi développé en un foyer d’industries différenciées dont les entreprises, en faisant usage du gaz naturel extrait du sous-sol des déserts ouzbeks et acheminé jusqu’à la cité par gazoduc, ou de l’électricité produite dans les centrales hydrauliques aménagées sur les fleuves ouzbeks, transforment les produits de l’agriculture régionale, fournissent à cette dernière le matériel d’équipement qui lui est nécessaire ou s’efforcent de satisfaire les besoins d’un important marché de consommation.
Ville du coton, Tachkent apparaît comme un centre pilote de l’agriculture irriguée. Pour assurer le succès des chantiers hydrauliques ouverts dans toute l’Asie moyenne afin de maîtriser les eaux courantes, il a fallu créer dans la ville des laboratoires de recherches hydrauliques et des écoles qui forment des ingénieurs hydrauliciens auxquels les pouvoirs publics soviétiques confiaient en outre l’étude des grands projets d’aménagement hydraulique que les pays en développement demandaient à l’Union soviétique de réaliser chez eux. De même, l’Académie des sciences d’Ouzbékistan tout comme l’université de Tachkent ont-elles consacré l’essentiel de leur effort de recherche scientifique au perfectionnement de la culture du cotonnier, plante qui fait la fortune de l’oasis dont Tachkent occupe le cœur. Ainsi, bien que le rôle de Tachkent soit désormais centré sur sa fonction de capitale de l’Ouzbékistan, il ne faudrait pas sous-estimer l’importance que revêt encore l’héritage soviétique dans le développement de cette ville.
Tachkent
cap. de l'Ouzbékistan; 2 210 000 hab. Grand centre universitaire, comm. et indust., à proximité de barrages sur le Syr-Daria.
Encyclopédie Universelle. 2012.