THÉORBE
THÉORBE
Instrument à cordes pincées, basse de la famille du luth (cf. archiluth). Le théorbe a une coquille très bombée et à côtes; il possède un double manche, mais relativement plus court que l’unique manche du luth. Le chitarrone (théorbe de Rome, par opposition au théorbe ordinaire, dit de Padoue) avait, au contraire, un double manche très long et une coquille assez petite. La table est percée d’une ou de deux ouïes. Les théorbes comprenaient de six à dix cordes graves de bourdon (tendues sur le second chevillier au-dessus de la caisse de résonance, à côté de la touche) et ordinairement quatorze cordes mélodiques (allant par paire) tendues sur le manche à sillets. Théorbe et chitarrone, en honneur du XVIe au XVIIIe siècle, ont joué un rôle important dans la tenue de la basse continue et l’accompagnement de la voix.
théorbe [ teɔrb ] n. m. VAR. téorbe
• 1660 ; tuorbe déb. XVIIe; it. tiorba, o. i.
♦ Sorte de luth à deux manches, à son plus grave que celui du luth ordinaire. « un théorbe à caisse ovale, un de ces luths à double manche dont la vogue éphémère s'instaura au seizième siècle, culmina sous Louis XIV » (Perec).
● théorbe ou téorbe nom masculin (italien tiorba) Instrument de musique de la famille du luth.
⇒THÉORBE, TÉORBE, subst. masc.
MUS. [Du XVIe au XVIIIe s.] Instrument à cordes pincées appartenant à la famille des archiluths, au son plus grave que celui du luth, dont le manche, muni d'un premier chevillier auquel s'accrochent les six rangs de cordes habituels du luth, comporte un second chevillier, légèrement déporté vers la gauche, auquel s'accrochent de quatre à huit paires de cordes sonnant à vide (d'apr. Mus. 1976). Debout, elle passa la main sur son front, se recueillit pendant quelques minutes, pinça son téorbe, et récita:Quimper-Corentin, ma patrie (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 209). C'était une joie ineffable qui semblait venir du paradis, une joie aussi différente de celle de la sonate que, d'un ange doux et grave de Bellini, jouant du théorbe, pourrait être, vêtu d'une robe d'écarlate, quelque archange de Mantegna sonnant dans un buccin (PROUST, Prisonn., 1922, p. 260).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: theorbe, 1740: théorbe, dep. 1762: téorbe, thé-. En outre, ds Ac. 1694-1878 var. thuorbe, tuorbe. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr.1971, p. 310: té-. Étymol. et Hist. Déb. XVIIe s. tuorbe (A. D'AUBIGNÉ, Lettre à M. de La Noue ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 465); 1626 tiorbe (J.-B. DONI, lettre à Mersenne ds M. MERSENNE, Corresp., éd. P. Tannery et C. de Waard, t. 1, p. 438); 1640 teorbe (OUDIN Ital.-Fr., s.v. teorba); 1661 theorbe (A. LE METEL D'OUVILLE, La Fouyne de Séville [trad. du texte esp. de A. del Castillo Solorzano], p. 241: J'avouë que la langue Espagnolle ne m'est pas si favorable que l'Italienne, dont j'ay mieux estudié les graces et les beautez sur le theorbe que je touche assez raisonnablement). Empr. à l'ital. tiorba « sorte de grand luth à deux manches » (dep. 1585, GARZONI), aussi teorba (cf. OUDIN, loc. cit.); cet instrument aurait été inventé en 1575 par Antonio Naldi, musicien toscan dit il Bardella (v. PRATI et DEI); tiorba est d'orig. incertaine: G. ALESSIO (ds R. Ling. rom. t. 18, pp. 57-58) et à sa suite DEI, estiment que la forme originelle était tuorba, appartenait au vénit. et non au tosc., et le rattachent au sl. torba, att. en Istrie et Dalmatie au sens de « besace », du turc torba « id. », mais cette hyp. est réfutée à juste titre par A. PRATI ds R. Ling. rom. t. 19, pp. 213-214; v. aussi COR.-PASC., s.v. tiorba. Fréq. abs. littér.:20. Bbg. HOPE 1971, pp. 224-225.
ÉTYM. 1661; tuorbe, fin XVIe; on a dit aussi tiorbe (1626); ital. tiorba, d'orig. inconnue.
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♦ Anciennt. Instrument de musique ancien (XVIe et XVIIe siècles), sorte de luth à deux chevilliers, au son plus grave que celui du luth ordinaire.
0 Jusqu'à ce que Phœbus recommence son orbe,
J'ai donc sur mes talons ces joueurs de théorbe (…)
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, III, 1.
Encyclopédie Universelle. 2012.