TOKYO
T 拏ky 拏 présente comme une vision futuriste du monde postindustriel, avec ses buildings, ses aérotrains et ses autoroutes. Mais la métropole, en tant que telle, n’a qu’une histoire brève: tout au plus pourrait-on faire remonter celle-ci au XVIIe siècle. La cité gigantesque d’aujourd’hui ne doit pas faire oublier le Musashino des anciens Japonais, la plaine des hauts plateaux de la province de Musashi. Le district de T 拏ky 拏 comporte, à l’ouest, des montagnes qui culminent à plus de 2 000 mètres, aux confins des départements de Saitama et de Yamanashi. L’histoire de la ville est indissociablement liée à celle de cet arrière-pays, qui conserve en bien des endroits son paysage d’antan, avec ses espaces verts et ses forêts.
1. Les origines
La préhistoire
C’est à T 拏ky 拏, dans un quartier d’ 牢mori, que fut identifié en 1877 le premier amas de coquillages (kaizuka ) typique du premier âge néolithique japonais, dit J 拏mon. Mais, depuis lors, des vestiges beaucoup plus anciens furent découverts, sur les plateaux vallonnés du Musashino: des instruments en pierre appartenant peut-être à une civilisation paléolithique et des poteries du tout premier âge J 拏mon, notamment celles d’Igusa, de Haijima et d’Inaridai. Yayoi, quartier de T 拏ky 拏, donna son nom au second âge néolithique japonais, du fait que l’on y découvrit une poterie appartenant à cette culture. Cependant, celle-ci avait, depuis un à deux siècles, gagné l’ouest puis le centre de Honsh , lorsque les chasseurs et les pêcheurs du J 拏mon s’attardaient encore sur les plateaux du Kant 拏. Enfin, quand ils apprirent à pratiquer la riziculture dans les vallées et les basses terres, la civilisation du Yayoi pénétra dans cette région. Par la suite, la cour du Yamato semble y avoir étendu son pouvoir: les tumulus (kofun ) conservés dans le district de T 拏ky 拏 (Shiba, Den’en ch 拏fu) témoigneraient de cette emprise.
Le régime impérial ancien
Du VIIe au VIIIe siècle, la cour impériale établit la province de Musashi, englobant le département actuel de Saitama et une fraction de celui de Kanagawa, en plus du district de T 拏ky 拏, qui ne représentait que trois cantons et une partie de deux autres, sur les vingt et un que comportait la circonscription provinciale. La préfecture se trouvait probablement à l’emplacement de la ville actuelle de Fuch . Selon la volonté de l’empereur Sh 拏mu, un temple bouddhique provincial, Kokubun-ji, fut construit, là où une agglomération porte ce nom de nos jours, entre Tachikawa et Koganei; dans les environs, des vestiges du monastère de femmes, Kokubun-niji, édifié à la même époque, furent repérés. Les liaisons avec Nara étaient assurées par la route T 拏san, qui traversait le massif montagneux du Honsh central; mais, à partir de 771, la voie principale fut transférée au T 拏kaid 拏, qui passait par la côte de l’océan Pacifique. Sous Heian, les rizières ne semblent pas avoir été très étendues encore dans le Musashi, qui était réputé en revanche pour ses pâturages à chevaux, appartenant à la cour impériale ou à des seigneurs. Après la conquête du Mutsu, au VIIIe siècle, la présence du pouvoir impérial se relâcha progressivement dans le Kant 拏.
La domination des bushi
Dès le VIIIe siècle, des sh 拏en avaient été concédés dans le Kant 拏, en particulier dans le Musashi. Ils se multiplièrent au cours des siècles suivants, favorisant la fixation sur place des fonctionnaires impériaux et de leurs descendants. Ces derniers se taillaient des principautés quasi autonomes. Ainsi, de 938 à 940, Taira no Masakado, qui avait fait édifier un château dans le Shim 拏sa, partit à la conquête du Kant 拏, et sans doute, en cas de succès, de tout le Japon ; la moitié est du Musashi fut soumise à son influence. Lorsqu’il fut proclamé rebelle par la cour de Ky 拏to, ses voisins se coalisèrent contre lui et anéantirent sa principauté, avant l’intervention de l’armée impériale. De tels incidents préludaient à l’évolution du Kant 拏 vers la féodalité. Durant le conflit prolongé entre les Taira et les Minamoto, le Musashi, divisé entre les possessions des magnats locaux, surtout ceux que l’on appelle les Sept Partis du Musashi (Musashi Shichi T 拏), conserva une indépendance relative. À la fin du XIIe siècle toutefois, ces derniers contribuèrent à la prise du pouvoir par Minamoto no Yoritomo. Quand le Bakufu (gouvernement du sh 拏gun ) s’installa à Kamakura, la plaine du Kant 拏, en particulier dans sa partie incluse dans le proche Musashi, joua le rôle important d’arrière-pays de cette ville et de son port en plein développement. La fidélité des buschi du Musashi à Kamakura ne se démentit point jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Mais, après les tentatives d’invasion mongoles, le malaise se généralisa dans tout le Japon. Le Musashi se trouvait alors en période de mutation sociale, comme le reste du Kant 拏: accroissement démographique, pénétration (encore modeste) de l’économie monétaire, agitation des paysans mécontents des exactions. Ainsi, lorsque, à Ky 拏to, Ashikaga Takauji se révolta contre le Bakufu, les magnats du Musashi collaborèrent avec l’armée de Nitta Yoshisada qui, partie du K 拏zuke, allait renverser le gouvernement de Kamakura. Dès lors, le Kant 拏 devait affirmer de plus en plus son indépendance à l’égard des autorités centrales. Au début du schisme impérial, le Musashi fut soumis aux influences favorables à la cour du Sud. Mais, aux environs de 1360, la province n’avait plus de shugo et elle était soustraite aux pouvoirs du Bakufu de Muromachi. Celui-ci dut reconnaître au Kant 拏 un statut particulier, l’abandonnant aux familles Uesugi, dont une branche était habilitée à remplir la charge de gouverneur (Kant 拏 kanrei ). Pendant les guerres civiles et les périodes d’anarchie, le Musashi allait découvrir peu à peu sa vocation de forteresse éloignée de Ky 拏to et de ce fait isolée. Déjà sous Kamakura, une famille s’appelant Edo avait créé une châtellenie analogue à un sh 拏en , probablement à l’emplacement du centre actuel de T 拏ky 拏. Elle disparut sans se distinguer particulièrement, mais en laissant son nom à la localité. Un guerrier plus puissant, 牢ta D 拏kan, fit bâtir en 1457 à Edo le premier château digne de ce nom. Mais, en pleine guerre féodale, quand les H 拏j 拏 d’Odawara envahirent le Musashi (1524), ce château était délabré. Les H 拏j 拏 négligèrent Edo.
2. La capitale d’un État
Une capitale shogunale
Toyotomi Hideyoshi, qui avait entrepris la réunification du Japon, attaqua les H 拏j 拏 en 1590 avec son allié Tokugawa Ieyasu. La victoire remportée, il offrit à celui-ci le fief du Kant 拏. Ieyasu choisit Edo comme siège de son gouvernement seigneurial; il fit entreprendre aussitôt des travaux d’urbanisation, fit creuser des canaux et surtout construire un grand château. Nommé sh 拏gun en 1603, il décida d’établir le Bakufu dans la nouvelle ville. Dès lors, pendant plus de deux siècles et demi, Edo fut la seconde capitale du Japon. L’usage s’y établit de retenir les daimy 拏 , un an sur deux dans la généralité des cas, et leur famille légitime en permanence comme otage. Ils édifièrent leurs résidences, de Maru-no-uchi à Tame-ike, à l’intérieur de la deuxième enceinte de douves, et surtout dans les hauts quartiers du nord et de l’ouest. Attirés par ce regroupement des hauts dignitaires du nouveau régime shogunal, artisans et commerçants affluèrent vers les bas quartiers du sud et de l’est: beaucoup d’entre eux venaient de la région de Ky 拏to et d’ 牢saka, d’autres venaient des provinces d’Ise, d’ 牢mi, de Hida, etc. Un réseau routier s’organisait, prenant Edo pour centre: Nihon-bashi devenait le point de départ du T 拏kaid 拏; les anciennes routes impériales étaient réaménagées et bien entretenues, tandis que les routes secondaires se multipliaient.
Ville et campagne
Cependant, hors des quartiers résidentiels qui entouraient le château, Edo conservait encore un aspect rural: en même temps que les ouvrages de drainage, les travaux d’irrigation étaient encouragés. Les rizières et les champs gagnaient du terrain sur les hauts plateaux du Musashi: le progrès technique permettait le forage de puits de plus en plus profonds. Ainsi, sous les Tokugawa, les défrichements déterminèrent la création d’une centaine de nouveaux villages. En même temps, des agglomérations comme Hachi 拏ji, sur la route de K 拏fu, étaient mises en valeur et, dès le XVIIe siècle, de nouveaux bourgs naissaient, tel 牢me, situé plus au nord, sur une route secondaire. En même temps que la campagne se développait, la ville s’étendait. À Edo même, les marécages de la côte furent comblés et asséchés: une bande de terre d’environ un kilomètre de large, de Ry 拏goku à Shiba, et l’île d’Ishikawajima (chantier naval depuis 1853), à l’estuaire de la Sumida, furent conquises sur la mer. La population d’Edo s’accroissait: elle comptait plus d’un million de personnes au XVIIIe siècle; elle fléchit après les famines des années 1780, mais augmenta de nouveau au milieu du XIXe siècle. La cité shogunale, où la densité démographique était exceptionnellement forte pour l’époque, fut à maintes reprises éprouvée par les incendies: ainsi, le donjon du château disparut dans celui de 1657, qui ravagea la plupart des quartiers. La ville fut rebâtie avec des rues plus larges et la lutte contre le feu s’organisa au XVIIIe siècle. Mais les habitants vivaient sous la menace des sinistres: ceux de 1772 et de 1806 furent particulièrement destructeurs. Habitué au péril, le peuple d’Edo, joyeux et goguenard, parfois truculent, avait créé son monde à la mesure de la capitale shogunale, avec ses coutumes, son esprit et sa culture. Le marché de riz d’Edo rivalisait avec celui d’ 牢saka. La littérature répondait au goût de cette nouvelle société de marchands. Le brillant théâtre du kabuki se développait à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, à l’époque même où Bash 拏 (1644-1694) introduisait à Edo la sobre poétique du haikai . Edo eut aussi ses auteurs de romans populaires: Sant 拏 Ky 拏den (1761-1816) et Takizawa Bakin (1767-1848) notamment. Les scènes de la vie bourgeoise furent illustrées par les estampes de Moronobu (1618-1694), de Harunobu (1725-1770), d’Utamaro (1753-1806), de Hokusai (1760-1849), de Hiroshige (1797-1858).
Une capitale impériale
L’aspect d’Edo changea lorsque, à partir de 1858, les représentants des puissances occidentales demandèrent à résider dans la capitale shogunale. Les modes étrangères s’y infiltrèrent progressivement, mais les r 拏nin (bushi sans maître) xénophobes terrorisèrent les habitants qui entraient en relation avec les Occidentaux. Puis le centre politique se transporta vers Ky 拏to: de 1863 à 1868, Edo fut de plus en plus isolé. Enfin, après la chute du shogunat, l’armée impériale conquit le domaine du Bakufu; elle fit son entrée à Edo le 3 mai 1868. Les fidèles intransigeants du sh 拏gun furent exterminés à Ueno, le 4 juillet.
Le gouvernement impérial appela la ville T 拏ky 拏, la «capitale de l’Est». L’empereur y fit une visite la même année et y transféra définitivement sa résidence dès l’année suivante (1869). T 拏ky 拏, proche de Yokohama qui devenait alors le plus grand port international du Japon, convenait mieux qu’ 牢saka ou Ky 拏to comme site de la capitale administrative. La modernisation de la ville commença par celle des communications: T 拏ky 拏 fut relié à Yokohama par télégraphie sans fil dès 1869, par chemin de fer en 1871; l’installation du téléphone date de 1877. Cependant, les daimy 拏 ayant évacué la métropole, le nombre d’habitants baissa considérablement: 580 000 personnes en 1877. Mais cette diminution démographique favorisa la rénovation de l’urbanisme. Là où se trouvaient les bureaux du Bakufu et les plus beaux palais seigneuriaux, à Maru-no-uchi, furent bâtis des édifices de style moderne et d’autres constructions qui s’étendirent aux quartiers avoisinants. À Hibiya fut élevé le Rokumeikan, hôtel où Inoue Kaoru, ministre des Affaires étrangères, fit donner des bals qui firent scandale. Le quartier d’affaires s’étendit à Ginza, nom donné en souvenir de la corporation des artisans du monnayage d’argent. Une tour de 49 mètres de haut fut élevée à Asakusa en 1889. Les pousse-pousse avaient été les premiers moyens de transport, au début de l’ère Meiji; les tramways circulèrent à partir des années quatre-vingt-dix, les trains urbains firent leur apparition un peu plus tard.
T size=5拏ky size=5拏, métropole moderne
L’expansion de la ville amena le gouvernement à modifier son statut. T 拏ky 拏 avait été créé capitale (T 拏ky 拏-fu ) en 1868; la partie nord du Musashi devint le département de Saitama (préfecture: Kawagoe), la partie sud, jointe à la province de Sagami, celui de Kanagawa (préfecture: Yokohama). La circonscription s’agrandit en 1893 de trois cantons au détriment de Kanagawa, afin surtout d’assurer une provision d’eau suffisante à la partie urbaine qui avait reçu le statut de ville (T 拏ky 拏-shi ) et qui fut découpée en quinze arrondissements (ku ) en 1889. Vingt arrondissements furent ajoutés en 1932; enfin, le shi fut aboli en 1943, la circonscription du fu devenant le district métropolitain de T 拏ky 拏 (T 拏ky 拏-to ): ainsi disparaissait la distinction des parties urbaine et rurale, la banlieue étant toutefois divisée en villes (shi, machi ou ch 拏 ) et en cantons (gun ). Au moment de la Première Guerre mondiale, T 拏ky 拏 avait définitivement acquis son rôle de centre économique, administratif, politique et culturel. Les grandes banques et les grandes firmes y avaient installé leur maison mère; ainsi, Mitsubishi avait acheté une portion de Maru-no-uchi et y avait mis en location des bureaux dans des constructions en brique. La Diète s’était installée à Kasumigaseki, non loin du parc Hibiya. De la gare centrale, construite en béton armé (1914), partaient les principales lignes de chemin de fer. Les anciennes institutions scolaires des Tokugawa avaient été regroupées dans l’université impériale de T 拏ky 拏, qui avait étoffé et perfectionné son enseignement. Des universités privées, comme Kei 拏 et Waseda, avaient été fondées. De nombreux lycées et collèges, publics et privés, se partagaient l’enseignement secondaire, comme les petites écoles l’instruction primaire. Les mouvements politiques, souvent animés par la démocratie parlementaire ou le syndicalisme, provoquaient des manifestations et des agitations particulièrement spectaculaires à T 拏ky 拏: émeute à Hibiya en 1905; campagne de la défense de la Constitution en 1913; émeutes du riz en 1918; grève des tramways en 1919; célébration du Premier Mai à Ueno en 1920. Mais le tremblement de terre du 1er septembre 1923 marqua un tournant dans la vie de T 拏ky 拏, à deux égards. D’une part, plus de 300 000 maisons ayant été détruites, la ville fut relevée selon des plans nouveaux d’urbanisme: alors que la gare centrale avait résisté au séisme, le bâtiment de la Diète dut être reconstruit. D’autre part, le gouvernement s’étant par la suite orienté vers la répression de la démocratie et des mouvements de gauche, T 拏ky 拏 devint le théâtre de fréquents attentats et de révoltes fascisantes, qu’illustrent les tentatives de coup d’État du 15 mai 1932 et du 26 février 1936. À partir de l’invasion de la Mandchourie (1931), T 拏ky 拏 devint le centre de la politique autoritaire du gouvernement en matière économique et administrative. La guerre du Pacifique se termina par la destruction massive de la ville: celle-ci fut anéantie sur une étendue de 126 kilomètres carrés; il y eut 800 000 maisons détruites et plus de 94 000 morts. Mais les infrastructures de la ville avaient été assez solidement établies pour permettre sa réédification rapide.
3. La plus grande agglomération du monde
T 拏ky 拏 est l’agglomération urbaine la plus peuplée et la plus étendue du monde. Le centre se divise en 23 arrondissements couvrant 618 kilomètres carrés et comptant 8 160 000 habitants au recensement de 1990. Le district métropolitain englobe en outre 26 cités et quelques bourgs, plus les deux archipels d’Izu et d’Ogasawara (Bonin), ce qui donne un total de 2 183,4 kilomètres carrés et 11 885 000 habitants. Enfin, la région métropolitaine de T 拏ky 拏 adjoint à cet ensemble les trois préfectures voisines de Saitama, Kanagawa et Chiba, ce qui porte la superficie totale à 13 495 kilomètres carrés et l’ensemble de la population à 31 797 000 habitants au recensement de 1990, soit un accroissement de 3,5 millions depuis 1975. Un Japonais sur quatre habite donc dans l’orbite de sa capitale, proportion supérieure à celle de la France mais inférieure à celles du Danemark ou de l’Autriche.
Le site
T 拏ky 拏 est situé dans la plaine du Kant 拏, la plus grande du Japon, au fond de la baie de T 拏ky 拏, dont les eaux peu profondes pénètrent d’une cinquantaine de kilomètres vers le nord à l’intérieur des terres et qui est encadrée au sud par deux presqu’îles de terrains tertiaires: B 拏s 拏-hant 拏 (352 m) à l’est et Miura-hant 拏 à l’ouest. La plaine du Kant 拏 est constituée, pour sa plus grande part, par des terrasses plus ou moins disséquées et ravinées d’alluvions anciennes (diluvium) et, pour une part plus modeste, par les vallées et les deltas d’alluvions récentes des rivières qui entaillent le diluvium; s’y opposent donc des terres hautes parfois assez accidentées et des terres basses très plates, situées pratiquement au niveau de la mer.
Le site primitif d’Edo, occupé vers 1100 et choisi en 1457 par 牢ta D 拏kan pour la construction d’un château, occupe l’extrémité orientale de la plus basse terrasse du diluvium, à l’angle nord-ouest de la baie, au-dessus de la plaine alluviale de la Sumida; cette plaine est parcourue au sud par la Tama et au nord par le réseau complexe et anastomosé de la Sumida, de l’Arakawa et de l’Edo. Jusqu’au XVIIe siècle, ces trois dernières rivières servaient de défluents principaux à la Tonegawa, un des plus grands fleuves du Japon, dont les eaux depuis lors se jettent dans le Pacifique au nord-est de la presqu’île de B 拏s 拏; de ce fait, le site d’Edo (toponyme qui signifie «porte de la baie») était protégé au nord par trois abondants bras d’eau, ce qui lui donnait un caractère défensif; le palais impérial occupe aujourd’hui cet emplacement. Mais, dans l’ensemble, avec sa partie basse (Shitamachi) et sa partie haute (Yamanote ou Yamate), le site n’offre pas d’avantages remarquables. En outre, la plaine du Kant 拏 est située dans la Fossa Magna des géologues, fossé tectonique mal consolidé: les tremblements de terre y sont particulièrement fréquents.
Les fonctions urbaines
Des 7 500 000 personnes travaillant ou étudiant dans les 23 arrondissements, 2 350 000 viennent de l’extérieur, portant à 11 millions d’habitants leur population diurne. Cette population active est encore en majorité masculine, mais le pourcentage des femmes y croît régulièrement. La fonction tertiaire en occupe des deux tiers.
T 拏ky 拏 est d’abord la capitale d’un pays de 124 764 000 habitants en 1993 et le siège des ambassades étrangères au Japon. Les organes de l’État se concentrent dans le quartier de Kasumigaseki, au sud-ouest du palais impérial autour duquel s’ordonne toute l’agglomération, mais qui n’a plus guère qu’une présence symbolique. S’y ajoute la grosse colonie de fonctionnaires qui administre la métropole elle-même.
T 拏ky 拏 est le plus grand centre culturel du pays et regroupe un tiers des écoles et des universités japonaises, et 45 p. 100 de tous les écoliers et étudiants. Le «quartier Latin» de la capitale, dans les secteurs de Kanda et de Hong 拏, comporte, outre une demi-douzaine d’universités (dont la prestigieuse université de T 拏ky 拏, riche de 45 000 étudiants dans ses deux campus de Hong 拏 et de Komaba), une centaine de libraires et des maisons d’édition; 55 p. 100 des ouvrages publiés dans le pays le sont à T 拏ky 拏.
T 拏ky 拏 est un énorme centre commercial qui abrite 30 p. 100 de toutes les entreprises japonaises, 12 p. 100 des magasins, 17 p. 100 des employés de commerce, et effectue 30,5 p. 100 des ventes annuelles de tout le pays. 3 000 firmes travaillent avec l’étranger et traitent les deux tiers des exportations et des importations japonaises. Une foire internationale se tient chaque année au printemps. Le grand magasin type emploie de 3 000 à 4 000 personnes et reçoit de 100 000 à 200 000 clients par jour; plusieurs appartiennent à des compagnies ferroviaires privées qui les ont édifiés à leur gare terminale et gèrent en outre des hôtels, des stations touristiques ou des affaires immobilières. Ils exercent aussi une fonction culturelle notable par les expositions qu’ils organisent dans leurs vastes galeries-musées. Les chaînes les plus considérables (Mitsukoshi, Takashimaya, Seibu, T 拏ky , Isetan, Hanky ) possèdent plusieurs magasins dans la capitale et les autres métropoles; elles sont souvent originaires d’ 牢saka où elles conservent leur maison mère. S’y ajoutent de puissantes chaînes de supermarchés (Seifu, It 拏y 拏kad 拏...) qui les relaient partiellement dans la grande banlieue. Cette fonction commerciale se localise d’une part dans le centre (Ginza-Nihonbashi), de l’autre dans les centres périphériques (Asakusa, Ueno, Ikebukuro, Shinjuku, Shibuya) qui s’échelonnent (sauf le premier) sur la voie ferrée circulaire de Yamanote et comportent chacun plusieurs grands magasins, des banques, des boutiques de mode, des restaurants et une gamme infinie de lieux de plaisir.
Toujours à l’échelon régional, T 拏ky 拏 s’est doté, en 1941, d’un port qui lui est propre. Situé près de la mer comme toutes les grandes cités nippones, mais non sur la côte elle-même, il disposa d’abord du port de Yokohama, créé en 1853 au moment où le Japon s’ouvrit au reste du monde. Depuis 1941, au prix de dragages considérables et de vastes atterrissements établis sur la baie, s’y sont ajoutés les énormes installations de Kawasaki, Funabashi, Chiba, plus le port de T 拏ky 拏 proprement dit. En 1990, on compte 79 335 000 tonnes de produits qui ont transité par le port, essentiellement des denrées lourdes dont la ville a besoin. Un cinquième de ce trafic se fait avec l’étranger. Les principales centrales thermiques et l’énorme marché au poisson de Tsukiji se trouvent là ainsi que l’aéroport de Haneda, réservé aux relations intérieures depuis que celui de Narita, à 55 kilomètres à l’est, a été établi pour les lignes internationales.
La fonction industrielle de T 拏ky 拏 est plus récente encore que son port et date surtout des années cinquante, qui sont celles de la haute croissance de l’économie nippone. Cette fonction revêt deux aspects: d’une part les industries propres à la ville, de l’autre l’industrie lourde de la région manufacturière dont elle est le centre. T 拏ky 拏 compte 14 p. 100 des entreprises industrielles et 13 p. 100 des ouvriers (2 400 000) du pays. Les deux types d’usines de cette industrie métropolitaine sont l’entreprise ancienne, datant de l’avant-guerre, peu importante (moins de 300 ouvriers), aux constructions souvent vétustes et à la main-d’œuvre peu payée, localisée surtout dans les arrondissements du nord et de l’est, et l’entreprise de pointe, spécialisée dans l’appareillage électronique ou photographique, employant de 500 à 4 000 ouvriers et dotée de services de recherche et commerciaux très efficaces. Par ailleurs, T 拏ky 拏 est le cœur de la première région manufacturière lourde du pays et abrite le siège social des deux tiers des grandes entreprises, 牢saka le relayant partiellement dans cette fonction pour la moitié occidentale de l’archipel. Ce complexe industriel s’ordonne grosso modo en deux secteurs: Keihin, le plus ancien, entre la capitale et Yokohama, et Keiy 拏, tout récent, le long de la baie à l’est, l’un et l’autre mordant progressivement sur celle-ci au moyen d’atterrissements immenses couverts de centrales thermiques, d’installations sidérurgiques, pétrochimiques, de chantiers navals ou d’usines automobiles. Tankers et minéraliers accostent directement à leurs quais, et cet énorme trafic portuaire se répartit entre les organismes de Yokohama (15 p. 100 du commerce national), Kawasaki (4 p. 100), Chiba (6,5 p. 100) et T 拏ky 拏 (6,7 p. 100), totalisant plus de 260 millions de tonnes. Ce commerce est peu diversifié (importation de pétrole, charbon ou coke, et fer; exportation d’acier, de produits métallurgiques ou chimiques lourds), sauf pour Yokohama, qui constitue partiellement une métropole en elle-même, avec sa personnalité urbaine et son activité propre, et dont le trafic est plus équilibré.
T 拏ky 拏 exerce ainsi à l’échelon national un rôle de plus en plus net de direction économique, et sa position réelle ne se peut considérer qu’à l’échelle de l’archipel japonais dans son ensemble. Il n’est toutefois nullement comparable à celui de Paris ou de Londres, dans la mesure où les agglomérations d’ 牢saka-K 拏be-Ky 拏to (dont le poids est sans doute égal à la moitié du sien, du triple point de vue démographique, économique et du rayonnement) et, secondairement, de Nagoya lui enlèvent un pourcentage notable des échanges et des fonctions de transformation, de financement et de direction. T 拏ky 拏 demeure le siège des initiatives, le plus grand centre de communications du pays (ferroviaires, autoroutières et aériennes) et la tête de la Mégalopolis. L’ouverture du Shinkansen (voie ferrée express) du T 拏hoku vers le nord du pays, la création de complexes industriels lourds amorcée dans cette même région ne pourront que renforcer sa position centrale, déjà indiquée par sa situation, puisqu’il se trouve à la même distance (900 km) des foyers de peuplement les plus septentrional (Hokkaid 拏) et occidental (Ky sh ) de l’archipel.
La ville et la vie urbaine
Bien que plat dans son ensemble, le paysage urbain de T 拏ky 拏 recèle maintes collines, sauf dans les quartiers orientaux du centre, gagnés sur la baie depuis le XVIIe siècle. Il est fort déroutant pour l’étranger en raison de l’uniformité apparente de ses immenses quartiers de maisons individuelles aux toits de tuiles grises ou de zinc peint en bleu, vert ou rouge, de ses jardinets individuels (fort nombreux jusque près du centre), de ses rues (dénuées de nom), au milieu desquelles saillent quelques îlots de hauts immeubles dont le nouvel ensemble de Shinjuku aux gratte-ciel de 200 mètres, et la tour de T 拏ky 拏 qui domine l’horizon de ses 333 mètres. Très bombardée durant la dernière guerre, la ville ne garde que peu de monuments ou de quartiers vraiment anciens.
Le plan est assez structuré dans le centre, par une série d’axes nord-nord-est - sud-sud-ouest entre le palais impérial et la tour de T 拏ky 拏; ailleurs, il est plus confus. Peu de parcs (8 ares par 100 000 habitants); par contre, d’assez nombreux jardins, anciennes propriétés de temples bouddhiques, de sanctuaires shint 拏 ou de daimy 拏 . Un certain nombre de quartiers s’individualisent dans la partie orientale de la cité mais à l’ouest de la Sumida, la partie occidentale est une zone résidentielle, assez indéterminée, de petites maisons, dépourvue de commerces de détail, tandis que l’extrême nord-est, au-delà de la Sumida, est une zone de petites industries, d’ateliers, de résidences ouvrières. Le cœur de la ville comprend le palais impérial. Marunouchi (la «City» de T 拏ky 拏, avec ses immenses buildings impersonnels), la gare centrale (T 拏ky 拏 eki), deux quartiers commerçants: Nihonbashi et surtout Ginza (au croisement de Ginza Ch 拏-d 拏ri et de Harumi-d 拏ri), abritant grands magasins, centres d’exposition, théâtres, cinémas, particulièrement brillante et animée la nuit, enfin le quartier méridional aéré mais froid de Kasumigaseki (Diète, ministères). Au sud de cette zone centrale, Akasaka est un quartier de résidences aisées, ayant conservé encore un aspect quelque peu rural. Au contraire, au nord du palais impérial, Ochanomizu est le «quartier Latin» de T 拏ky 拏. À l’ouest, le long de la voie ferrée circulaire, s’égrennent les gares et les nouveaux centres commerçants, extrêmement vivants: Shibuya, Shinjuku et Ikebukuro. Enfin, à l’est, s’étendent la zone portuaire, puis le quartier de la gare d’Ueno, un peu vieillotte, qui dessert le nord du Japon, et Asakusa, autour de son temple, quartier populaire très animé, avec une foule de petits commerces.
La population de T 拏ky 拏 est relativement jeune: la pyramide des âges accuse encore 19 p. 100 de moins de 15 ans contre 7,5 p. 100 de plus de 65 ans, la tranche la plus nombreuse étant celle de 20 à 29 ans, née après la guerre et durant le début de la haute croissance ou immigrée dans la capitale après les études scolaires. Le taux de natalité est légèrement inférieur au taux national tandis que celui de mortalité accuse une nette supériorité, en raison de l’importance des maladies cardio-vasculaires et des cancers entraînés par la pollution industrielle. L’espérance de vie de l’habitant de T 拏ky 拏 est toutefois plus longue (d’un an environ pour les deux sexes) que celle du Japonais moyen. Tandis que la population vieillit, comme celle du pays, dans son ensemble, elle demeure nettement plus jeune dans les faubourgs où habitent une majorité de jeunes ménages. T 拏ky 拏 s’est entouré, depuis 1950 surtout, d’une constellation de cités-dortoirs, certaines à 50 kilomètres du centre, grands ensembles d’immeubles à appartements ou de maisons individuelles pour lesquelles le citadin nippon conserve encore une faveur certaine, si éloignées qu’elles doivent être de son lieu de travail.
Cette énorme population est animée de mouvements pendulaires (au total près de 3 millions de personnes par jour) culminant dans le quartier d’affaires de Marunouchi, dont la population nocturne n’est que de 35 000 personnes. 10 p. 100 des habitants de cités situées à 70 kilomètres de là viennent encore tous les matins travailler dans le centre (de 2 000 à 3 000 d’Utsunomiya ou Takasaki, à 100 kilomètres, soit la distance d’Orléans à Paris). 45 p. 100 de ces migrants s’y présentent entre 8 et 9 h; mais le retour du soir est bien plus étalé, en raison de l’habitude nationale de travailler tard et de ne rentrer chez soi qu’après maints arrêts dans les magasins et les cafés. Ces déplacements se font surtout par les transports en commun, notamment les chemins de fer (de l’État ainsi que plusieurs lignes privées) et le métro. Le réseau ferré s’articule sur une ligne de ceinture (de 36 km de développement, soit le périphérique parisien) qui englobe le centre et où s’embranchent une vingtaine de lignes radiales. Parmi celles-ci, dix lignes de métro continuent à l’intérieur de la ceinture et convergent remarquablement vers le centre de Ginza-Nihonbashi (trois lignes municipales et sept à la Teito Rapid Transit Authority). Ces moyens de transport sont rapides et, pour le métro surtout, assez modernes, quoique très insuffisants aux heures de pointe du matin et du soir, durant lesquelles les travailleurs de T 拏ky 拏 voyagent avec résignation dans des conditions d’inconfort inconnues en toute autre capitale. Les transports de surface les relaient notablement (taxis, autobus, les tramways ayant été supprimés dans les années soixante), et le nombre de voitures privées (3 millions environ) dépasse la capacité des rues, qui ne couvrent que 14 p. 100 de la superficie urbaine (contre 24 p. 100 à Paris, 35 p. 100 à New York). Un réseau d’autoroutes suspendues a été établi dès 1960, mais se trouve lui-même souvent engorgé. Un chemin de fer monorail unit la ligne de ceinture à l’aéroport de Haneda et un train éclair à rail conducteur est à l’étude pour celui de Narita, exceptionnellement éloigné du centre. Cette difficulté des communications et le poids des autres nuisances font de T 拏ky 拏, malgré ses nombreux jardins privés et la faible hauteur de ses constructions, le charme de maintes ruelles et des canaux de sa ville basse, l’une des métropoles les plus éprouvantes qui soient au monde pour la santé de ses habitants.
La circulation automobile aggrave la pollution atmosphérique, car T 拏ky 拏 est au cœur d’une zone d’industries lourdes, très polluantes. En outre, contrairement à une opinion trop répandue, le nombre des jours anticycloniques est assez élevé: en ces jours de beau temps et d’air descendant, les fumées ne peuvent s’élever et il se forme une couche sale, le «smog»; il n’y a pas moins de 60 jours de smog par an, où l’air devient difficilement respirable à cause de sa teneur en acide sulfurique. La pollution de l’air n’est cependant qu’une des nuisances dont souffrent les habitants; il faut y ajouter le bruit, les vibrations, sans oublier le manque d’eau, particulièrement inquiétant: il n’est plus possible en effet de pomper la nappe phréatique, déjà trop utilisée, sous peine d’affaissement du terrain; les rivières proches ne peuvent plus rien donner et il a fallu capter l’eau de la Tonegawa.
Enfin, le problème le plus grave est sans doute celui du logement, qui s’accompagne d’une spéculation foncière effrénée. On estime qu’il manque à T 拏ky 拏 450 000 logements. Cela s’explique par l’immigration, très forte jusqu’aux dernières années, par la multiplication des bureaux dans le centre et aussi par l’éclatement, en ville, de la «famille étendue»: rompant avec la tradition, les jeunes ménages ne veulent plus habiter chez les parents du mari. Les prix du terrain ayant décuplé en cinq ans, la spéculation s’est déchaînée, surtout dans les quartiers du centre, mais aussi dans les régions en voie d’urbanisation de l’agglomération.
Tôkyô ou Tokyo
(Edo jusqu'en 1868) cap. du Japon (centre de Honshû), au fond de la baie de Tôkyô; 8 386 030 hab.; agglomération urbaine 11 904 370 hab. La ville concentre toutes les fonctions. Le nom de l'ensemble portuaire, Keihin, s'applique également à la conurbation.
— Archevêché. Universités. Musée national. Complexe sportif destiné aux J.O. de 1964.
— Mentionnée au XIIe s., la ville doit sa fortune aux daimyôs de la prov. d'Edo, qui en 1601 prirent au Japon le pouvoir, s'attribuant le titre de shôguns. Ils aménagèrent, au prix de travaux considérables, un site médiocre (plaine marécageuse), dans une zone de séismes. Kyôto demeurait la cap. impériale. Quand l'autorité des shôguns fut abolie (1868), l'empereur fit d'Edo, rebaptisé Tôkyô, la cap. du pays; son développement considérable correspondit à celui du Japon. Détruite par des tremblements de terre (le plus récent en 1923), la ville fut endommagée par les bombardements américains (1942-1945).
Encyclopédie Universelle. 2012.