URAEUS
URAEUS
Ce mot, en toute rigueur du genre masculin, mais souvent employé au féminin, car il désigne un cobra femelle, est un terme d’érudits, emprunté, pendant la Renaissance, au commentateur hellénistique Horapollon; on peut douter que la forme grecque (ouraios ) ait été dérivée elle-même d’un terme égyptien. Le mot uraeus désigne l’image d’un cobra en fureur, qui dresse sa gorge dilatée, et, tel une flamme, remplit des fonctions de protection. On trouve l’uraeus au-devant des couronnes, protégeant le front du pharaon; en longues frises, les uraeus écartent des monuments ennemis et dangers. L’uraeus est l’œil de Rê; c’est l’apparition d’une déesse redoutable, dont on s’efforce d’orienter les aspects terrifiants vers des tâches bénéfiques. À la couronne des reines, le cobra peut être associé à un vautour; le symbolisme prend alors un aspect géographique, car il signifie l’union de la Haute-Égypte, représentée par le vautour Nekhbet, et de la Basse-Égypte, représentée par le cobra Ouadjet. L’uraeus est figuré double tant pour le dieu thébain Montou que pour les pharaons de la XXVe dynastie, dite «éthiopienne».
● uraeus nom masculin invariable (latin moderne uraeus, du grec ouraios, qui concerne la queue) Serpent naja femelle qui figure dressé au front de la couronne du pharaon et de certaines divinités égyptiennes. (Il symbolise l'œil de Rê brûlant de fureur.)
uraeus
n. m. ARCHEOL Figure du serpent naja, protecteur des pharaons, qui la portaient sur leur couronne.
⇒URAEUS, subst. masc.
ANTIQ. ÉGYPTIENNE. Figure de cobra à la queue lovée, à la tête dressée, qui ornait au sommet du front la coiffure des pharaons, des divinités, ou les temples, les bijoux, etc.; symbole royal et divin. Autour du petit front (...), l'uraeus d'or s'enroulait, aux yeux d'émeraude, dardant au-dessus de la tête de la jeune femme sa double langue de rubis (BENOIT, Atlant., 1919, p. 179). L'une [des plaques pectorales] de Sésostris II (...) montre (...) le cartouche du roi (...). De chaque côté, le faucon coiffé de la double couronne (...). Derrière la nuque de chaque faucon, un uraeus (= serpent sacré, de la famille des cobras), lové autour du disque solaire, porte au cou la croix ansée (C. DESROCHES-NOBLECOURT, L'Art égyptien, 1962, p. 97).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1529 ureus (G. TORY, Champfleury, f° LXXIII v° [citant Horapollon]: celluy Serpent est dict et apelle des dicts Egyptiens Vreus. C'est a dire, Basilisc), attest. isolée; 1822 uréus (J.-F. CHAMPOLLION, Lettre à Dacier ds Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, Paris, 1828, p. 69: [cartouche] soutenu par deux uréus ou aspics royaux); 1858 uraeus (GAUTIER, Rom. momie, p. 282). Forme latinisée du gr. , donné par Horapollon comme le nom égyptien du cobra (HORAPOLLON, Hieroglyphica, éd. C. Leemans, Amsterdam, 1835, I, 1, p. 2: [...] , ; v. aussi LIDDELL-SCOTT et NED). Deux hyp. ont été proposées, concernant l'orig. égyptienne du gr. , la deuxième ayant la préférence des spécialistes (renseignements communiqués par P. Swiggers): — soit .t, part. actif fém. signifiant propr. « celle qui se dresse, qui s'érige » (ERMAN ds Z. für ägyptische Sprache 46, 1909, 99-103); — soit wrrj.t propr. « celle qui devient grande, qui croît », part. actif fém. de wrr « devenir grand » (le part. s'appliquant au serpent), d'apr. J. OSING, Die Nominalbildung des Ägyptischen, Mainz, 1976, p. 196, qui propose la reconstruction suiv.: wrér - j/wt. Fréq. abs. littér.:11.
Encyclopédie Universelle. 2012.