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VALLADOLID
VALLADOLID

VALLADOLID

Au confluent du Pisuerga et de l’Esgueva, le site de Valladolid n’a rien de pittoresque, mais il s’est révélé propice au développement d’une grande ville: au cœur de la région de Castille-Léon, à l’endroit où les principaux affluents du Douro convergent vers le grand fleuve, dans une région fertile et à proximité immédiate de la tierra de Campos, la Beauce de la Péninsule.

Valladolid a grandi, à partir de la Reconquête, avec la renaissance du commerce. Elle s’est installée sur un grand axe économique du Moyen Âge, reliant les ports castillans de la côte cantabrique, Santander et Laredo, à Séville, par Medina del Campo, Ségovie, Madrid, Tolède et Cordoue. À proximité se situaient les grandes foires de Villalón, de Medina de Ríoseco et de Medina del Campo. Néanmoins, elle ne réussit pas à exploiter pleinement des conditions favorables. Sa propre foire demeura sans grande importance, faute d’être assortie de changes. Elle ne devint ni un grand centre commercial comme Burgos ni une ville industrielle comme Ségovie. Elle n’obtint un évêché qu’au XVIe siècle et son université n’était à la même époque que la troisième des universidades mayores , après celles de Salamanque et d’Alcalá de Henares. Son rôle principal fut, en définitive, celui d’une capitale politique et administrative. La cour y fit des séjours longs et répétés jusqu’à Philippe II. Le mariage des Rois Catholiques, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, y fut célébré. De nombreux et riches seigneurs, dont un certain nombre de grands d’Espagne, y eurent leur résidence. Le pouvoir judiciaire était installé à demeure avec le puissant tribunal de l’audience ou chancellerie. Cependant, au moment où la cour cessa d’être nomade, Valladolid ne sut pas la retenir. Après le choix de l’Escorial par Philippe II en 1561, Madrid allait devenir la capitale. Au début du règne de Philippe III, Valladolid crut possible d’acheter très cher le retour du roi. Elle fut victime d’un marché de dupes et tomba dans un piège tendu par le favori du roi, le duc de Lerme. En mars 1606, définitivement abandonnée par la cour, elle sombra dans une décadence dont elle ne s’est relevée qu’à l’époque contemporaine, avec le développement de l’industrie (montage d’automobiles, agroalimentaire, textiles). Le centre porte les cicatrices d’une histoire urbaine complexe, et les faubourgs s’étendent rapidement, alignant des casas molineras pauvres et des blocs collectifs. Elle comptait 331 340 habitants, selon les estimations de 1992.

Faute d’avoir disposé de bons matériaux de construction — longtemps on n’utilisa que la brique et le pisé —, Valladolid n’est pas une ville monumentale. Elle est médiocrement construite et seuls quelques monuments témoignent de sa grande histoire. L’ancien palais royal fut acheté et agrandi par Philippe III, au moment où le roi entretenait Valladolid dans l’illusion de sa faveur. Sa façade sévère s’associe à deux patios plateresques. Parmi les anciennes résidences seigneuriales, on citera l’immense palais des comtes de Benavente, qui, bien que construit vers 1510-1520, conserve encore l’aspect d’une forteresse. C’est au contraire le style de la Renaissance florentine, avec ses bossages et un patio à colonnes toscanes, qui caractérise le palais des marquis de Valverde. Il a malheureusement été transformé par des restaurations aux XVIIe et XVIIIe siècles. Une sévérité herrérienne, tempérée par quelques souvenirs de la Renaissance, donne enfin son caractère au palais de Fabio Nelli de Espinosa, construit, entre 1580 et 1594, pour un puissant financier d’origine siennoise.

Si elle avait pu être achevée, la cathédrale serait un des monuments majeurs de l’art religieux dans la péninsule Ibérique. Pour honorer la ville où il était né, Philippe II confia à Juan de Herrera le soin de concevoir une église qui aurait été le symbole de l’orthodoxie catholique victorieuse. Cependant, la mort de l’architecte en 1597, suivie de peu de celle du roi, obligea à renoncer au projet primitif, dont les travaux, poursuivis avec des moyens insuffisants et par des mains inexpertes, ne retinrent que peu de chose.

Une série d’églises ont été élevées par des disciples de Herrera. Les plus célèbres sont des églises de confréries: la Vera Cruz, construite entre 1585 et 1595 par Diego de Praves, et Las Angustias, œuvre de Juan de Nates. La façade principale de cette dernière (1595), avec ses deux corps de colonnes corinthiennes, est un excellent témoignage de l’art de la fin du XVIe siècle dans la Péninsule.

Valladolid possède deux anciens collèges dont l’architecture est particulièrement remarquable. Le premier, consacré à San Gregorio, était associé à San Pablo, le couvent dominicain voisin. Comme lui, il bénéficia du mécénat de Fray Alonso de Burgos, ancien prieur, devenu évêque de Palencia et confesseur de la reine Isabelle la Catholique. Les façades de San Pablo (1482-1496) et de San Gregorio, traitées comme de gigantesques retables, sont des exemples tout à fait caractéristiques du style Isabelle. Quant au merveilleux patio du collège, il offre un saisissant contraste entre la sobre élégance des arcs surbaissés du rez-de-chaussée et la somptueuse dentelle de pierre régnant à l’étage. L’autre collège, celui de Santa Cruz, avait été commencé en 1486, dans l’esprit gothique, pour le compte du cardinal de Mendoza, le fastueux archevêque de Tolède. Il fut achevé par l’architecte Lorenzo Vásquez dans le style des palais florentins du temps. Il est devenu le Musée national de la sculpture, qui abrite des œuvres des sculpteurs de l’école vallisolétaine: Alonso Berruguete, Juan de Juni et Gregorio Hernández.

Valladolid
ville d'Espagne (Castille-Léon); 333 680 hab.; ch.-l. de la communauté auton. du m. nom. Centre industriel.
Archevêché. Université. Nombr. égl., dont San Pablo (XVe s.) et la cath. (fin XVIe s.).

Encyclopédie Universelle. 2012.