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VITALISME
VITALISME

VITALISME

Dès ses origines, l’étude du vivant s’est développée à partir de conceptions de la vie différentes et parfois même opposées. D’une manière générale, on peut ranger sous la dénomination de vitalisme les théories biologiques qui tendent à distinguer nettement les processus vitaux des autres phénomènes physiques ou chimiques. En ce sens, le vitalisme a d’abord été une attitude par laquelle certains biologistes refusaient l’annexion de leurs recherches par les sciences de la nature. Le développement du vitalisme est, cependant, plus particulièrement le fait des savants de l’école de Montpellier au XVIIIe siècle, parmi lesquels figurent notamment Paul Joseph Barthez et Théophile de Bordeu. Barthez écrit dans ses Nouveaux Éléments de la science de l’homme (1778): «J’appelle principe vital de l’homme la cause qui produit tous les phénomènes de la vie dans le corps humain. Le nom de cette cause est assez indifférent et peut être pris à volonté. Si je préfère celui de principe vital, c’est qu’il présente une idée moins limitée que le nom d’impetum faciens (to énormôn ) que lui donnait Hippocrate, ou autres noms par lesquels on a désigné la cause des fonctions de la vie.» Le principe du vitalisme se trouve ainsi dans l’isolement des fonctions et des processus propres à la vie par rapport à tous les autres mécanismes physico-chimiques.

Mais, s’il peut se référer en toute justice à Aristote et à Hippocrate, le vitalisme fut aussi marqué par l’influence de penseurs aussi peu soucieux de précision expérimentale que Jan Baptist van Helmont et Paracelse: pour Van Helmont, qui refuse toute science expérimentale et les principes mécanistes qu’elle suppose, il existe une infinité de principes vitaux qui sont différents les uns des autres (forces, semences, ferments, archées) et ordonnés hiérarchiquement; à chaque être correspond un ou plusieurs principes, et les corps vivants sont ainsi gouvernés par une hiérarchie spécifique de principes. Le mécanisme est pour lui une hypothèse fausse et impie autant que dangereuse en ce qu’elle suppose que n’existerait pas de cause spécifique à un effet spécifique et qu’elle renvoie le réel à une indétermination fondamentale. On retrouve de semblables conceptions chez Bordeu et même chez Xavier Bichat, pour lequel il existe des propriétés vitales qui sont sans cesse variables dans leur intensité, leur énergie et leur développement et sont fondamentalement opposées aux propriétés physiques, lesquelles sont fixes et invariables, engendrant des phénomènes uniformes, et peuvent être soumises au calcul. Certes, Bichat a écarté l’hypothèse d’un principe unique, âme ou force vitale, qui informerait et dirigerait toutes les fonctions de la vie, mais il représente bien ce courant vitaliste en ce qu’il insère le vivant dans une nature physico-chimique par rapport aux lois de laquelle il constitue une exception permanente. Si le développement de la recherche expérimentale et des techniques de mesure et d’observation a réduit le vitalisme classique à une illusion de théorie scientifique, on doit reconnaître toutefois qu’en ses aspects les plus positifs le vitalisme reste une tendance naturelle de toute biologie qui tente de rendre compte de la spécificité des phénomènes biochimiques étudiés.

vitalisme [ vitalism ] n. m.
• 1775; de vital
Biol., philos. Doctrine d'après laquelle il existe en tout individu un « principe vital » distinct de l'âme pensante comme de la matière.
(Sens large) Doctrine suivant laquelle les phénomènes vitaux sont irréductibles aux phénomènes physicochimiques et manifestent l'existence d'une « force vitale » qui rend la matière vivante et organisée. animisme, organicisme (1o).

vitalisme nom masculin (de vital) Doctrine philosophique qui pose l'existence d'un principe vital distinct à la fois de l'âme et de l'organisme, et qui fait dépendre de lui toutes les actions organiques. (Elle est le fait de l'école de médecine de Montpellier au XVIIIe s. avec notamment Barthez et Bichat. Cette doctrine s'oppose au mécanisme de Descartes. Jacques Monod a montré que la persistance de ce courant de pensée, bien que sans fondement scientifique, était le reflet d'une analyse aux termes de laquelle le déterminisme a, en biologie, une définition et une place spécifique et fondamentale.)

vitalisme
n. m. PHILO, BIOL Théorie, surtout développée au XVIIIe s., selon laquelle la vie est une force sui generis, un principe autre que celui de l'âme et autre que celui des phénomènes physico-chimiques, et qui régit l'organisme d'un être vivant.

⇒VITALISME, subst. masc.
BIOL., PHILOS. Doctrine de l'école de Montpellier (développée au XVIIIe s. par Bordeu et Barthez) d'après laquelle il existe dans tout individu un principe vital gouvernant les phénomènes de la vie distinct de l'âme et de la matière; p. ext. (p. oppos. à mécanisme), doctrine selon laquelle les phénomènes de la vie sont irréductibles aux phénomènes physico-chimiques et manifestent une force vitale irréductible aux forces de la matière inerte (d'apr. LAL. 1968). Il doit y avoir au fond de toutes les explications physico-chimiques normales ou pathologiques, un phénomène vital spécial. C'est là le vrai vitalisme inductif qui doit servir de base à la physiologie et à la pathologie... C'est la force vitale médicatrice (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 283).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1775 « doctrine de l'École de Montpellier » (BARTHEZ, Nouveaux éléments de la science de l'homme d'apr. LAL. 1968); 1781, v. animisme. Dér. de vital; suff. -isme. Fréq. abs. littér.:56.

vitalisme [vitalism] n. m.
ÉTYM. 1775; de vital.
Biol., philos. Doctrine de l'école de Montpellier (Bordeu, Barthez, après 1750), d'après laquelle il existe en tout individu un « principe vital » distinct de l'âme pensante comme de la matière.(Sens large). Doctrine suivant laquelle les phénomènes vitaux sont irréductibles aux phénomènes physico-chimiques et manifestent l'existence d'une « force vitale » qui fait de la matière une matière vivante et organisée (s'oppose à mécanisme). Animisme, finalisme, organicisme.
DÉR. Vitaliste.
COMP. Néovitalisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.