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accapareur

accapareur, euse [ akaparɶr, øz ] n.
XVIIIe; de accaparer
1Personne qui accapare. monopolisateur; spéculateur.
2 Adj. Fig. Qui cherche à retenir (qqn). « Son insistance accapareuse » (Cl. Simon).

accapareur, accapareuse adjectif et nom Qui accapare, détient des biens de consommation dans une intention spéculative.

accapareur, euse
n.
d1./d Personne qui accapare.
d2./d (Réunion) Intermédiaire légal entre les producteurs locaux (pêcheurs, cultivateurs, etc.) et les détaillants.

ACCAPAREUR, EUSE, subst. masc. et adj.
I.— Correspond au sens I de accaparer. [L'obj. est implicite ou introd. par la prép. de] (Celui) qui veut, prend ou garde pour soi seul une quantité considérable de denrées, marchandises, valeurs :
1. J'ai dit que les autres causes des opérations désastreuses du monopole, étoient la liberté indéfinie et l'impunité. Quel moyen plus sûr d'encourager la cupidité et de la dégager de toute espèce de frein, que de poser en principe que la loi n'a pas même le droit de la surveiller, (...)? Tel est le degré de perfection auquel cette théorie a été portée, qu'il est presqu'établi que les accapareurs sont impeccables; que les monopoleurs sont les bienfaits de l'humanité; que, dans les querelles qui s'élèvent entre eux et le peuple, c'est le peuple qui a toujours tort.
M. ROBESPIERRE, Discours, Sur les subsistances, t. 9, 1792, p. 115.
2. Athènes, 17 mai. — Le gouvernement grec a publié aujourd'hui une loi qui prévoit les peines les plus sévères contre les accapareurs de denrées alimentaires.
L'Œuvre, 18 mai 1941.
3. On dit que les accapareurs retiennent la farine, et que Paris va manquer de pain...
G. BERNANOS, Dialogues des carmélites, 1948, 2e tabl., 6, p. 1591.
En partic. Avec insistance sur le but spéculatif. Synon. agioteur, spéculateur, exploiteur :
4. Jusqu'ici les vampires fiscaux avaient cherché à couvrir leurs concussions d'un simulacre de justice; mais il était réservé à l'agioteur insigne, à l'accapareur général, de fouler aux pieds, scrupules, pudeur, remords, pour dépouiller les citoyens et arracher aux infortunés leur dernière ressource...
MARAT, Les Pamphlets, Nouvelle dénonciation contre Necker, 1790, p. 192.
5. ... la vraie liberté, (...) repose sur le contentement respectif des parties; or comment l'acheteur dupé par le marchand peut-il être satisfait? Comment le public affamé par un accapareur de grains, comment cent fabriques entravées par un spéculateur qui fait enchérir les matières, peuvent-ils aimer cette fausse liberté qui sacrifie les masses à la cupidité d'un individu?
Ch. FOURIER, Le Nouveau monde industriel, 1830, p. 64.
6. — Ma mère, dit Gamelin en fronçant le sourcil, la disette dont nous souffrons est due aux accapareurs et aux agioteurs qui affament le peuple...
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 19.
II.— Correspond au sens II de accaparer. [L'obj. est implicite ou introd. par la prép. de] (Celui) qui veut, prend ou garde pour soi seul une chose qui de droit appartient aussi à autrui :
7. Ce ne sont pas seulement les drames que M. d'Argout confisque; il confisque aussi les bals, et n'était le mauvais temps, il confisquerait sans doute également les promenades. En vérité l'on se demande maintenant avec inquiétude où s'arrêtera l'avidité de ce ministre accapareur de nos plaisirs.
A. DE MUSSET, Revue des Deux Mondes, 31 déc. 1832, p. 99.
8. Les aristocrates de la pensée, les distributeurs de l'éloge et du blâme, les accapareurs des choses spirituelles, vous ont dit que vous n'aviez pas le droit de sentir et de jouir : — ce sont des pharisiens.
Ch. BAUDELAIRE, Salon de 1846, 1846, p. 98.
9. ... l'égoïsme accapareur du poète lui ôte [à Charlotte] jusqu'à son tourment...
A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 133.
Prononc. :[], fém. [-]. Enq. :/2, 2z, D/.
Étymol. ET HIST.
I.— Subst. 1. av. 1724 « celui qui accapare », fém., emploi fig. (DUFRESNY, sans réf., ds DESCH. 1845 : vous êtes une accapareuse de cœurs); 2. 1794 début mai « id. » sens propre (Décret du 23 floréal, an II, Rapport Cambon, p. 91 ds LITTRÉ : Ces accapareurs des emprunts viagers maîtrisaient le gouvernement).
II.— Adj. 1798, Ac.
Dér. de accaparer I et II; suff. -eur. Le sens propre est certainement attesté av. 1794.
STAT. — Fréq. abs. litt. :51.
BBG. — BOUILLET 1859. — Pol. 1868. — ST-EDME t. 1 1824 (s.v. accaparement).

accapareur, euse [akapaʀœʀ, øz] n. et adj.
ÉTYM. Av. 1724, n. f., emploi fig. (→ ci-dessous, 2.); de accaparer.
1 Personne qui accapare (2.) des marchandises, des denrées alimentaires ( Monopolisateur), et, spécialt, dans une intention de spéculation. Agioteur, spéculateur.
1 Vous avez porté des lois contre les accapareurs; ceux qui devroient faire respecter les lois accaparent; ainsi les consuls Papius et Poppeus, tous deux célibataires, firent des lois contre le célibat.
Saint-Just, Rapport à la Convention, 10 oct. 1793, in A. Liénard, Théorie politique, p. 236.
2 Adj. Qui accapare, cherche à obtenir pour soi seul (l'attention, les égards, les sentiments de qqn). || C'est un enfant accapareur, il veut qu'on s'occupe de lui sans cesse.
(En parlant des attitudes, du comportement) :
2 (…) j'aurais pu profiter de l'occasion pour (…) le planter là, lui, son insistance accapareuse (…) ses questions. Mais il m'avait déjà séduit, ou plutôt accroché, ou intrigué (…)
Claude Simon, le Vent, p. 106.
3 D'ailleurs, reprit-elle (…) en me désignant d'une main accapareuse, Monsieur était le camarade de mon fils (…)
Drieu la Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 14.

Encyclopédie Universelle. 2012.