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accroire

accroire [ akrwar ] v. tr. <conjug. : seult inf.>
• déb. XIIe; de à et croire : faire à croire
1Vx ou littér. FAIRE, LAISSER ACCROIRE qqch. : faire, laisser croire une chose fausse. Il veut nous faire accroire que...
2Loc. (avec en) En faire accroire : tromper. S'en laisser accroire : se laisser tromper. « Je ne redoute rien tant que de m'en laisser accroire » (A. Gide).

accroire verbe transitif (latin accredere, croire) Littéraire Faire accroire, faire croire ce qu'on sait ne pas être vrai, abuser de la crédulité de quelqu'un. S'en faire, s'en laisser accroire, se laisser abuser, tromper. ● accroire (expressions) verbe transitif (latin accredere, croire) Littéraire Faire accroire, faire croire ce qu'on sait ne pas être vrai, abuser de la crédulité de quelqu'un. S'en faire, s'en laisser accroire, se laisser abuser, tromper.

accroire
v. tr. (Usité seulement à l'inf.) En faire accroire à qqn, l'abuser, le tromper. N'essaie pas de m'en faire accroire!

⇒ACCROIRE, verbe.
[Usité seulement à l'inf., précédé d'une forme du verbe faire ou plus rarement du verbe laisser] Croire quelque chose qui n'est pas vrai en se laissant influencer à tort.
A.— Faire accroire. Faire croire à quelqu'un quelque chose que l'on sait n'être pas vrai; le tromper sciemment.
1. Faire accroire qqc. à qqn, faire accroire à qqn que :
1. Mais aussi quand une fois l'on s'est emparé de sa crédulité, rien n'est plus aisé que de lui faire accroire ce que l'on veut.
L.-N. BAUDRY DES LOZIÈRES, Voyages à la Louisiane, préf., 1802, p. 198.
2. On leur parle trop d'un bonheur possible et sanctionné par la société : on les trompe! On leur fait accroire qu'à force de soumission et de dévouement, elles obtiendront de leurs époux une réciprocité d'amour et de fidélité : on les abuse!
G. SAND, Lélia, 1839, p. 481.
3. Vous avez peut-être cru que j'étais simple et qu'on me ferait accroire qu'il y a des étoiles en plein midi?
CHAMPFLEURY, Le Bourgeois de Molinchart, 1855, p. 101.
4. Tas de farceurs, qui veulent se faire accroire et nous faire accroire qu'ils ont découvert la Méditerranée.
G. FLAUBERT, Correspondance, 1876, p. 359.
2. Faire accroire à qqn. Mentir à quelqu'un :
5. — Elle m'a tiré des couvertures. Elle m'a mis sur ses genoux, elle m'a embrassé la bouche.
— Et vous que faisiez-vous? Vous n'allez pas me faire accroire.
— Je l'embrassais.
— Vous touchiez sa chair, vous l'avez touchée... Ne mentez pas. Ne mentez pas!
P. ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, p. 223.
Rem. En emploi substantivé, le faire accroire :
6. Mais moi je suis Mara Vercors qui n'aime pas l'injustice et le faire accroire.
Mara qui dit la vérité et c'est cela qui met les gens en colère!
P. CLAUDEL, L'Annonce faite à Marie, 1re version, 1912, I, 2, p. 35.
3. En faire accroire
a) En faire accroire à qqn. Le tromper :
7. Edgar Poe, comme Fagus, voulait nous en faire accroire :il nous mystifiait en se mystifiant le premier.
H. BREMOND, La Poésie pure, 1926, p. 92.
b) S'en faire accroire
Se laisser tromper :
8. Aussi l'on a grogné contre celui-là, qui a l'air d'un bien brave homme : il ne s'en fait pas accroire :il vient m'acheter du tabac à fumer quand il lui en manque et qu'il est hors du château, car il en a sa provision.
H. DE BALZAC, Annette et le criminel, t. 3, 1824, p. 11.
Se tromper sur son propre compte, se faire illusion :
9. Je ne veux pas m'en faire accroire. Je me tiens, et ne me lâcherai pas avant que de me connaître.
J. RENARD, Journal, 1897, p. 377.
10. On est simple, simple en Lorraine. On craint si fort de surfaire, de s'en faire accroire, qu'on apprécie mal ce qu'on possède.
M. BARRÈS, L'Appel au soldat, 1900, p. 308.
Rem. Dans cette construction, le verbe est habituellement à la forme négative (ex. 8, 9) ou dans un cont. suggérant une idée négative (p. ex. celle de crainte, ex. 10).
B.— Rare. Laisser accroire (qqc. à qqn). Laisser croire à quelqu'un une chose que l'on sait n'être pas vraie; permettre sciemment qu'il soit trompé. (P. oppos. à faire accroire, l'accent n'est pas mis sur l'action de celui qui trompe, mais sur la défaillance de lucidité ou de volonté chez celui qui est trompé).
S'en laisser accroire :
11. L'appétit de savoir naît du doute. Cesse de croire et instruis-toi. L'on ne cherche jamais d'imposer qu'à défaut de preuves. Ne t'en laisse pas accroire. Ne te laisse pas imposer.
A. GIDE, Les Nouvelles Nourritures, 1935, p. 295.
Rem. Comme pour la construction s'en faire accroire, le cont. exprime une idée de négation. On dit plus fréquemment : (ne pas) s'en laisser conter.
Prononc. — 1. Forme phon. :[], j'accrois []. PASSY 1914 et DUB. transcrivent la 2e syllabe de ce mot avec [] post. Cf. croire. WARN. 1968 accepte les 2 prononc. Enq. : //. 2. Dér. et composés : cf. croire. 3. Hist. — FÉR. 1768 : ,,prononcez akrère ou a-kroare``; FÉR. Crit. t. 1 1787 précise : ,,le 1er (...) peut se dire en conversation; mais l'autre seul est bon dans le discours soutenu``. Cf. aussi rem. de LITTRÉ et croire.
Étymol. ET HIST. — 1. Début XIIe s. « prêter » intrans. (Psaultier d'Oxford, éd. Fr. Michel, CXI, 5 : Delitables huem chi ad merci e acreit [commodat] ordened ses paroles en jugement; kar en parmanableted ne sera commoüd). — 1606, NICOT; 2. début XIIe s. « emprunter » intrans. (Psaultier d'Oxford, XXXVI, 22 : Acrerrat [mutuabitur] li peccherre, e ne solderat; mais li justes at merci e dunrat; 3. a) 1155 faire acreire (qqc.) « faire croire qqc. (qui n'est pas vrai) à qqn » (WACE, Roman de Brut, 1393, éd. Arnold : A sa feme acreire faiseit Que secrefise as Deus rendeit); fin XIIe s. « id. » (S. BERNARD, Serm. fr. ms. p. 7 in Ste Pal. : Il me fist acroire menzonge); b) 1160-70 soi acroire sor (qqn) « faire confiance en (qqn) » (GUILL. DE ST PAIR, Roman du Mont St-Michel, éd. F. Michel, 2982 ds T.-L. : Molt par est fols cil qui s'acreit Plus sor autre que il ne deit); 1250-80 acroire, trans. « faire confiance à (qqn) » (B. DE CONDÉ, 134, 27 ds COHN, Bemerk zu T.L. ds Arch. St. n. Spr., CXL, 97 : S'ai tant acreu Sorquidier, K'en quidant m'a fait sorquidier); 2e moit. XIIIe s. acroire + inf. « croire (+ inf.) » (ADAM DE LA HALLE, Chansons, 52 ds MAYER, Lexique, s.v. :qui acroit tenir).
Du lat. accredere « ajouter foi à qqc. (en gén. qui n'est pas vrai) » dep. PLAUTE, Asin., 627 ds TLL, 336, 82, seul sens attesté en lat. class. jusqu'au Ier s.; même empl. en lat. médiév. 936-73 Diplomata Ottonis, I, 67 ds Mittellat. W. :ut hoc preceptum fidelibus nostris adcredebatur, d'où 3; fréq. confusions en ce sens 3 avec faire a croire (début XIIIe s. R. DE CLARI, Prise de Constantinople, éd. Hopf, 21 ds T.-L. s.v. acroire :et si li fist a croire que che ne fu se menchoingne non) la constr. faire a + inf. étant fréq. dep. XIIe (T.-L. s.v. faire, 1587-88) au sens de « faire + inf. », cf. constr. faire a + inf. au sens passif « être à + inf. » (1170-71, Cligès, éd. Micha, 24 : De la fu li contes estrez Qui tesmoingne l'estoire a voire : Por ce fet ele mialz a croire); il est diff. de préciser si 1 est empr. au lat. médiév. (1036-38, Gesta Trudonensium, II, 1, 9 ds Mittellat. W. :quaedam... dando, plurima... accredendo) ou s'il est un dér. préfixé de croire, de même sens dep. XIIe s.; en faveur de cette seconde hyp. : — d'une part date relativement tardive et rareté des attest. de lat. médiév., — d'autre part fait que 1 est rendu par commodat ds Vulg.; 2 issu de 1 (cf. lat. médiév. av. 1190, Epist. Frid. I, imp. 17, éd. Pez. Thes. anecd. VI, 1, p. 414 c ds Mittellat. W. :Quantumcumque pecuniae apud Venetos accredere potes, nobis ... accredi facias).
STAT. — Fréq. abs. litt. :102.
BBG. — BAR 1960. — BÉNAC 1956. — BONNAIRE 1835. — DEM. 1802. — DUPIN-LAB. 1846 (s.v. acréer). — GAUDIN (M.). Parasitisme. Vie Lang. 1969, n° 213, p. 700. — Gramm. t. 1 1789. — THOMAS 1956.

accroire [akʀwaʀ] v. tr. [CONJUG. seult à l'infinitif, précédé d'une forme des v. faire et, plus rarement, laisser.]
ÉTYM. Déb. XIIe; du lat. accredere « ajouter foi à qqch. »; faire accroire s'est confondu avec faire à croire.
Faire accroire, laisser accroire.
1 Vx ou littér. Faire accroire (qqch. à qqn), faire croire ce qui n'est pas vrai; tromper volontairement. || On ne lui fait pas accroire n'importe quoi.Faire accroire à qqn, lui mentir.
1 Quand on voudrait faire accroire une chose fausse (…)
Pascal, les Provinciales, 9.
2 Il nous a voulu faire accroire qu'il était dans la maison et que nous en étions dehors (…)
Molière, George Dandin, III, 12.
Laisser accroire qqch. à qqn, l'induire sciemment en erreur.
2 En faire accroire (à qqn), abuser de la crédulité (de qqn). Tromper (cf. Faire avaler, monter le coup, fam.).(Sujet n. de chose). Donner une impression fausse, tromper.
2.1 J'avais quitté le front depuis des mois ou des années. Dès 1916, j'avais su décrocher la blessure heureuse. Une blessure pas assez grave pour m'empêcher de vivre, assez grave pour en faire accroire — sournoise d'ailleurs et qui plus tard devait faire des siennes.
Drieu La Rochelle, la Comédie de Charleroi, p. 299.
3 S'en faire, s'en laisser accroire, se laisser tromper.
3 (…) et comme je ne redoute rien tant que de m'en laisser accroire (…)
Gide, Si le grain ne meurt, IX, p. 251.
Vx. S'en faire accroire, présumer trop de soi-même, s'attribuer un mérite qu'on n'a pas.
4 Un homme un peu content et qui s'en fait accroire,
Se voyant méprisé, rabat bien de sa gloire.
Corneille, la Suite du Menteur, v. 1201.
5 Elle s'en fait accroire et prend des airs trop hauts.
Boursault, les Mots à la mode, 1.

Encyclopédie Universelle. 2012.