BERG
BERG
En allemand, le mot Berg signifie tout à la fois la montagne et la mine, et l’association n’est pas fortuite. Il s’agit moins de la haute montagne, où l’on reconnaît plutôt des massifs (Gebirge ) et des crêtes qui s’attirent les noms de Spitze , Stein , Kopf , que de la moyenne montagne, tel le massif volcanique du Vogelsberg, les plateaux fortement disséqués, comme les Keuperberge du bassin de Souabe-Franconie, ou les pays de relief confus, haché, tel le Bergland hessois. À l’intérieur des grands massifs hercyniens qualifiés de Gebirge (Erzgebirge: les monts Métallifères) ou de Wald en raison de leur épais manteau forestier (Schwarzwald: la Forêt-Noire), le berg désigne les points les plus élevés. Ces massifs hercyniens boisés, constitués de masses cristallines et métamorphiques fortement minéralisées, devaient attirer une colonisation minière, comme dans le Harz ou les monts Métallifères aux XIVe et XVe siècles. De montagnard, le Bergmann devait devenir essentiellement mineur. La médiocrité des conditions agricoles, en raison du climat froid et humide, de l’acidité et du lessivage des sols, avait pour contrepartie la richesse des ressources industrielles: les minerais, le bois pour les forges, le sable et l’argile pour les verreries et les ateliers de céramique, la force des eaux courantes pour l’entraînement des martinets et des métiers, à quoi s’ajoutaient encore la rigueur et la longueur de l’hiver, véritable invitation au travail. Il y eut là tout un complexe favorable à une industrialisation précoce, propre à faire de ces massifs hercyniens les ateliers de l’Europe. Les plus remarquables exemples en sont la Saxe, la Forêt-Noire, le Bergisches Land ou pays de Berg.
Le pays de Berg mérite précisément d’être évoqué. Partie intégrante du Massif schisteux rhénan, situé sur la rive droite du Rhin au nord du West-Westerwald, entre la vallée de la Sieg et celle de la Ruhr, il constitue la moitié occidentale, directement drainée vers le Rhin, notamment par le Wupper, d’un ensemble plus vaste dont l’autre moitié, drainée par la Ruhr et son affluent la Lenne, prend le nom de Sauerland. Si celui-ci est westphalien, le pays de Berg est incontestablement rhénan. Le duché de Berg passa, tout comme celui de Juliers sur la rive gauche du Rhin, à la dynastie des électeurs de Palatinat-Neuburg, qui firent de Düsseldorf leur résidence. Un mécène, Jan Wellem, fit beaucoup pour le renom en Europe de sa ville et de son duché. Après la Révolution française, Napoléon devait constituer un éphémère grand-duché de Berg. Le duché devait en 1815 revenir à la Prusse qui disposait déjà du comté de la Mark dans le Sauerland voisin. Le pays de Berg connaissait depuis le Moyen Âge une très grande activité métallurgique, produisait les armures d’Iserlohn et les lames de Solingen, y ajoutait une industrie du lin. À partir du XVIIIe siècle, une puissante industrie cotonnière se concentra à Barmen et à Elberfeld, villes réunies en 1931 en Wuppertal. La production des métaux s’était déplacée vers la Ruhr, mais non la métallurgie de transformation qui est restée très active, à Solingen, à Remscheid et dans l’ensemble du pays de Berg. Celui-ci ne peut manquer d’étonner, qui retient dans un cadre difficile, celui d’un massif hercynien aux vallées encaissées, aux routes sinueuses et difficiles, surtout en hiver, une population nombreuse et industrieuse. On compte là deux millions et demi d’habitants, soit près de 500 habitants au kilomètre carré, et le pays a été une pépinière d’industriels, de négociants et d’ouvriers qualifiés pour la Ruhr et pour les grands centres de Düsseldorf et de Cologne. À tous égards, le pays de Berg est partie intégrante de la condensation régionale Rhin-Ruhr.
Berg
Encyclopédie Universelle. 2012.