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aiguillonner

aiguillonner [ egɥijɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
XII e aguillonner; de aiguillon
1Piquer, exciter (un bœuf) avec l'aiguillon.
2Fig. Animer, stimuler. « Le désir physique, cette belle fatalité qui aiguillonne le monde » (Michelet).
⊗ CONTR. Calmer, refréner.

aiguillonner verbe transitif Piquer les bœufs avec l'aiguillon. Stimuler quelqu'un, l'inciter à l'action, en parlant d'un besoin, d'une pensée, etc. : La soif du pouvoir l'aiguillonnait.aiguillonner (synonymes) verbe transitif Piquer les bœufs avec l' aiguillon.
Synonymes :
- éperonner
- fouetter
- stimuler
Stimuler quelqu'un, l'inciter à l'action, en parlant d'un besoin, d'une...
Synonymes :
- aiguiser
- allumer
- attiser
- enflammer
- piquer
Contraires :
- apaiser
- calmer
- freiner
- modérer
- tempérer

aiguillonner
v. tr.
d1./d Piquer (un boeuf) avec l'aiguillon.
d2./d Fig. Stimuler. Aiguillonner un enfant pour le faire travailler.

⇒AIGUILLONNER, verbe trans.
A.— Rare. [L'obj. désigne une bête, en partic. des bovins] ,,Piquer une bête de trait ou de somme avec un aiguillon, pour la forcer à avancer. Aiguillonner des bœufs.`` (Ac. t. 1 1932) :
1. ... ils arrêtèrent la voiture et voulurent à toute force monter dessus pour rattraper Fernand, qu'ils croyaient être en avant. Mais le conducteur refusa formellement; et le postillon aiguillonnant ses chevaux de la voix, du fouet et de l'éperon, eut bientôt laissé derrière cette troupe irritée.
F. SOULIÉ, Les Mémoires du diable, t. 2, 1837, p. 102.
2. Les mulets, que l'on aiguillonnait avec la pointe des glaives, pliaient l'échine sous le fardeau des tentes; ...
G. FLAUBERT, Salammbô, t. 1, 1863, p. 25.
P. anal. :
3. Il était tout occupé d'aiguillonner ses cloches, qui sautaient toutes les six à qui mieux mieux et secouaient leurs croupes luisantes comme un bruyant attelage de mules espagnoles piqué ça et là par les apostrophes du sagal.
V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 302.
B.— Au fig., plus us. que le sens propre. [L'obj. désigne une pers. ou une faculté hum.] Stimuler, inciter à quelque chose. Aiguillonner la curiosité, l'imagination :
4. Les saveurs sont aussi nombreuses que les odeurs, quoique celles-ci puissent se diviser en deux classes, dont les unes, comme les parfums des fleurs, n'affectent agréablement que le cerveau, et les autres, qu'on peut appeler comestibles, aiguillonnent le goût.
J.-H. BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 97.
5. Au XVIIIe siècle on ne va plus si loin, mais on croit encore que le paysan ne travaillerait point s'il n'était constamment aiguillonné par la nécessité : la misère y paraît la seule garantie contre la paresse.
A. DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution, 1856, p. 215.
6. ... aiguillonnée par l'ennui, par l'exaltation croissante des idées, par l'impatience de sentir et d'agir, elle avait résolu de commencer enfin la vie de sentiment et d'action.
E.-M. DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 323.
Rem. 1. Le verbe stimuler, plus abstr. que aiguillonner, tend à prévaloir en ce sens à l'époque mod. 2. Ce verbe s'emploie également sous la forme pronom. s'aiguillonner « être excité; s'exciter, s'encourager » (cf. BESCH. 1845, Nouv. Lar. ill.).
Prononc. :[] ou [-], j'aiguillonne [] ou [-]. WARN. 1968 signale pour la 1re syllabe de ce, mot, une prononc. avec [e] fermé dans le lang. cour., avec [] ouvert dans le lang. soutenu (cf. aussi FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 66). Pour l'hist. de la prononc., cf. aiguille. — Rem. FÉR. 1768 transcrit : éghi-glio-né; FÉR. Crit. t. 1 1787 rectifie : ,,Egu-glio-né et non pas éghi-glio-né, comme on le dit dans le Dict. gramm.`` Enq. : /2n/. Conjug. parler.
Étymol. ET HIST. — 1. 1160 fig. « piquer comme avec un aiguillon » (BENOIT DE STE MAURE, Ducs de Norm., éd. Fahlin, v. 11113-16 : N'atent ne mais sol tens e lieu De tolir a chascun son fieu, Sovent en est aguillonnez E de plusors amonestez); ca 1210 id. « exciter, inciter (moralement) » (GUIOT, Bible, 1290 ds GDF. Compl. :Cil governent tot a lor guise; Bien les aguillonne et atise; Trop sont tirant, Dex me confonde); 2. 1551 « exciter un animal avec un aiguillon » (COTTEREAU, Columelle, II, 2, ibid. Aiguillonner le jeune bouveau).
Dér. de aiguillon; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. litt. :101.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BAR 1960. — BAUDR. Chasses 1834. — BÉL. 1957. — BÉNAC 1956. — CAPUT 1969. — DUP. 1961. — GUIZOT 1864. — LAF. 1878. — NOTER-LÉC. 1912. — NYSTEN 1814-20. — REMIG. 1963. — SARDOU 1877. — SÉGUY 1967. — SOMMER 1882.

aiguillonner [egɥijɔne] v. tr.
ÉTYM. 1160, au fig., le sens 1. n'est attesté qu'au XVIe; de aiguillon.
1 (1551). Piquer avec l'aiguillon (1.). || Aiguillonner les bœufs.Par ext. :
0.1 Les mulets, que l'on aiguillonnait avec la pointe des glaives (…)
Flaubert, Salammbô, t. I, p. 25, in T. L. F.
2 Fig., cour. Animer, stimuler, aviver (un désir, une passion…). || Aiguillonner l'appétit de qqn. Aiguiser.(Compl. n. de personne). || Aiguillonner qqn pour le faire agir. Encourager, éperonner, exciter, inciter, piquer (au vif), pousser (à), presser, provoquer, tourmenter.
1 Les deux propos, libres sans indécence,
Aiguillonnaient leur vive impatience.
Voltaire, in Lafaye, Dict. des synonymes, Exciter… aiguillonner…
2 (Une ardente faim) l'aiguillonne (…)
André Chénier, Mendiant, in Littré.
3 (…) le désir physique, cette belle fatalité qui aiguillonne le monde et centuple ses énergies (…)
Michelet, la Femme, p. 10.
4 (…) l'amour-propre de la Nation qu'ils s'appliquent à aiguillonner.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. III, p. 126.
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s'aiguillonner v. pron.
S'exciter, s'encourager (réfl. ou réciproque).
5 (…) ils mettent en commun leurs inventions et leurs recherches; ils s'aiguillonnent les uns les autres; par les lectures, le théâtre et les conversations de toute espèce (…)
Taine, Philosophie de l'art, II, IV.
6 Quand nous sommes ensemble, nous nous moquons toujours de quelqu'un (…) Nos aimables natures s'aiguillonnent l'une par l'autre (…)
Barbey d'Aurevilly, Premier mémorandum, p. 177.
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aiguillonné, ée p. p. adj.
1 Vx. Pourvu d'aiguillons. || Insecte aiguillonné. || Plante aiguillonnée.
2 Fig. Avivé, stimulé. || Un courage aiguillonné.
CONTR. Calmer, freiner, refréner.
DÉR. Aiguillonnement.

Encyclopédie Universelle. 2012.