alléluia [ a(l)leluja ] n. m.
• XIIe; lat. ecclés., de l'hébr. « louez Yahweh »
1 ♦ Cri de louange et d'allégresse fréquent dans les psaumes, adopté par l'Église dans sa liturgie, surtout au temps pascal.
♢ Pièce musicale ornée de vocalises, chantée avant l'évangile au cours de la messe. Des alléluias.
♢ Poét. Chant de joie.
2 ♦ Plante dicotylédone (oxalydées) qui fleurit vers Pâques. ⇒ oxalide.
● alléluia nom masculin (latin alleluia, de l'hébreux halleloujah, louez Yahvé) Acclamation de la liturgie juive qui marque l'allégresse et qui est passée dans la liturgie chrétienne. Pièce liturgique placée, dans la messe, après le graduel et avant l'évangile. Littéraire. Exclamation de joie. Nom usuel de l'oxalide.
alléluia
n. m. RELIG CHRET Mot exprimant l'allégresse des fidèles, ajouté par l'église à des prières ou à des psaumes.
⇒ALLÉLUIA, interj. et subst. masc.
A.— RELIG. Cri, chant d'allégresse particulièrement fréquent dans la liturgie pascale. Chanter l'Alléluia, chanter des Alléluias (Ac. 1878-1932) :
• 1. Cette fête était celle du 25 de mars ou du 8 avant les calendes d'avril, c'est-à-dire, qu'elle tombait le même jour où l'on célébrait originairement la Pâque et le triomphe de Christ, et où l'on chante alleluia, véritable chant de joie des Hilaries...
Ch.-F. DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, p. 349.
• 2. Après avoir pleuré la mort du Rédempteur du monde avec les montagnes de Sion, après avoir rappelé les ténèbres qui couvrirent la terre, les cloches se raniment, les saints se dévoilent, le cri de la joie, l'antique alleluia des Abraham et des Jacob, fait retentir le dôme des églises.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 45.
B.— P. ext. Expression verbale de joie :
• 3. Je suis arrivé hier à Paris avec mon manuscrit complet. Mon livre est enfin terminé, terminé définitivement; alleluia! Je pense que je commencerai l'impression dans la première semaine du mois prochain.
A. DE TOCQUEVILLE, Correspondance avec Henry Reeve, 1839, p. 47.
— Locutions.
1. Alléluia + subst. : alléluia d'automne, de carême d'Othon. Expression d'une joie inconvenante. (Attesté, ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et GUÉRIN 1892).
2. Subst. + alléluia : style d'alléluia. Style exprimant la réjouissance, la louange. (Attesté ds BESCH. 1845, Lar. 19e, GUÉRIN 1892).
3. Verbe + alléluia : entonner, faire l'alléluia d'une chose, d'une personne. En faire un éloge outrancier :
• 4. Mon petit Daudet est trop enfant gâté. Toute la presse entonne un alleluia à l'endroit de Sapho...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, mai 1884, p. 351.
C.— Au fig., rare, littér. Manifestation de gaîté exubérante :
• 5. Le soleil pleut sur les maisonnettes qui enlèvent le rouge de leurs toits dans le vert fouillis des arbres; il y a là une terre grasse que le printemps travaille, une solide terre où poussent furieusement les plantes; c'est un alléluia de nature qui ressuscite, et dont la sève bout...
J.-K. HUYSMANS, L'Art moderne, 1883, pp. 257-258.
D.— Emplois techn.
1. BOT. Petite plante (famille des Oxalidacées) de goût acide, fournissant le sel d'oseille et fleurissant vers Pâques dans les bois humides. Dite aussi oseille-de-bois, pain-coucou, surelle :
• 6. Les derniers chars de foin, tout barbus, rentrent aux granges. Fétuque, alleluia, trèfle rose fleuri comme un bouton de sein...
P. MORAND, Le Flagellant de Séville, 1951, p. 106.
2. GASTR. ,,Gâteaux que l'on confectionne à Pâques.`` (Ac. Gastr. 1962).
Rem. Sur ce mot est formé alléluiatique appliqué à un verset qui proclame la joie de la résurrection du Christ :
• 7. Le chef-d'œuvre de l'art ecclésial, c'est peut-être le Pontifical des Vierges. L'on est pris, dès le début, aux moelles; alors qu'après le verset alleluiatique de la messe, l'évêque ou l'abbé qui officie, s'assied...
J.-K. HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, pp. 26-27.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[al(l)eluja] (cf. Pt ROB.). Pt Lar. 1968 transcrit : ; WARN. 1968 : al-le--ja et -ly-ja (cf. aussi PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930 et Harrap's 1963, qui cependant donnent également la possibilité d'une prononc. avec [l] non géminé); Ac. t. 1 1932 : ,,On prononce alléluiya.`` — Rem. FÉR. 1768, LAND. 1834, GATTEL 1841, BESCH. 1845, POIT. 1860 transcrivent -lu- (= [ly-ja]); NOD. 1844, LITTRÉ et DG : -lui-ia ou -lui-ya (= [lyi-ja]). Cf. aussi Ac. 1878. 2. Homon. et homogr. : alléluia (terme de bot.). 3. Dér. et composés : alléluiatique. 4. Forme graph. — FÉR. 1768, Ac. 1798, Ac. 1835 écrivent la 2e syllabe sans accent aigu; LITTRÉ : ,,L'Académie devrait mettre un accent aigu sur la syllabe le, puisque c'est la règle moderne.`` Le mot est écrit régulièrement avec un accent aigu à partir d'Ac. 1878. — Rem. Comparer FÉR. 1768 : alleluya et FÉR. Crit. t. 1 1787 : alléluia.
Étymol. ET HIST.
I.— Alleluia, 1. 1119 alleluie « dimanche de la septuagésime » (Ph. DE THAON, Li Cumpoz, 3321, Mall. ds GDF. : C'est termes... Que la lune en sun curs N'a nient mais de dis jurs Alleluie encloant); ce sens disparaît vers 1282 (Hist. Monast. S. Mariae Suession. ds DU CANGE s.v. alleluia); 2. a) 1223 id. plus spéc. dans la liturg. « court verset suivant le graduel » (G. DE COINCY, Mir. de N.-D., ms. Brux. 9029, f° 210d, ibid. : Il n'est sequence n'auleluie); b) XVIIe s. fig. alleluia « louange » (Mme de Sévigné ds BESCH. 1845 : d'un style d'alleluia); 3. XVe s. alleluya « petite plante qui fleurit à Pâques » (Grant Herbier, n° 14 ds GDF. Compl. : Alleluya c'est ung herbe que l'on appelle pain a coqu).
II.— Alleluiatique, 1860 « (d'un verset liturgique) qui proclame la joie » (F. CLÉMENT, Hist. gén. de la mus. relig., p. 263 : On n'avoit pas encore introduit les Versets alleluiatiques).
I sens 2 a, empr. à l'hébr. halelou, 2e pers. de l'impér. plur. de hillel « louer » et iah forme apocopée de Iehovah (cf. M. DEVIC, Dict. étymol. de tous les mots d'orig. orientale, s.v. alleluia et LOK. 1927, p. 793) par l'intermédiaire du lat. alleluia « louez Dieu » (TERTULLIEN, Orat., 27 ds TLL s.v., 1672, 68 : diligentiores in orando subjungere in orationibus ,,alleluia`` solent); p. ext. sens 2 b; sens 1 « dernier jour où l'on chante l'alléluia av. le carême » (à partir de l'expr. alleluia clausum « alleluia clos » citée par DU CANGE s.v., d'où a. fr. alleluyes encloses et alleluyes encloans, cf. T.-L., s.v. alleluie); et sens 3 « plante qui fleurit au moment où l'église reprend ce chant ». II empr. au lat. chrét. alleluiaticus attesté au même sens par S. Augustin (In psalm., 105, 1 ds TLL s.v., 1673, 19 : et hoc asserunt, quod omnes alleluiatici psalmi habeant in fine alleluia).
STAT. — Fréq. abs. litt. :31.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — ALEX. 1768. — BACH.-DEZ. 1882. — Bible 1912. — BOISS.8. — BOUILLET 1859. — DHEILLY 1964. — DUF. t. 1 1965. — FÉR. 1768. — HANSE 1949. — LAV. Diffic. 1846. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — NYSTEN 1814-20. — PRÉV. 1755. — THOMAS 1956.
alléluia [a(l)leluja] n. m.
ÉTYM. XVIIe, fig.; alleluie, 1223; lat. ecclés., de l'hébreu « louez Yahweh ».
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1 Cri de louange et d'allégresse fréquent dans les psaumes, adopté par l'Église dans sa liturgie, surtout au temps pascal. || Entonner l'alléluia. || Chanter des alléluias.
1 Louez Dieu dans son sanctuaire (…) Que tout ce qui respire loue l'Éternel ! Louez l'Éternel ! (Alléluia).
Bible, Psaumes, CL, 1-6.
2 Un alléluia éternel (…) dont on entend retentir la céleste Jérusalem (…)
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, II, 19.
♦ Spécialt. Court verset précédé et suivi de ce mot, chanté avant l'évangile.
♦ Poét. Chant de joie, de louange.
3 La résurrection des antiques fut plus trouble qu'on ne l'a cru. Il y a du fantôme dans ces ressuscitées. On les admire. Elles vont effacer les formes gothiques, mais par ce qu'en feront les vivants, car l'immense alléluia de la Renaissance est poussé devant un peuple aveugle : les antiques n'ont ni âme ni regard.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 55.
2 (Fin XIVe). Régional. Oxalis ou oxalide (plante qui fleurit vers Pâques), appelée aussi pain de coucou, surelle, acétoselle…
Encyclopédie Universelle. 2012.