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antiphrase

antiphrase [ ɑ̃tifraz ] n. f.
• 1534; antifrasie XIVe; lat. gramm. antiphrasis, mot gr.
Manière d'employer un mot, une locution dans un sens contraire au sens véritable, par ironie ou euphémisme (ex. C'est du propre !).

antiphrase nom féminin (bas latin antiphrasis ; du grec antiphrasis) Manière de s'exprimer consistant à faire usage, par ironie ou euphémisme, d'un mot ou d'un groupe de mots signifiant le contraire de ce que l'on pense.

antiphrase
n. f. RHET Figure de style qui consiste à employer un mot, une phrase, dans un sens contraire à sa véritable signification. C'est par antiphrase que les Grecs donnaient aux Furies le nom d'Euménides ("Bienveillantes").

⇒ANTIPHRASE, subst. fém.
RHÉT. Figure par laquelle, par crainte, scrupule ou ironie, on emploie un mot, un nom propre, une phrase, une locution, avec l'intention d'exprimer le contraire de ce que l'on a dit :
1. On y comparait, entre autres choses, les furies avec les sorcières, et on disait que les furies s'appelaient Euménides, c'est-à-dire douces et bienfaisantes, ce qui prouvait, ajoutait-on, qu'elles n'étaient que médiocrement difformes, par conséquent à peine grotesques. Il nous étonnait que l'auteur pût ignorer que l'antiphrase est au nombre des tropes, bien que Sanctius ne veuille pas l'admettre.
MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836, p. 662.
Péjoratif :
2. Et ce ne sera pas ces constructeurs de phrases
Qui viendront nous donner notre baiser de paix.
Et ce ne sera pas ces faiseurs d'antiphrases
Qui viendront nous chercher sous des ombres épaisses.
Et ce ne sera pas leurs molles paraphrases
Qui viendront découper le genre et les espèces.
Et ce ne sera pas leurs sottes périphrases
Qui viendront nous chercher sous les ormes épais.
PÉGUY, Ève, 1913, p. 920.
Rem. En termes de rhét., l'antiphrase est le procédé classique de l'ironie (MORIER 1961 le donne même comme synon). On peut aussi rapprocher l'antiphrase de l'euphémisme qui s'exprime parfois par antiphrase.
Par antiphrase :
3. L'on a parfois appelé le XIXe siècle, siècle de la critique. Par antiphrase, sans doute : c'est le siècle où tout bon critique méconnaît les écrivains de son temps.
PAULHAN, Les Fleurs de Tarbes, 1941, p. 19.
PRONONC. :[]. DG transcrit la syllabe finale avec [a:] ant. long.
ÉTYMOL. ET HIST. — Début XIVe s. antifrasin rhét. « emploi d'un mot, d'une loc. dans un sens contraire au sens véritable » (Ovide mor., Comment. Copenhague, t. 5, p. 420 ds IGLF : Elles [les trois furies] estoient nommées par antifrasin parces, pour ce que a nullui n'espargnoient); 1546 antiphrase (RAB., Tiers liv., ch. 50 ds GDF. Compl. : Les aultres [plantes] ont leur nom par antiphrase et contrarieté).
Empr. au b. lat. des grammairiens antiphrasis acc. antiphrasin « id. » (CHARISIUS, Gramm. I, 276, 13 ds TLL s.v., 173, 15) lui-même empr. au gr. « désignation par le contraire », employé par les rhéteurs grecs (BAILLY).
STAT. — Fréq. abs. littér. :20.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BONNAIRE 1835. — BOUILLET 1859. — DAGN. 1965. — DEM. 1802. — Gramm. t. 1 1789. — MAR. Lex. 1933. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MORIER 1961. — NOTER-LÉC. 1912. — SPR. 1967. — SPRINGH. 1962. — TOURNEMILLE (J.). L'Antiphrase. Vie Lang. 1963, n° 137, pp. 404-405.

antiphrase [ɑ̃tifʀɑz] n. f.
ÉTYM. Déb. XIVe, antifrasin; du lat. gramm. antiphrasis, mot grec, de anti, et phrasis. → Phrase.
Rhét. Manière d'employer un mot, une locution dans un sens contraire au sens véritable, souvent par ironie ou par euphémisme. || L'antiphrase se dit d'une contre-vérité réduite à un seul mot, à une seule dénomination. || Antiphrase et dénégation.
1 Le nom de bœuf que le roitelet porte dans plusieurs provinces lui est donné par antiphrase à cause de son extrême petitesse.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Le roitelet.
2 Beaucoup de ces expressions (de la négation) sont ironiques : ce sont des antiphrases : Voire, voire ! Justement ! C'est tout à fait ça ! Tu parles; — La duchesse une amie !… Oui, joliment ! (A. Daudet, l'Immortel, 9).
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 501.
3 On peut dire que l'antiphrase constitue une véritable conversion qui transfigure le sens et la vocation des choses et des êtres tout en conservant l'inéluctable destin des choses et des êtres.
Gilbert Durand, les Structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 232-233.
DÉR. Antiphrastique.

Encyclopédie Universelle. 2012.